Imaginons qu’un jour nous finissions par cesser d’être royalistes ou cheffistes, que nous devenions vraiment démocrates, que dans tous les pays les individus réalisent qu’ils peuvent gouverner directement le Monde, via Internet principalement.
Ce jour là, nos dazibaos ou critiques continuels mais vains, qu’on trouve sur tous les forums du Net et autour des comptoirs de zinc, se traduiront par les décisions universelles.
Sur nos forums, nous sommes loin d’être tous d’accord sur ce qu’il faudrait faire face aux millions de problèmes. Il y aura toujours des contradictions et des débats. Mais si l’on s’en tient à la loi du nombre, je suis convaincu qu’une majorité conviendra qu’il faut faire cesser ces situations (que je vais éviter de qualifier d’injustes pour l’instant et qui ne le seront vraiment que si une majorité mondiale décrète qu’elles le sont).
Inéluctablement , une majorité des êtres humains voudront que ces situations cessent.
Déjà au sein d’un pays, c’est rarement la masse qui décide en toute démocratie selon le principe où un homme vaut une voix.
Et c’est bien sûr très loin d’être le cas au niveau mondial.
Il y a comme une velléité de démocratie au départ, mais dès qu’on y ajoute le principe fou de la représentation où un élu représente une masse, ça tue la démocratie. On doit voter pour des décisions, non pour des représentants.
mais pour ça il faut renoncer aux vacances tant il y a de choses à gérer.
A mon sens, il n’y a pas d’autre solution globale que de commencer à donner l’exemple d’une démocratie absolue au plus petit niveau décisionnaire. Disons le couple, puis l’immeuble de copropriétés, puis l’entreprise, puis la mairie, avant d’en venir aux niveaux supérieurs des organisations collectives. Il faut déjà que chaque citoyen mette son nez dans les affaires municipales.
Pourquoi, alors que le principe de la démocratie est bien connu, n’est-il jamais rigoureusement appliqué, nulle part. ? Quel est le facteur de résistance ?
C’est l’égoïsme et la paresse.
Dans un petit groupe, quand il y a la vaisselle à laver, le repassage à faire, les poubelles à sortir et à laver, la piscine à nettoyer, les chaises à ranger ; le barbecue à ranger, la cheminée à ramoner, la vidange à faire, l’aspirateur à passer, c’est le principe de paresse et de l’égoïsme qui l’emporte « Moi, j’ai autre chose à foutre de plus intéressant que ça. Moi je n’ai pas le temps à ça. Je travaille moi »
Il n’y a que dans le couple et la famille, où, grâce à l’amour, les parents ne comptent pas leurs efforts et où ils se tapent tout le boulot, épargnant ainsi leur progéniture des corvées. Mais ils ne se tapent que les corvées famliales alors qu’il existe mille autres corvées « externes » à se farcir. Car ce n’est pas tout de sortir les poubelles, il faut encore transporter les ordures et gérer les décharges.
Nous en ferions trop pour nos enfants et pas assez pour la collectivité.
C’est de cette paresse et de cet égoïsme extra familial que naît le principe du chef ou du roi. Quand bien même il aurait des goûts de luxe et nous imposerait la charge financière de 10 châteaux, nous préférons désigner un chef pour qu’il gère la machine à notre place.
On travaille 10 jours par mois pour payer ce chef et pour pouvoir lézarder sur une plage 3 semaines par an, sans avoir à s’occuper de rien. Sans être responsable de rien pendant 3 semaines par an.
« Ne vous occupez de rien, je m’occupe de tout » disent ceux qui comprennent l’avantage qu’ils peuvent tirer de cette paresse et de cet égoïsme. Du coup, oui, ils sont d’astreinte permanente. Comme ils sont humains, ils se reposent aussi mais ils restent quand même d’astreinte. Ils nous font payer très cher notre flemme.
Il ne faut pas diaboliser nos chefs qui sont simplement des gens ayant exploité un marché de niche (qui les conduit davantage à faire souffrir des masses par leur décisions monomaniaques, qu’à devenir plus heureux ou éveillés). Nos chefs, Sarko, Chirac, Hassan II ou Mohamed VI, c’est nous qui les voulons.
Acceptons de sortir les poubelles, de balayer notre trottoir et nous deviendrons de véritables démocrates. Les situations telles que celle décrite ici, nous les refuserons et aucun chef ou concierge ne pourra la ramener.
Pourquoi y a-t-il des frontières, des nations ?
Parce qu’il y a des chefs.
Il y a souvent eu des chefs prétendant gouverner le Monde entier, un Monde sans frontières. Mais comme d’autres chefs tenaient à leur royaume, à leur loge, ces empereurs ont échoué.
Nos flemmes font les chefs qui font les frontières qui font les conflits et les situations comme celle-ci.
Si quelque part dans le Monde, il devait y avoir des gens un peu plus éclairés que d’autres, ou disposant de plus de moyens ou d’outils pour sortir de la flemmardise, quel pourrait être ce groupe de gens ? Où se trouverait-il ?
Est-ce que les Français ne seraient pas parmi les mieux placés pour faire la véritable Révolution, celle qui aboutirait à ce qu’il n’y ait plus de chef et que toutes les décisions soient prisent collectivement (en considérant par exemple les plussages forumiques) ?
Tant que nous resterons aussi paresseux à gérer la chose publique bénévolement, tant que nous préfèrerons payer à prix d’or nos méta concierges et nos Véolia, nous continuerons d’assister comme impuissants aux rafles et aux déportations qu’ils décident.