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Commentaire de Pierre R. Chantelois

sur La souveraineté : une lueur d'espoir pour le Québec


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Pierre R. Chantelois Pierre R. Chantelois 16 décembre 2011 13:26

Le Canada est un pays bilingue, au même titre que la Belgique est un pays trilingue, ou la Suisse est un pays quadrilingue

Monsieur Lyon

Rien de plus faux. Au Canada, le bilinguisme est officiellement reconnu par les lois et baffoués par les décisions administratives au cœur des provinces. Au Canada, il y a deux majorités, la francophone au Québec et l’anglophone dans les autres provinces et territoires ainsi que dans l’ensemble du pays, et deux minorités de langue officielle, l’anglophone au Québec et la francophone dans les autres provinces et territoires ainsi que dans l’ensemble du pays. L’anglais en tant que première langue officielle parlée, y compris la moitié de la catégorie « français et anglais », rassemble les trois quarts de la population (74,8 %) du pays et il représente au moins 90 % de la population dans toutes les provinces et territoires, sauf au Québec (13,4 %) et au Nouveau-Brunswick (67,2 %). Quant au français, il compte pour près du quart de la population canadienne (23,6 %) (Patrimoine canadien).

Le gouvernement fédéral donne le plus mauvais exemple en matière de bilinguisme. Il vient de nommer un juge unilingue anglophone à la Cour suprême et le vérificateur général du Canada est également unilingue anglophone. Les francophones ont des difficultés à se faire servir en français à Ottawa (j’y ai vécu), à Toronto (que je connais bien), et ne parlons pas dans le reste du Canada. Nous ne sommes pas à New-York. Nous sommes dans le pays bilingue du Canada, selon les lois officiellles. La réalité est toute autre. Les anglophones peuvent se faire servir en tout temps en anglais au Québec. Deux poids deux mesures.

Un clic sur Wikipedia vous aurait mieux informé : le français est la langue maternelle de 7 millions de canadiens (22.7% de la population du pays) et environ un million de francophones vivent dans les autres provinces où ils forment des minorités significatives ; au Nouveau-Brunswick (province bilingue), en Ontario, et, avec des populations plus petites en Alberta et en Saskatchewan. En 2011, la population canadienne était estimée à 34 278 400, en hausse de 40 400 (+0,1 %) par rapport au 1er octobre 2010. La population du Québec vient tout juste de franchir le cap des 8 millions.

Pour être plus précis, voici ce que dit le Commissaire officiel aux Langues officielles du Canada :

Le Canada forme le deuxième plus grand pays du monde. Son territoire s’étend sur six fuseaux horaires et touche trois océans. On y entend parler français depuis le climat tempéré des régions septentrionales jusque dans le Grand Nord. Comment est-ce possible ? Près du quart de la population a le français pour langue maternelle et environ trois millions de personnes parlent le français à titre de langue seconde.

Le français est surtout parlé au Québec ; son territoire équivaut à trois fois celui de la France, ce qui en fait la plus grande province canadienne en superficie. Peuplé de 7,5 millions d’habitants, dont 6,7 millions qui parlent le français, il se classe au deuxième rang des provinces canadiennes pour ce qui est de la population et de l’économie. Société dynamique, le Québec est sans contredit le principal foyer de la francophonie en Amérique.

En Ontario, première province canadienne par la taille de sa population et de son économie, 1,3 million de personnes connaissent le français.

Dans les provinces atlantiques, dont le Nouveau-Brunswick, la seule province officiellement bilingue, un peu plus de 400 000 personnes parlent français.

Dans l’Ouest canadien, qui comprend le Manitoba, la Saskatchewan, l’Alberta et la Colombie-Britannique, plus de 600 000 personnes ont une connaissance du français.

On retrouve, dans les trois territoires du Canada, soit le Yukon, le Nunavut et les Territoires du Nord-Ouest, un peu plus de 7 000 personnes qui ont une connaissance du français.

Au Québec, les anglophones ont leurs institutions publiques, leur réseau de communication, leurs journaux, leurs commissions scolaires, leurs écoles et leurs universités. Il n’en est ainsi qu’au Québec, monsieur. Il est une réalité incontournable : Au Québec, la langue anglaise a un pouvoir d’attraction neuf fois supérieur à celui de la langue française.

En ce qui concerne l’indépendance du Québec, seule la volonté du peuple pourra faire du Québec une nation indépendante. Pour l’heure, la population du Québec a une autre vision que celle de l’indépendance. Et pour parvenir à l’indépendance du Québec, il faudra que cessent les querelles intestines entre indépendantistes. Depuis cinquante ans que j’observe la scène politique du Québec. Je désespère de parvenir un jour à l’indépendance de mon pays, le Québec. Les mots et la poésie ne suffisent pas. Il faut un courage et une volonté politique de faire de ce beau pays, le Québec, une nation indépendante.

Et pendant ce temps, il serait heureux que la France réalise qu’un jour, la francophonie ne sera plus qu’un souvenir. Je vous suggère cette lecture instructive d’un article paru au Québec en novembre 2011 : Anglicisation de la France : un pays qui a mal à sa langue  : « Les efforts des Québécois pour la langue française ne sont pas bien relayés en France. Ils sont reconnus par les spécialistes, par les gens qui aiment le Québec, mais la méconnaissance des Français des autres parties de la francophonie dans le monde est énorme. La majorité des politiciens français et surtout dans ce gouvernement sont des gens qui ont une grande admiration pour l’anglais et qui ne sont pas du tout intéressés par la défense du français. »

Pierre R. Chantelois


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