Sur la question de la violence des jeunes en réponse à celle des forces de l’ordre voici ce qu’en dit fort justement mon camarade Julien Salingue :
Ils sont de retour.
Ils commencent leur phrase par "Certes, on peut comprendre la
colère...« et la terminent par »... mais rien ne justifie la violence".
Lorsque des habitant-e-s des banlieues excédé-e-s jettent des
projectiles sur les flics, détruisent du mobilier urbain, incendient des
poubelles ou des voitures, ils sont là.
Ils sont là car ils savent.
Ils savent que « rien ne justifie la violence ». Et dans la version la
plus hypocrite et/ou paternaliste, ils ajoutent : "C’est dommage, car ça
dessert un combat légitime".
Mais le reste du temps, ils ne sont
jamais là. La violence des riches, la violence de l’État, la violence
symbolique dans les médias, ce n’est pas leur problème.
Celle-là, ils ne ressentent pas le besoin, par un tweet, un communiqué
de presse ou une déclaration à BFM-TV, de la condamner. Et ils ne
demandent à personne, avant de l’autoriser à s’exprimer et de le
considérer comme un interlocuteur « légitime », de la condamner.
Parce qu’ils ne la vivent pas, cette violence. Ils ne la subissent pas,
au quotidien, dans leur chair. Et surtout parce qu’ils savent, au fond
d’eux-mêmes, que c’est grâce à cette violence qu’ils peuvent continuer à
occuper des positions de pouvoir, aussi petites soient-elles.
Et alors ils demandent un « retour à l’ordre ». Un « ordre » injuste,
inégalitaire, violent, raciste, sexiste, mais qui, de leur point de vue,
est préférable au « désordre » qui pourrait fragiliser leurs positions.
Alors écoute, et entends, toi le spécialiste du « Certes, mais », du « Rien n’autorise à » et de la « condamnation des violences ».
Tu n’as aucune légitimité, toi l’adepte du tri sélectif, pour te poser
en arbitre des élégances et pour distribuer les bons et les mauvais
points, du haut de ton piédestal de responsable politique,
d’éditorialiste ou d’« intellectuel ».
Tu n’as aucune légitimité,
toi l’intermittent de l’indignation, pour expliquer aux gens qui veulent
se faire entendre et qui ne sont jamais entendus, jamais pris au
sérieux, jamais écoutés, ce qu’ils doivent faire ou ne pas faire pour se
faire entendre.
Tu n’as aucune légitimité, toi qui ne
t’intéresses jamais sérieusement à ce qui se passe dans les usines, dans
les banlieues, dans toutes les zones où les gens subissent chaque jour
l’exploitation, l’oppression et la violence, à leur faire la morale
lorsqu’ils disent qu’ils en ont ras-le bol.
Bref. Toi qui ne
fais rien de conséquent pour en finir une bonne fois pour toutes avec un
système tellement oppressif et injuste que la révolte, parfois
violente, est le seul moyen d’espérer se faire entendre et obtenir
quelque chose, on se passera de tes commentaires, de tes leçons de
morale et de tes injonctions. »