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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Les mafias de l’édition

Les mafias de l’édition

Don Quichotte contre les héros des grandes familles.

Amis lecteurs, Marc Lévy, Guillaume Musso et Anna Gavalda font rêver des dizaines de milliers de noircisseurs de papier... mais se faire publier relève de l’exploit, mais avant que son livre ne soit connu... Il faut souvent dix ans à un auteur pour commencer à voir le fruit de ses efforts et voici pourquoi : il existe en France environ 1 200 éditeurs répertoriés, environ 100 appartiennent à six grosses machines parisiennes et monopolisent 80 % du marché. Une petite centaine en province tentent de subsister comme elles peuvent et occupent 10 % encore. Moralité, les 1 000 restants font ce qu’ils peuvent avec les 10 % restants, la plupart sans distributeur, obligés alors de démarcher les libraires un par un : véritable travail de fourmi.

Et l’écho médiatique ? Nul. Les radios, les chaînes télé et la presse sont contrôlées par les mêmes groupes ou roulent pour eux, donc... Très peu d’écrivains vivent de leur plume, dans le monde anglo-saxon tout comme en France. Quelques centaines tout au plus. Parmi ceux-ci, la plupart parviennent péniblement à se faire l’équivalent d’un Smic mensuel. De surcroît, 80 % de ce Smic est composé d’activités annexes à l’écriture (résidence d’auteurs, animations en librairies et bibliothèques, mais aussi en milieu scolaire et carcéral, bourses et subventions diverses). Leurs seuls droits d’auteur représentent les 20 % restants.

Il arrive aussi qu’ils écrivent « à la commande », jusqu’à 3 ou 4 livres par an, souvent très éloignés de ce qu’ils écrivent d’ordinaire ou aimeraient écrire. Cette dernière catégorie s’apparente à des « esclaves », fatigués et aigris, complètement pris en otage par l’écriture. Ils s’attendaient sûrement à plus de bonheur en s’embarquant dans cette galère... Une très mince poignée touche effectivement le gros lot. C’est un tout petit monde, fait de relations et d’entregent. Les bonnes études, Normale Sup., Sciences Po., une école de journalisme quelconque, être membre du club privé qu’il faut, connaître celui ou celle qui connaît et ainsi de suite. Le monde de l’édition ressemble à un circuit hydraulique avec plein de tuyaux dans lesquels circulent les mots. Celui qui actionne les valves des collecteurs récolte des espèces sonnantes et trébuchantes, il a à sa disposition des micros et surtout des commerciaux, bac moins 5, représentants un jour en aspirateur, le lendemain en photocopieurs, aujourd’hui en bouquins, qui sillonnent la France et harcèlent les libraires pour avoir la meilleure et asphyxier la concurrence.

Mais revenons aux heureux élus des opérateurs de valves. Ces écrivains sont épaulés et relayés par d’énormes machines éditoriales, qui contrôlent les circuits commerciaux et les médias. Ce sont les seuls dont on nous parle dans la presse et à la télé, en nous abreuvant de leurs mirobolants chiffres de ventes. Ils représentent 0,1 % des écrivains. Conséquence logique du point précédent : tous les écrivains travaillent en marge de leur activité d’écriture. Ou ne travaillent pas, mais c’est alors un choix volontaire, quasiment un vœu de pauvreté : ils ne peuvent plus compter que sur les allocations solidarité (j’en connais beaucoup, néanmoins...).

