COPAINS COMME COCHONS
Dirigé par le socialiste Pascal Boniface, l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) est un cercle de « spécialistes » abonnés aux plateaux de télé, où chaque crise internationale leur fournit une occasion d’énoncer des platitudes savantes et des prévisions erronées.
Pour renforcer leur « indépendance », le conseil d’administration de l’IRIS a intronisé le 22 juin deux nouveaux membres : François SCHEER, conseiller chez Areva (2), et Alain BAUER(1), PDG d’une société de conseil en sécurité, théoricien de la tolérance zéro à la française et grand inspirateur des lois SARKOZY. Avant, BAUER passait à la télé environ une fois par semaine. Désormais, ce sera une fois par jour.
(1) l’OND (Observatoire national de la délinquance) n’est pas une officine d’amateurs. Mis en place par SARKOZY en 2003 dans le but d’affiner les statistiques et stratégies policières, en mettant en synergie « administrations, chercheurs et praticiens », il a à sa tête un certain Alain BAUER.
Alain BAUER : PDG de la société ALAIN BAUER ASSOCIATES, qui distribue conseils et formations en sécurité, il est, avec son complice Xavier RAUFER, le maître-d’oeuvre de la diffusion en Europe des théories de la « TOLERANCE ZERO », élaborées par le Manhattan Institute, cabinet-conseil des ultra-conservateurs américains.
Connu pour sa « sensibilité de gauche » (il a été administrateur de la Mnef, élu au bureau du syndicat étudiant UNEF-ID, proche de Chevènement et collaborateur dans le cabinet de Rocard à Matignon), apprécié pour le zèle idéologique et technologique qu’il met à savoir tout sur tout, Alain BAUER préfère cependant passer sous silence quelques épisodes de sa carrière.
Notamment sa participation en 1993, à San Diego (Californie), aux activités de la société Science Application International Corporation (SAIC) [Quand on consulte l’organigramme de la société, on y découvre des officiers supérieurs de l’US Army, de l’US Navy, de l’US Air Force, du Pentagone, de la CIA et de beaucoup d’autres services gouvernementaux américains » rapporte Marc Filterman], considérée comme la vitrine des services spéciaux américains, dont elle sous-traite une part importante des besoins industriels.
C’est à son retour, après 7 mois de stage, qu’il est nommé vice-président de l’antenne Europe de la SAIC [Aucune inscription - ni radiation - sur cette société ne figure au registre du commerce], avant de créer sa propre boîte de sécurité dans des locaux contigus.
Ainsi, cet ex-grand-maître du Grand Orient de France - dont il vient de claquer la porte - est aujourd’hui à la fois le fournisseur et le client d’un marché dont fait partie sa propre entreprise de sécurité.
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(2) AREVA : comme dit Sarkozy, le nucléaire est « un choix écologique » (au Sénat, 05/07/04). La preuve : au Niger, le nucléaire français tue, ça fait du compost pour les cimetières.
Dans le Nord du pays, où Areva exploite 2 mines d’uranium, on observe un surcroît de maladies cardio-vasculaires, d’allergies, de grossesses extra-utérines et de malformations à la naissance. Areva ne nie pas le problème mais en impute la responsabilité à « la présence abondante de sable et de poussière ». Le désert est si sournois !
La CRII-Rad et le laboratoire Algade ont beau souligner que la radioactivité de l’eau consommée là-bas torpille à la fois les « normes de potabilité internationales » de l’OMS et « les critères de la réglementation française », Areva martèle que « le taux de radioactivité demeure inférieur aux recommandations sanitaires internationales », en s’appuyant sur une étude qu’elle a elle-même financée.
L’un des auteurs de ce rapport, Didier Gay, reconnaît que sa mission a été menée « à titre commercial » et avoue : « La question sanitaire des travailleurs n’a pas du tout été abordée. »
Ce qui a été abordé de front, c’est la question des médias : en février, Areva a invité au Niger un groupe de journalistes dociles. « Ils avaient déployé les grands moyens pour que nous soyons le plus à l’aise possible. Ils nous présentaient une vision totalement idyllique des choses », racontera un invité. Le 22 avril, La Tribune titrera : « Areva mise hors de cause dans la polémique sur ses mines au Niger. » La veille, le gouvernement français venait d’accorder 7 millions d’euros d’« aide au développement » à l’État nigérien. Le prix du silence.