L’article de Julien Salingue, absolument remarquable, est le second article sérieux que je lis sur le drame israélo-palestinien en dix ans. Le premier était signé d’un professeur de physique dans Le Monde il y a quelques années de cela, un certain Jean-Marc Levy-Leblond. Je note qu’aucun des deux n’est journaliste professionnel. Cela signe à mon sens la faillite de notre grande presse, qui ne doit pas chercher ailleurs que dans son manque de professionnalisme les raisons de sa crise. Ce jugement sévère n’est pas politique, mais strictement journalistique : l’exposé des faits, des points de vue des différentes parties prenantes au conflit, permettant simplement au lecteur de comprendre de quoi il s’agit. Au plan politique, aucune solution à la coexistence des Israéliens et des Palestiniens sur ce territoire exigu et chargé de symboles n’émerge de l’intense activité diplomatique. Aucune perspective ne pointe à l’horizon, c’est à désespérer compte tenu de la durée du conflit. D’autant que personne ne gagne à ce que ce conflit s’éternise. Les Etats-Unis voient leur image se dégrader d’année en année, l’UE mise hors jeu sur ce conflit ne parvient pas à exister politiquement, les Israéliens deviennent d’autant plus brutaux qu’ils se rendent compte qu’il n’y a pas de solution durable à l’extension de leur souveraineté à l’ensemble de la Palestine et à Jerusalem, les Palestiniens résistent militairement pour certains, se suicident pour d’autres en tuant des innocents, et attendent en majorité, dans des conditions indignes, qu’une solution se fasse jour, et cela depuis 60 ans. Enfin des régimes arabes peu représentatifs de leurs peuples sont à terme menacés, sans compter les risques de guerre avec l’Iran. On perçoit intuitivement que c’est aussi notre avenir qui se joue là-bas, intuition qui ressortait d’un sondage réalisé dans l’UE, sondage que les autorités de l’UE ont curieusement cherché à masquer. Aussi longtemps que les Israéliens ne renonceront pas à leur projet de souveraineté étendue, aussi longtemps que des musulmans continueront de percevoir les Israéliens comme étrangers à la Palestine, il n’y aura pas de solution. Autant dire que l’on peut attendre encore longtemps, des religions millénaires soutenant ces points de vue opposés. A moins qu’un événement inattendu, heureux ou mégatonnique, ne vienne rompre cette attente. Faut-il le souhaiter ?