Le grand public ne connaît pas les chiffres réels de l’édition, puisque ne circulent dans les médias que ceux des best-sellers. Les voici : vente moyenne d’un livre de littérature (sans les BD, les livres people, les guides pour maigrir ou guérir du cancer par les plantes de son jardin, etc.) en France en 2007 : 350 exemplaires. Ce chiffre est à prendre toutes catégories d’éditeurs confondues, Hachette, Gallimard, et les éditeurs de province qui tirent la langue. 1 000 exemplaires est déjà un petit succès. Entre 3 000 et 5 000 ex., l’auteur peut déjà prétendre à une édition en poche ou quelques traductions à l’étranger. A 15 000 ex., on parle d’un très joli succès. 50 000 et au-delà, on les compte sur les doigts de deux mains, à peine. Les grands éditeurs, dans le cas d’auteurs inconnus (premiers romans, par exemple) font preuve d’une bienveillance modérée : les droits oscillent entre 5 et 7 %, jamais plus (et plutôt 5 que 7, d’ailleurs). Cas d’école : un auteur publie un premier livre qui marche gentiment, à hauteur de 1 000 ex. Il se vend 15 euros. 1 000 x 15 x 7 % = 1 050 euros ! Les grands éditeurs versent à l’auteur des à-valoir lors de la parution du livre (une avance sur les ventes futures). La moyenne est de l’ordre de 1 000 / 1 500 euros. A ce tarif-là, difficile de plaquer toute autre activité rémunérée et l’éditeur perd de l’argent. Conséquence logique : les petits et moyens éditeurs, sauf exception, ne versent pas d’à-valoir, mais fonctionnent sur relevés de ventes réelles, environ un an après la parution du livre. C’est à donc à l’auteur de continuer son activité salariale ou libérale, tout en démarchant les passeurs de plats, avec des fortunes diverses.

Question : comment alors trouver le temps et l’énergie d’écrire au moins 100 pages avec une histoire à peu près cohérente, démarcher des centaines d’éditeurs, ne pas perdre la foi, la santé, le moral, son emploi ? L’édition est en crise. Crise économique majeure, qui va redessiner à court ou moyen terme le paysage éditorial. Il est à prévoir, dans les 5 à 10 années qui viennent, un grand balayage, qui va dégager une grosse partie des éditeurs. L’économie de marché est gourmande et insatiable. La durée de vie moyenne d’un livre est aujourd’hui de 3 mois.

Dans le cas des livres parus lors de la fameuse « rentrée littéraire » de septembre (720 en 2007 pour les seuls romans), la durée de vie moyenne n’excède pas un mois. Il a paru en 2007 en France 71 000 nouveautés, dont 23 000 pour la seule littérature. Alors que faire ? Système D : trouver un petit éditeur (après des années de recherche systématique), obtenir des copies gratuitement que l’on envoie à des "haut-parleurs", célébrités, journalistes, après une lettre (ou plusieurs) pour nouer un vague début de complicité, ouvrir un ou plusieurs blogs, assurer sa propre publicité sur Youtube ou Dailymotion et attendre, recommencer, se désespérer, repartir à la charge et vivre assez longtemps pour ne pas regretter de s’être lancé dans pareille aventure ! Mon père, lui, n’a pas survécu... Alors, en sa mémoire, je continue le combat.

Bien cordialement, Bérénice


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30 réactions à cet article    


  • Imhotep Imhotep 27 mai 2008 11:59

     Parlez nous de ses écrits alors...


    • Bérénice Bérénice 27 mai 2008 12:11

      Bonjour Imhotep,

      Je vous remercie de votre commentaire, vous êtes le premier.

      Le mieux est de juger par vous-même, voici un lien que vous pourvez consulter

      http://www.amazon.fr/Lendroit-%C3%A0-lenvers-Pierre-Cornwall/dp/2917144270/ref=sr_1_1?ie=UTF8&s=books&qid=1210669884&sr=1-1

      Bien cordialement

      Bérénice

       

       

       


      • Bérénice Bérénice 27 mai 2008 19:34

        Merci à tous de cette journée !

        J’ai donc mis en ligne le premier d’une longue série de livres de mon père sur Amazon.fr mais je m’aperçois qu’on ne peut pas y lire d’extrait.

        C’est possible sur le site

        http://www.lesnouveauxauteurs.com/docs/blog_auteur.php?id=47

        et qui sait, peut-être réussirai-je là où il a échoué.

        Bien cordialement

        Bérénice


      • Imhotep Imhotep 27 mai 2008 19:57

         Que dire de plus que j’ai lu un extrait et que je vais de ce pas acheter le livre...


      • Forest Ent Forest Ent 27 mai 2008 13:03

        On pourrait croire, à la lecture de cet article, que le marché français de l’édition est verrouillé par 6 ou 7 grands groupes. Ce serait faux. Il n’y en a que deux . Voir tous les détails sur cette page :

        http://forestent.free.fr/livres.html

        Un peu d’histoire : Hachette en a progressivement regroupé une bonne partie sous statut semi-public, et c’est Giscard qui a donné en 1980 (au sens propre) Hachette à Lagardère (le père d’Arnault).

