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Commentaire de monjo

sur Faut-il réhabiliter Judas ?


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monjo (---.---.56.55) 29 juin 2006 18:23

Je ne pense pas que la question soit ici la plus pertinente à la découverte d’un nouveau document historique... Je m’explique :

1. Bien que l’intérêt théologique soit indéniable, ce témoignage est forcément subjectif au vu des évangiles canoniques. D’autres écrits apocryphes (Thomas, manuscrits de Qumram,...) ont suscité aux experts la même réflexion à ce propos bien auparavant ! Trancher en faveur de la véracité du témoignage relève donc de la foi du croyant, de l’obédience des églises (quelque soit la religion) ou de la non-croyance... il s’agit donc d’une question de conviction.

2. En revanche, la critique externe du document (matériau, style littéraire, copie, conservation, annotation des scribes, etc) parait succeptibme de résoudre des problèmes avec plus de certitude, et d’ouvrir de nouveaux champs historiques ; les experts semblent dater cette copie des III-IV siècles de notre ère : cela prouve qu’en Egypte (royaume héllenistique), pendant cette période, qu’au moins certains intellectuels pouvaient avoir accès et reproduire cette évangile de Judas (originale ou une copie antérieure ?), preuve supplémentaire de la diversité des courants composant le christianisme primitif . Un point essentiel est de savoir si le document retrouvé en Suisse fut produit avant ou après la révolution constantinienne et le concile de Nicée (325). Avouez que l’enjeu est de taille (pour l’histoire des martyrs et de leur mentalité, par exemple) ...

3. L’analyse experte de ce texte reste pour bonne part à accomplir et le recul nous manque pour appréhender la totalité des questions soulevées par la publication à grande échelle d’un tel document (et non la seule critique interne du texte, théologique, même si celle-ci reste au centre des questionnements). Tout devra être analysé avant cela : lieu de découverte, éléments internes au texte, comparaisons avec autres évangiles, linguistiques, ...

Il faut absolument en passer par ces stades, faute de quoi, les réflexions, tant laïques qu’écclésiastiques, se limiteront à des batailles de mémoires (d’identité ou de foi). Evitons un débat commençant en impasse, pour s’essayer à une construction historique préalable, permettant plus de questions et d’élargir ce débat !


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