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Commentaire de foufouille

sur Perquisition à Emmaüs-Marseille : Où est Martin Hirsch ?


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foufouille foufouille 23 février 2009 14:27

Le mouvement Emmaüs porte de longue date un engagement fort en faveur des populations déshéritées du Sud. C’est notamment le cas de la Communauté Emmaüs Artois, impliquée depuis trois décénies au Burkina Faso. Le Père Léon, animateur de la Communauté, se rendait tous les ans au "pays des hommes intègres", où il a entre autres contribué à la construction d’une salle polyvalente dans une prison ou a soutenu des projets individuels comme la création d’une auberge "La Rose des Sables". La Communauté finance également un repas "enrichi" tous les dimanches pour les prisonniers.
Ces échanges réguliers ont permis de développer des relations de confiance mutuelle avec les partenaires locaux et d’initier avec eux des projets durables. C’est fort de cette expérience que le Relais s’est lui aussi engagé en Afrique, en créant des activités au Burkina Faso, au Sénégal et depuis peu à Madagascar.

Une délocalisation positive

La présence du Relais en Afrique repose sur une double nécessité, à la fois économique et sociale :

  • Au plan économique, il devenait difficile de continuer à exporter des vêtements usagés en Afrique à un tarif compétitif. Les coûts croissants de collecte et de tri de la fripe rendaient difficile le maintien intégral de cette activité en Europe, et menaçaient donc les emplois en France.
  • Parallèlement, une nécessité sociale s’est imposée : Le Relais ne pouvait continuer à lutter contre le chômage ici sans se préoccuper de la situation de celles et ceux à qui sont destinés les vêtements là-bas. Il était donc nécessaire de ne plus considérer les Africains comme des clients, mais comme de vrais partenaires.

La combinaison de ces deux réalités économique et sociale nous a amené à continuer de faire en France ce qui y est justifié économiquement (la collecte et la préparation d’un produit « à finir »), et d’implanter la finition du classage des vêtements en Afrique afin d’y créer de l’emploi.

Nous parlons ainsi de "délocalisation positive" : créer de l’emploi en Afrique pour préserver de l’emploi en France.

Une démarche de développement local

Au delà de la simple création d’emploi, la présence du Relais en Afrique relève d’une logique de développement local fondée sur l’activité et les savoirs-faire locaux. Ainsi, les ressources générées par l’activité de tri sont utilisées pour développer de nouveaux projets sur place.

Pour en savoir plus sur les activités du Relais en Afrique et les différents projets socio-économiques soutenus, suivez le lien :

L’impact de la friperie

L’activité de friperie est régulièrement critiquée et accusée de tuer la filière africaine du textile. Ce jugement est souvent hâtif et méconnaît le contexte africain.

D’abord, la friperie est en concurrence, par son prix, non pas avec les traditionnels pagnes africains (pour la plupart tissés et imprimés hors de la zone Afrique), mais avec le prêt-à-porter bas-de-gamme venant d’Asie. Or la friperie offre un bien meilleur rapport qualité-prix que le neuf asiatique.

Ce n’est pas tant la friperie qui change le goût et les habitudes vestimentaires des africains que les médias, les séries télévisées importées, les clips vidéos qui vantent un mode de vie occidental et une certaine modernité. Cependant, les pagnes africains aux couleurs chatoyantes cousus de manière souvent remarquable restent très prisés lorsque les gens peuvent se les offrir.

De plus, la filière friperie soutenue par Le Relais est fortement génératrice d’emplois. L’activité directe du tri génère des emplois salariés sans qualification, et fait appel à des prestataires extérieurs pour laver et réparer les vêtements. La vente est elle-même pourvoyeuse de nombreux emplois dans les villes et les villages : grossistes, revendeurs, petits commerçants sur les marchés, tailleurs transformateurs de la fripe.

Enfin, il faut considérer l’approche particulière du Relais, qui "utilise" la friperie comme outil de développement économique et social et permet ainsi de soutenir d’autres activités locales.


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