Merci beaucoup pour vos réactions, malgré leur virulence, car elles illustrent parfaitement mon propos. Me voilà revenu au camp !
Premièrement, je ne suis pas journaliste, comme nombre d’entre vous semblent le penser. Je suis réalisateur et monteur, et au moment de cette vidéo je suis en vacances avec un petit caméscope. J’ai filmé l’Alphabet Désiré pendant plusieurs semaines, un peu partout où l’on a été, et cela n’a jamais posé le moindre problème. De nombreuses personnes sont passés dans le champ de mon objectif sans que personne ne se sente offensé. C’est dans cet état d’esprit que j’arrive sur le camp. Quand aux remarques de mes collègues, (cf dernier commentaire) si elles sont remises dans leur contexte, elles n’ont rien de méchant, il y avait une excitation un peu adolescente je le reconnais, après avoir tourné des heures pour trouver la route, mais je vous assure que le fond n’était pas condescendant. Le fait est que nous sommes tous intéressés par la décroissance, tant par la théorie que par la pratique. Nous avons fait le choix de ne pas travailler ou de travailler moins, en consommant moins, et en comptant sur le système D et le réseau, l’échange. Le choix du temps libre pour réaliser nos projets plutôt que l’argent pour acheter, c’est une réalité concrète que nous vivons. Notre intérêt pour ce camp n’était pas feint.
Deuxièmement, je retrouve dans plusieurs commentaires la méfiance « a priori » vis à vis des médias, auxquels vous m’amalgamez. Sachez que, comme vous, je me méfie fortement de ce que produit la machine médiatique. C’est bien un système entier qu’il s’agit d’ailleurs de considérer, je connais beaucoup de journalistes honnêtes mais frustrés dans leur pratique, faute de pouvoir mener un travail profond de « recherche de la vérité ». Les rejeter comme individus malfaisants, tous en bloc, relève de la chasse aux sorcières et , pardonnez-moi, de l’ignorance.
Lorsque je lis dans vos postes la violence avec laquelle vous condamnez les journalistes auxquels vous m’associez, j’ai l’impression d’avoir écrit un pamphlet pro-media. Or à la relecture de mon billet, je suis rassuré, le propos est bien différent de ce que laissent penser vos commentaires. Que s’est-il passé ?
Il s’est passé que vous avez exprimé une subjectivité qui est la votre, et qui diffère de la mienne. Pour ce faire, vous avez cité des passages de mon article, nécessairement hors contexte, et pris en tenaille par vos propres commentaires, c’est à dire noyés dans un contexte complètement différent. Vous avez fait exactement ce que vous vous acharnez à dénoncer : et cela était nécessaire pour exprimer votre avis. Je ne vous en veux pas pour cela, je ne souhaite pas que vous cessiez d’écrire vos commentaires, je ne crie pas au mensonge ou à la manipulation. J’accepte que votre point de vue ne soit pas le mien, et ce qui m’intéresse, c’est d’y opposer mon avis plutôt que de censurer le votre. Vous connaissez cette phrase de Voltaire, « Je déteste vos idées mais je suis prêt à mourir pour votre droit de les exprimer ».
En outre, si les médias d’une manière générale présentent une société tronquée ou caricaturée, c’est aussi parce que c’est cette façon de faire qui produit de l’audience. Les alternatives existent (cf. Arte) mais elles n’attirent pas grand monde. Oui il y a une responsabilité du système médiatique, du politique, des journalistes, mais il y a aussi une grande responsabilité de la population elle-même, qui préfère se shooter à l’émotion que prendre du recul. C’est plus complexe que de dire « les journalistes sont tous les cons », attitude qui, au passage, ressemble fort aux caricatures que vous dénoncez.
« (...) avec leur ficelles habituelles mise hors contexte, choix des plans, coupes au montage, etc etc... » écrit Le Gus.
Vous semblez être des spécialistes des médias et savoir comment cela fonctionne. Je m’étonne alors que vous ne soyiez pas capable de différencier une équipe de mass media (TF1, France2, France5...) d’un réalisateur indépendant doté d’une petite caméra. Vous ne pouvez pas connaitre le fonctionnement médiatique et prétendre que je suis à la solde de la publicité et un instrument du pouvoir dominant, c’est de l’ignorance. Voyez mes films, lisez mon blog, laissez moi vous expliquer comment je travaille et de quelle façon je m’auto-finance, et vous distinguerez les médias de masse des médias libres, ces fameux médias vantés sur le Camp Action Climat comme le rapporte Rue89 : « Vive les médias libres »... Mais je suis typiquement un média libre !
Libre : indépendant. Indépendant des médias de masse, indépendant des Amis de Silence, il faut aussi accepter cela.
J’espère, pour finir que vous ne possédez pas de télévision et que vous ne regardez jamais de documentaires ou de reportages. Tous les programmes de divertissement produits par les médias de masse, les jeux télé, les téléfilms, la télé-réalité ne posent pas de problème de droit. Mais les documentaires d’auteur, plus fins, plus artistiques, moins formatés, plus en marge, aussi, de la pensée dominante, sont impossible à réaliser s’il faut s’arrêter pour demander une autorisation chaque fois que quelqu’un entre dans le champ. C’est une réalité. Ces programmes qui constituent à mon avis le haut du panier qualitatif, sur le fond ; et pour lesquels j’ai décidé de donner mon temps et mon énergie, n’existent pas si l’on respecte vos préceptes rigoristes. Ainsi lorsque vous interdisez un réalisateur de travailler au nom du pire, sachez que vous supprimez peut-être le meilleur. Vous n’avez aucun moyen de le savoir. La seule chose qu’il est facile d’identifier c’est s’il appartient à un média de masse ou pas, et dans mon cas, la réponse était évidente...
Au plaisir de vous lire de nouveau...