        Quand Chirac a privatisé la générale des eaux en 1987, il y a mis un de ses "hauts fonctionnaires", Messier, qui avait participé à la privatisation ainsi qu’à celle de TF1. Messier, qui aimait bien dépenser les sous du contribuable, a acheté le reste, puis fait faillite. Le ministre UMP de l’époque, Aillagon, (l’homme de la DADVSI), a voulu refiler le solde à Lagardère, qui aurait eu presque tout. L’UE l’a interdit.

        Du coup, il a été obligé de les brader vers 2003 sous le nom de "Editis" à un copain : la famille Wendel (si si vous connaissez, Ernest-Antoine Seillière, ancien patron du Medef). Ernest a juré qu’il les garderait très longtemps. Il vient tout juste de les revendre avec une bonne plus-value au groupe espagnol Planeta. Ce groupe a été le meilleur soutien du franquisme, reste très proche des neocons, a entretenu les meilleures relations avec Aznar, aujourd’hui administrateur du Newscorp de Murdoch.

        Mais ce n’est rien comparé à ce que vont être bientôt les privatisations de GdF et Areva. smiley


        • novisad novisad 27 mai 2008 13:24

          Tres bel article qui resume bien la situation ....et bel hommage plein de pudeur de l’auteur ....

          Fais plaisir a lire ,toutes mes salutions ..

          Chris dit Novisad


          • Imhotep Imhotep 27 mai 2008 15:14

             Les éditeurs disent qu’il est impossible de passer à côté d’un génie. C’est oublié que Proust a été publié à compte d’auteur. Cependant, vous le voyez vous-même puisque vous en avez écrit les chiffres, comment est-ce possible de vendre substantiellement son " œuvre " quand il y a 23 000 nouveautés en littérature pour une seule année sans compter les rééditions, les classiques ? Il arrive aussi des exceptions dont fait partie Anna Gavalda publiée par l’Arpenteur (qui je crois dépend de Gallimard) qui est passée au travers du tamis du copinage. Il y a eu aussi La conjuration des imbéciles parce la mère de John kennedy Toole s’est battue pour la publication de son livre. Dans ce débat pour être moins absolutiste il faut noter que plus de 90 % des textes de ceux qui veulent écrire sont des autobiographies, et la plupart du temps c’est assez peu intéressant et ou assez mal écrit. Il existe du reste une bibliothèque dont j’ai oublié le nom qui réserve une place à tous les manuscrits de France et de Navarre (je ne parle pas du dépôt légal) et ceci amène à parler de ces grandes escroqueries des publications à compte d’auteur dont certains éditeurs en sont les champions. Vous leur envoyez un texte et vous avez par retour de courrier un contrat et un texte très flatteur de la qualité de votre prose et de l’intérêt de l’intrigue. J’en parle, non parce que j’y aurais été confronté directement, mais parce qu’un jour maman m’avait rapporté un de ses livres qu’avait écrit et payé de sa poche le mari de la femme de salle de la cantine de l’entreprise où ma mère travaillait. Cette jeune femme, assez fière des talents de son mari (je le dis sans ironie) avait espéré que la bibliothèque de l’établissement en achèterait un. Elle avait joint à sa demande la lettre des éditeurs que j’ai lue. Le livre que j’ai lu également de bout en bout était dynamité de fautes de français, de fautes d’orthographe, de fautes de grammaire qu’ils n’avaient même pas pris la peine de corriger. Et ni l’histoire, ni le style n’avait grand intérêt, le style était pire que l’histoire car à la fin de tout on finit par s’attacher un peu quand il y a un fil conducteur si futile fut-il. Ceci est à comparer aux execrcies de style et de vacuité tels que la petite gorgée de bière qui est d’une platitude à mourir et qui fait s’émerveiller les intellectuels. Il est vrai que le nom, la filiation, les relations comptent. Ce fut le cas aussi de l’ex-mai d’une amie issu d’une famille à particule et reconnue, qui avait envoyé son manuscrit à un nombre certain d’éditeurs. Aucune réponse ne fut jamais favorable. Aucune. Il fut introduit auprès d’un éditeur, qui avait refusé son texte, qui l’acceptât en 48 heures. Je le tiens de sa bouche-même. Il fut donc publié chez Albin Michel et eut droit à un succès non négligeable, pas suffisant pour le faire vivre. Lorsqu’il s’en est étonné auprès de cet éditeur, celui lu répondit qu’ils n’avaient pas le temps de lire. Mais ce premier succès ne lui permet pas de se faire publier comme il le souhaite.

