collaborer de gré ou de force avec les ennemis de la France.
Madame, Monsieur,
Vous m’avez fait part de votre position défavorable à la participation de notre
pays à l’OTAN et souhaitez connaître ma position sur cette question
stratégique.
La France, vous le savez, poursuit depuis des dizaines d’années une politique
de défense indépendante, appuyée sur une force de dissuasion nucléaire
nationale et un potentiel d’armes conventionnelles moderne et diversifié, en
sorte de faire face à la plus grande variété de menaces extérieures.
En même temps, notre pays fait partie de l’Alliance Atlantique depuis sa
création en 1949 et s’y trouve aux côtés de la quasi-totalité de nos
partenaires de l’Union Européenne. Ajoutons que tous les pays de l’espace
européen, y compris ceux qui se déclarent militairement neutres comme la Suisse,
l’Autriche, la Finlande ou encore la Serbie, participent au Partenariat pour la
Paix, organisation « sœur » de l’OTAN qui assure à ses membres de participer à
la standardisation d’armements et aux exercices militaires de manière à être en
mesure de coopérer volontairement en cas d’engagement armé partagé.
L’OTAN permet à la France de disposer d’un cadre de coopération militaire
adapté à de multiples situations de crise et de participer à des actions
servant nos intérêts de sécurité et notre politique internationale, et cela
lorsque nous le choisissons librement. Il faut souligner en effet que, à
la différence de l’Union Européenne, il n’y a aucune délégation de souveraineté
des États membres à l’OTAN. Les décisions s’y prennent à l’unanimité et un État
membre reste à tout moment libre de participer ou non à un programme
d’investissement en armement ou à une opération armée. La seule obligation
résultant du traité fondateur est celle de l’entraide mutuelle en cas
d’agression armée contre un des membres de l’alliance ; et, même dans ce cas,
chaque État est libre du niveau de soutien qu’il apporterait à l’allié attaqué.
L’appartenance à l’OTAN n’entraîne donc pas, pour notre pays, d’abandon de sa
liberté de décision en matière de politique internationale ou de défense. Elle
nous permet au contraire d’exercer une influence politique auprès de nos alliés
en faveur d’engagements partagés des européens, qui pourraient à terme réduire
la disproportion de forces militaires entre les États-Unis et les Européens.
L’idée que cette alliance « aurait perdu sa raison d’être » n’est partagée par
aucune des démocraties européennes qui y participent, et les facteurs de crise
qui entourent notre continent, dont certaines actions offensives dont la Russie
a pris l’initiative ces dernières années, ne conduisent pas à cette conclusion.
Il n’y a pas non plus d’interférence entre le rôle de l’OTAN en matière
nucléaire (qui se borne à un engagement des États-Unis de protéger les membres
non nucléaires de l’alliance) et la dissuasion française, qui est toujours
restée entièrement indépendante.
Tels sont les motifs pour lesquels je ne suis pas favorable à un refus de
participation à cette alliance, qui nous priverait de moyens d’action sans rien
ajouter à notre indépendance de décision.
Vous pouvez connaître de manière plus générale mes positions sur d’autres
sujets et mes actions au Sénat comme à l’étranger en visitant mon site Web : http://www.richardyung.fr/
Je profite de votre prise de contact pour vous abonner à ma lettre
d’information qui est publiée en général deux fois par mois.
Vous remerciant de votre intervention de débat citoyen, je vous prie, Madame,
Monsieur, d’agréer mes salutations les plus cordiales.
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