LE GRAND MÉTINGUE DU MÉTROPOLITAIN
C’était hier, samedi, jour de paye,
Et le soleil se levait sur nos fronts
J’avais déjà vidé plus d’un’ bouteille,
Si bien qu’ j’m’avais jamais trouvé si rond
V’là la bourgeois’ qui rappliqu’ devant l’ zingue :
« Feignant, qu’ell’ dit, t’as donc lâché l’ turbin ? »
« Oui, que j’ réponds, car je vais au métingue,
Au grand métingu’ du métropolitain ! »
Les citoyens, dans un élan sublime,
Étaient venus guidés par la raison
A la porte, on donnait vingt-cinq centimes
Pour soutenir les grèves de Vierzon
Bref à part quatr’ municipaux qui chlinguent
Et trois sergents déguisés en pékins,
J’ai jamais vu de plus chouette métingue,
Que le métingu’ du métropolitain !
Y avait Basly, le mineur indomptable,
Camélinat, l’orgueil du pays
Ils sont grimpés tous deux sur une table,
Pour mettre la question sur le tapis
Mais, tout à coup, on entend du bastringue ;
C’est un mouchard qui veut fair’ le malin !
Il est venu pour troubler le métingue,
Le grand métingu’ du métropolitain !
Moi j’ tomb’ dessus, et pendant qu’il proteste,
D’un grand coup d’ poing, j’y renfonc’ son chapeau.
Il déguerpit sans demander son reste,
En faisant signe aux quatr’ municipaux
A la faveur de c’que j’étais brind’zingue
On m’a conduit jusqu’au poste voisin
Et c’est comm’ ça qu’a fini le métingue,
Le grand métingu’ du métropolitain !
Morale :
Peuple français, la Bastille est détruite,
Et y a z’encor des cachots pour tes fils !..
Souviens-toi des géants de quarante-huit
Qu’étaient plus grands qu’ ceuss’ d’au jour d’aujourd’hui
Car c’est toujours l’ pauvre ouvrier qui trinque,
Mêm’ qu’on le fourre au violon pour un rien,
C’était tout d’ même un bien chouette métingue,
Que le métingu’ du métropolitain