             

            La réalité, du moins ce que j’en crois, c’est qu’il y a des obstacles et de mauvaises réponses. La mauvaise réponse et le turn over des éditeurs qui remplacent le travail dans la durée (laisser le temps à un livre de se développer) par la quantité d’édition car les coûts de typographie et d’impression ont baissé ce qui leur permet en faisant supporter aux libraires une part du coût, d’attirer les lecteurs par la nouveauté. Le second écueil est évidement la quantité de titres. 23 000 c’est hallucinant, alors imaginez s’il y a un 200 000 auteurs ! Il n’y a pas de place, et cela ce n’est pas la faute des éditeurs. Et enfin c’est le marketing et les places qui sont prises par les plus médiocres des personnes connues. Dans cette rareté de places une bonne partie est squattée justement par les coquins et les copains, ce qui n’empêche que parmi les écrivains connus et les personnalités il y a des personnes de qualité, mais par exemple en politique quand je vois que Joffrin, directeur de Libération, nous fait coup sur coup deux ouvrages, l’un contre Sarkozy dont la qualité littéraire est particulièrement médiocre (et Dieu sait si Sarkozy est un de mes ennemis politiques majeurs) et dont les idées développées sont aussi assez particulièrement médiocres, sert de sparring partner à Delanoe dans un ouvrage d’entretien ce qui prouve que Delanoé n’a pas la capacité à écrire lui-même et que ce Joffrin prend là la place d’un autre journaliste qui, de par sa position, serait sans aucun doute mieux placé pour servir de faire valoir. Rambaud aussi a écrit, comme il est de l’académie Goncourt, cela passe et pourtant ce n’est pas terrible non plus. Il bénéfice de la vague Sarkozy, de son nom et d’une couverture de presse complaisante.

             

            Mais dans tout cela, j’ai retenu une leçon de John Cowper Powys qui était un amoureux fou des livres et qui y puisait toute son énergie. Il répondait à ceux qui critiquaient ce que l’on appelait à cette époque la littérature à l’eau de rose (Harlequin aujourd’hui) que du moment que ces livres qu’orgueilleusement je traitais de médiocres, avaient sa place et toute sa place puisqu’ils jouaient leur rôle d’apporter à leur lecture une émotion qui pour lui était la source de la vie. Et c’est ce qui fait la différence entre ceux qui aiment lire et ceux qui aiment " la littérature " cette dernière doit avoir le sceau d’une certaine intelligentsia pour être considérée et cette intelligentsia n’est pas uniforme elle a elle aussi ses cours. Et si on aime lire cela ne veut pas dire que l’on n’aime pas la " littérature ", mais que l’on n’est pas sensible aux coteries et que l’on peut aimer des livres qui paraissent infantiles, ou mièvres aux savants de la place.

             


            • armand armand 27 mai 2008 18:55

              Imhotep :

              J’ai beaucoup apprécié cet état des lieux, ainsi que l’article de Bérénice.

              Je retiendrai avant tout le formidable battement médiatique dont dispose quelques grands éditeurs - si vous êtes publié par un petit, dans un premier temps vous éprouvez une satisfaction démesurée, et puis vous découvrez que personne n’en parle, que des livres analogues, ni meilleurs, ni pires, en revanche, sont claironnés dans la presse et la radio. Quel malgré la présence du livre en librairie et sur le web, en un an, péniblement, 500 personnes se sont données le mal de l’acheter...

              Le plus cocasse c’est que même lorsque vous connaissez personnellement tel ou tel journaliste, cela ne vous avancera a à rien, car il est tenu de rendre compte des titres communiqués par les gros groupes de diffusion, et son journal ou émission ne comprendrait pas qu’il s’en écarte.

