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Commentaire de Eloi

sur « Le renouvelable, cela ne marche pas à cause de l'intermittence »


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Eloi Eloi 31 mars 2011 19:58

>>« le coût du watt d’une STEP de type Okinawa 100 GWh. »

Okinawa ne ressemble manifestement pas à nombre de concepts que vous présentez dans votre diaporama. Mais passons.

 >> « “Global turbine contracts signed in late 2010 for delivery in H1 2011 and H2 2011 display very aggressive pricing, with average values at €0.98m/MW ($1.33m/MW). This is a 7% decrease compared to contracts signed in 2009 (€1.06m/MW) and 19% down from peak values in 2007-08 (€1.21m/MW).” http://bnef.com/PressReleases/view/139 »

Les chiffres que vous présentez sont de l’ordre de grandeur de l’éolien onshore. Manifestement, votre Plan A ne peut pas reposer que sur du onshore, vous devez passer MASSIVEMENT à de l’offshore. L’offshore représente aujourd’hui grosso moddo 3 GW installés. Un coût de 1€/W pour l’éolien offshore est manifestement faux. Alpha Ventus à coûté 4€/W. en moyenne dans le monde, pour des projets pas encore construits, on trouve 3€/W.

De plus, votre plan nécessite vraisemblablement des éoliennes flottantes, dont le coût est loin d’être établi.

 Mix éolien

Vous ne prenez pas en compte ma remarque sur votre mix 50%-50%, que je trouve, et je suis persuadé que je ne suis pas le seul, très peu crédible. Basez-vous plutôt sur 30 GW d’onshore et le reste d’offshore.

Démantèlement

>>« Vous préférez, comme EDF, retenir une hypothèse très basse du coût du démantèlement. »

Sur quelles bases concrètes justifiez-vous votre jugement d’hypothèse “très basse” ?

 >>« De mon coté je retiens l’hypothèse des experts non liés à l’industrie nucléaire. […] Le coût du démantèlement est estimé (il s’agit bien d’estimation) à environ 1,66€/W. »

Montrez-moi exactement la ligne pour votre source d’un coût unitaire à 1,66 €/W, nous allons en lire les hypothèses.

 >> « J’ai retenu dans mon document pour le nucléaire une hypothèse de 4,6€/W (3€/W + 1,6€/W). »

Je vous recommande en permanence de lire vraiment le rapport de la Cours des Comptes, que vous citez, et de vous renseigner sur la notion de coût actualisé et de provisions. Vous ne le faites pas, et vous persistez à faire la somme : 3€/W + 1,6 €/W. Vous êtes vous posé la question de la validité de votre somme ?

Estimons à 100 G€ (d’aujourd’hui) le démantèlement de nos 60 G€ d’EPR (donc VOTRE hypothèses, dont j’attends la source exacte). Vous construisez vos EPR. Chaque année, vous placez 0,85 G€ à 2% net d’inflation. Au bout de 60 ans, vous n’avez pas 51 G€, mais 100 G€, en poche. Vous pouvez donc assumer votre démantèlement par un versement de 0,85 G€/an (dont la charge s’allège par ailleurs avec le temps qui passe), soit 55€/an pour un foyer de 4 personnes, ou mieux, 1,3% du chiffre d’affaire d’EDF.

Assimiler le démantèlement à coût d’installation payable aujourd’hui est une GRAVE erreur de raisonnement.

Vous devez le prendre en compte comme un coût de fonctionnement, en prenant en compte les frais d’entretien, les salaires, l’inflation, la croissance économique, les données géopolitiques, tout cela sur 60 ans, et alors votre modèle devient notoirement plus compliqué.

 >> « Enfin, voici un fait : plus une centrale nucléaire vieillit, plus les risques augmentent. ».

Un fait est quelque chose que l’on observe dans la réalité. Comme il y a eu très peu d’accidents graves vous aurez de la peine à corréler l’âge de la centrale avec la probabilité d’accident grave. Il y a par ailleurs une raison simple : plus on prolonge la vie d’une centrale, plus la surveillance et l’entretien augmente. Ca n’aura bien sûr pas à être le cas pour une centrale dimensionnée, dès le départ, pour 60 ans.

Et bien sûr, un séisme n’attend pas que la centrale soit ancienne pour se manifester.

>>« Vous faîtes partie de ceux qui sont prêts à accepter de prendre le risque de maintenir des centrales âgées de plus de 30 ans, et c’est votre droit. Je suis de mon coté pas disposé à accepter ce risque, et c’est mon droit. ».

Vous avez effectivement le droit d’avoir une opinion personnelle, mais à partir du moment où vous la présentez publiquement, avec la volonté d’influencer des choix politiques et nationaux, vous avez le devoir d’étayer votre position. Ce que, en l’occurrence, vous ne faites pas.

De plus, quand vous évoquez les risques d’une technologie, il est généralement considéré comme honnête d’évoquer les risques pour les autres. Effort que, manifestement, vous ne faites pas.

 >> « 200 GW d’éolien, à raison de 10 MW/km2, c’est 3,6% de la surface française métropolitaine. »

Couvrir 3,6% de la surface de la France, soit le quadruple de la surface déjà urbanisée, de pylônes d’acier de 170 m de hauteur n’est manifestement pas, et ne sera jamais, écologique.

 >>« Les obstacles sont de nature socio-politiques (règlementations non adaptée comme par exemple la loi littoral etc.). Ces obstacles sont sérieux (réflexes NIMBY etc.), mais il me semble important de bien identifier leur nature et de ne pas chercher à faire croire qu’il s’agit d’obstacles physiques. »

 Vous sautez les étapes. Les obstacles sont encore de nature parfaitement physiques, et vous le voyez bien : vos hypothèses très généreuses, ne permettent même pas d’égaler les hypothèses pénalisantes que vous prenez pour le nucléaire. Les obstacles sont éminemment physiques et financiers.

Donc, pour le moment, abandonnez les considérations oiseuses sur les “réflexes NIMBY” et construisez-nous donc une éolienne flottante de 5 MW à 1€/W qui dure 60 ans. Ce qui serait le minimum (et je dis bien le minimum) pour qu’on puisse à l’avenir en reparler. Bonne chance.


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