Un néologisme nécessaire ?
« Nous n’avons pas dans les textes qui suivent introduit le néologisme
« sentience ». Je crois qu’à l’avenir nous en userons et tenterons de
le populariser, de même que l’adjectif associé ( « sentient »). C’est
qu’en français il nous manque un mot pour désigner la chose la plus
importante du monde, peut-être la seule qui importe : le fait que
certains êtres ont des perceptions, des émotions, et que par conséquent
la plupart d’entre eux (tous ?) ont des désirs, des buts, une volonté
qui leur sont propres. Comment qualifier cette faculté de sentir, de
penser, d’avoir une vie mentale subjective ? Les Anglo-saxons ont le nom
sentience (et l’adjectif sentient) pour désigner cela, les Italiens le terme senzienza (adj. senziente).
En français, nous n’avons pas l’équivalent exact. Nous avons plusieurs
mots renvoyant à la sentience, mais chacun d’eux a l’inconvénient soit
d’être polysémique, soit d’être quelque peu réducteur en évoquant de
façon privilégiée une dimension de la vie mentale. Nous avons :
- le mot sensibilité, mais on dit aussi d’un individu qu’il
est sensible pour désigner le fait qu’il est plus émotif que la moyenne
de ses congénères sentients ;
- le mot conscience, mais le terme a aussi le sens plus restreint de conscience morale, de faculté de porter des jugements sur le bien et le mal ;
- le mot esprit, mais il évoque de façon privilégiée la
dimension cognitive plutôt qu’émotive de la vie mentale : la pensée, la
raison (autrefois, on usait aussi du terme entendement) ; de surcroît, le mot esprit inclut parfois l’idée qu’il s’agirait d’une réalité surnaturelle ou étrangère au monde physique. ». Plus là
Cette faculté de sentir, de
penser, d’avoir une vie mentale subjective est l’essence même des êtres vivants et ne peut pas être artificielle. Les animaux en ce sens sont plus proches de nous que ne le sont les IA.
Ce défaut rhédibitoire des IA fait qu’elles ne seront jamais autre chose que des outils ou des armes.