              Un autre problème dont on parle assez peu c’est la rigidité des genres - dans le domaine spécifique du polar (qui me touche de près) tel éditeur veut du contemporain, bien noir, un assasinat à la première page. Si vous lui proposez un polar historique et qu’il a la bonté de le publier, en revanche, on ne fera rien pour souligner sa spécifité par une couverture adéquate, mais on lui imposera la même présentation que les autres, car c’est la marque de fabrique de la série. En somme, l’éditeur, qui est censément un être rationnel, soucieux de la valorisation optimale, peut, malgré lui, saboter un titre rien que par sa présentation. 

              Il en va de même pour les genres plutôt tendance que sont la SF et le fantastique : attachement parfois psycho-rigide au fléchage de la collection, sans tenir compte de l’individualité des oeuvres.

              J’ai bien apprécié l’allusion à JohnCowper Powys, dont je suis un fervent lecteur. Saviez-vous que le roman que l’auteur lui-même considérait comme le meilleur, Porius, est le seul à n’avoir jamais été traduit en français ? La raison, c’est un de ses plus gros romans et donc, même au tarif déplorable de la traduction littéraire, cela nécessite déjà une importante mise de fonds. Et pourtant il s’agit d’un roman qui se déroule à l’époque du roi Arthur historique, susceptible donc d’intéresser de nombreux lecteurs à l’heure actuelle.


            • Imhotep Imhotep 27 mai 2008 19:10

               De lui j’ai lu Owen Glendover (le titre je le cite de mémoire) en français et en deux volumes, un morceau. Difficile pour la simple raison - et je l’ai écrit à l’éditeur - c’est qu’il n’y avait aucne transcription phonétique pour les noms en vieux gaéliques qui étant imprononçables ((suite de consonnes) étaient illisibles et nuisaient beaucoup à la lecture.


            • Baltar 1er juin 2008 19:03

              Votre ironie "Les éditeurs disent qu’il est impossible de passer à côté d’un génie".

               Je confirme un grand "LOL" !


            • Olga Olga 27 mai 2008 15:32

              Continuez le combat Bérénice. La littérature va certainement y gagner quelque chose...

              En espérant que les solides moulins ne confisquent pas le vent des plus fragiles. Tout ceci ne tient qu’à un souffle. Celui qui dispersera vos feuilles noircies vers des lecteurs attendris.


              • Imhotep Imhotep 27 mai 2008 20:04

                 Et si Olga la chauve nous nous écriviez un petit texte. On sent un talent qui pointe...


              • Olga Olga 27 mai 2008 20:45

                J’y travaille Imhotep...


              • Olga Olga 27 mai 2008 20:47

                Shawford, I’m seriously worried about you.

                What else ?


              • Philippe D Philippe D 27 mai 2008 16:09

                On peut se braquer contre le système ou essayer de s’adapter, sans pour autant perdre son âme.

                Un éditeur prend un pari. Si il accepte de publier il sait pertinemment qu’il ne sera pas gagnant au premier coup. Il cherchera donc à envisager une suite possible, une montée en puissance du lectorat d’un auteur sur plusieurs années et plusieurs livres. C’est effectivement pour chacun un investissement à moyen terme et je trouve que c’est très bien ainsi.

                L’investissement et le risque sont bien partagés par l’éditeur et l’auteur. L’auteur apporte un travail non rémunéré correctement, l’éditeur investit à "l’aveugle" (tous les frais sont engagés avant de pouvoir juger du résultat).

                 


                • Philippe D Philippe D 27 mai 2008 16:59

                  @ Shawford : Tu as du talent. Mais peu de chance pour toi.

                  @ Blondinette : Toi, tu as plus de chances de l’avoir.


                • Philippe D Philippe D 27 mai 2008 17:41

                  Là où les cartes sont brouillées, mais c’est dans l’édition comme partout, c’est quand l’éditeur parie sur la "notorioté" déjà faite de l’auteur, ou du prétendu auteur : People...

                  Ou encore la "notoriété" du sujet : biographie de Machin, livre sur Truc, etc...

                  Des coups gagnants croient-ils, ou moins de chance de se ramasser en tous cas. De quoi permettre aussi de payer 1 ou 2 premiers romans.

                  Une mafia ? Non, plus prosaïquement 1 business qui se mèle d’art et de talent, avec + ou - de talent.


                  • Yohan Yohan 27 mai 2008 18:21

                    En pariant sur le succès des éditions d’"auteurs" people, les éditeurs se tirent une épingle empoisonnée dans le pied. La piqûre n’est pas douloureuse mais le poison est à effet retard. Faire la pute, ça rapporte au début. Puis, un jour la catin perd ses attraits.....


