Le reste, les nobles motifs que sont le développement personnel, la fabrication de quelques Européens convaincus et la découverte des autres cultures, ne sont que les alibis culturels d’une mobilité souhaitée avant tout par les entreprises.
Je ne suis pas sûr que la mobilité des étudiants en arts décorartifs spécialistes de la peinture slovaque au 13e siècle soit ardemment souhaitée par "les entreprises"... Pourtant c’est typiquement le genre de mobilité soutenue par le programme Erasmus.
Il n’y avait de toute façon pas spécialement besoin de ce programme pour répondre à la demande des entreprises en terme de mobilité estudiantine, la plupart des écoles de commerce ou d’ingénieur ayant leurs propres programmes de mobilité. Erasmus n’a fait qu’élargir le spectre de cette mobilité en essayant d’orienter celle-ci vers l’Europe dans sa diversité plutôt que vers l’Angleterre ou les Etats-Unis (qui demeurent le plus grand pôle d’attraction pour les étudiants). La mobilité étudiante est un fait, qui faute d’efforts pour l’organiser de la part de la puissance publique (nationale ou européenne), prend la forme d’une fuite des cerveaux (les grandes universités américaines ayant d’excellents programmes de mobilité pour nos meilleurs étudiants).
Ce que vous nommez "l’obsession de la mobilité" de la part de l’UE donne des résultats, ne vous en déplaise. Prenez le programme Marie-Curie (le pendant d’Erasmus pour les doctorants) : il a permis un net réequilibrage de l’attractivité européenne pour les doctorants et post-docs et est un instrument très efficace pour l’intégration de la recherche européenne, qui est en passe d’être réalisée pour les sciences "dures". Et je parle bien de recherche publique.