                    • Philippe D Philippe D 27 mai 2008 18:33

                      Ca, c’est ce qu’on aimerait croire !

                       


                    • Philippe D Philippe D 27 mai 2008 18:43

                      Je ne connais pas la fréquence, faut que je cherche.

                      Je travaille fenêtre ouverte avec le chant des oiseaux.


                    • Bof 27 mai 2008 18:22

                      Mais , n’a-t-on pas ce que l’on désire ? ...je repense souvent au pauvre Monsieur Benveniste. Qu’il ait raison ou tord, ...en science c’est pas rare d’avoir de mauvaise idée... cf de terribles engueulades entre scientifiques acharnés ! mais, si un des scientifique a eu tord , et forcément l’un des deux a souvent tord , l’Être Humain n’est jamais à jeter comme des pourritures d’êtres l’ont fait pour lui. Et l’on voit encore des écrits stupides contre lui alors que ceux-ci savent qu’il est mort. J’en suis arrivé à rever qu’il avait raison contre tous ces êtres qui se sont acharmés contre lui.

                       S’il existe de telles haines ...---= la cause ----....la conséquence sera que les éditeurs seront éliminés car tout doit disparaitre ! ...et alors, tout disparait...il ne faut pas venir après se plaindre qu’il n’y a plus rien ! Nous en arrivons à la pensée unique !

                      Et s’il y a pensée unique, alors seule la "Mienne" est la bonne. Voilà !....et il y a pensée unique !


                      • novisad novisad 27 mai 2008 22:18

                        On peut imaginer en effet que les editeurs sont condamnés a disparaitre ......l’espace qu’ils occupent n’etant plus que celui de la distribution et des monopoles qui en decoulent ....

                        Hors l’auto edition est en train de grignoter cet espace inexorablement .....

                        Pour mon premier ouvrage ,j’ai hesité entre des comites de lecture demandant trois mois pour une decision ,suivie de trois autres mois pour maquetiser.....6 mois d’inertie commerciale dans le meilleur des cas ....

                        Etant deja entrepreneur ,j’ai vite compris l’interet de la vente en ligne ,rapidité d’impression ,pas d’avance de tresorie et rentrée financiere immediate .....plus la marge consequente !

                        En fait ,il se passe ce qui se emerge deja dans le bizness ordinaire , du direct producteur au consommateur final .....

                         

                         


                        • chmoll chmoll 28 mai 2008 10:40

                          ben zont qu’ chercher des éditeurs dans d’autres pays

                           


                          • HELIOS HELIOS 28 mai 2008 11:13

                            En vous lisant tous, je m’aperçois qu’il manque un "P2P" du livre (pour plagier les echanges de musique)

                            Cela permettrait de "tuer" les majors de l’edition, ou du moins leur faire comprendre qu’une mutation va devenir nécéssaire. La vrai difficulté, c’est que le livre n’est pas vraiment comme la musique, puisque le toucher, la possession de l’objet fait parti du plaisir de lire.

                            Qui, sera capable de proposer un process industriel, une sorte d’imprimerie cooperative, collective, prenons le mot le mieux choisi qui editerait un bouquin en quelques instant a partir des fichiers informatiques ? Une espèce d’imprimante capable de relier 200 pages dont la premiere et la derniere sont un peu plus epaisse ? Les plus riches l’acheteraient pour eux seul...


                            • Bérénice Bérénice 28 mai 2008 11:36

                              Mon père m’a laissé de quoi publier 144 épisodes, avec la trame, la bible des personnages et quelques milliers de formules à caser.

                              Il avait trouvé un souteneur, enfin, un éditeur, quelque temps avant de partir, dont l’empressement vis-à-vis de ses poulains laisse sceptique vu son teint hâlé par les séances d’UV dans les beaux quartiers, mais bon.

                              Le bling-bling n’était pas sa préoccupation, sachant que la vente d’un livre lui aurait rapporté 7%, avant impôts et donc ma mère, comme ayant-droit, dans la mesure où je me suis engagée par ailleurs à poursuivre son le rêve de mon père, ne touchera de quoi m’inviter à savourer une pizza réchauffée dans un centre commercial qu’au bout de deux cents exemplaires !

                              Suivant les conseils de plusieurs personnes ayant eu l’amabilité de me lire, je vais tenter une aventure parallèle, toute seule, sur lulu.com, site d’autoédition recommandé par un lecteur.

                              Le lien est http://www.lulu.com/content/935222

                              Je sais que mon style de base est moins acerbe que le sien., d’autant que ma langue maternelle est l’allemand, ma langue paternelle le français et que j’ai été élevée au Royaume-Uni.

                              Il a relu mes premières tentatives, rectifiant les germanismes et les anglicismes, m’incitant à ’enlever de l’eau et mettre davantage de vin.’

                              J’essaie d’éviter deux écueils : ne pas devenir un Bigard féminin tendance Christine Angot ou Lolita Pille, ne pas verser non plus dans la bibliothèque rose dans laquelle les personnages ne paient aucune facture et n’ont pas besoin de travailler, ne pensant qu’à leurs problèmes de calcif avec masochisme et attermoiements à la Hamlet.

                              A vous de juger !

                              Bien cordialement

                              Bérénice

                               

                               

                               


                            • GT 28 mai 2008 11:46

                              Bonjour,

                              Cette analyse est plaisante et c’est tellement ça, certains commentaires également ont l’avantage de compléter et de parfaire le paysage de l’édition française.

                              Je suis moi-même auteur de polars. j’ai mis 3 ans à me faire éditer. Un premier éditeur à gardé mon manuscrit 6 mois avant de le renvoyer, un second l’a gardé 14 mois sans l’ouvrir, enfin mon éditeur actuel m’a donné son accord en 1 mois.

                              C’est un "petit" éditeur mais je m’y sens bien, je sors 4 000 exemplaires par an, à raison de 2 titres par an, mon 8è vient de sortir, j’ai le choix de ma couverture et de mon titre. Ce que j’y apprécie également c’est la relation de confiance installée, plus que celle d’affaire.

                              Bien entendu, je ne peux pas en vivre mais ce n’était pas le but premier, c’est surtout l’accomplissement d’un rêve. Ce qui me permet de dire qu’aujourd’hui je peux continuer à écrire par plaisir et non par obligation.

                              Je vois trop d’auteurs sur les salons qui ont l’impression d’avoir sorti le best-seller de l’année. La désillusion est souvent cruelle pour ceux qui ont mis toutes leurs tripes, et souvent leurs économies, dans un livre que le public boudera par manque de promotion, de distribution ou tout simplement d’interêt.

                              Les éditeurs sont donc responsables mais certains auteurs ne font rien pour arranger les choses.

                              Un point qui n’a pas été soulevé, concerne les critiques littéraires. Souvent des auteurs frustrés essuyant leurs déception sur les autres. Je pense notamment à la fille d’un illustre homme politique. Quand on voit sa propre production, entendre ses critiques fait doucement rigoler, ce serait le cas si son écoute ne produisait pas autant de dégâts.

                              Il ne faut pas rever, comme il est dit plus haut, l’édition est un business, je ne connais pas d’éditeur philantrope.

                              Mais est-ce si différent de ce que nous vivions au quotidien ? Pas sur.


                              • novisad novisad 28 mai 2008 13:10

                                Maintenant puisqu’on parle de polar ,je crois qu’il faut replacer les choses dans leur contexte....

                                Sans etre péjoratif ou méprisant , chacun son monde et son cursus .........j’en suis arrivé a tenter un polar tout simplement parce qu’apres avoir lu des Lebreton ,des Giovanni etc ..........dans la production actuelle , a quelques rares exceptions prés, je ne retrouvais point un monde dans lequel j’avais vécu mais plutot celui imaginé par des profs de francais ou autres ...

                                Belle littérature ,bien ecrite mais loin du vrai polar a mon sens ...

                                ET je me suis dit dans la meme envolée ,en quoi un directeur de publication diplomé ,formaté ,bref bien propre sur lui va pouvoir juger de l’interet d’une histoire de gangster quoi .....

                                Ces gens la ,l’edition se sont eloignés de la realité du monde qu’ils prétendent commercialiser ...


                                • armand armand 28 mai 2008 15:26

                                  novisad :

                                  Pas faux. Mais il faut savoir que le polar est désormais une forme qui regroupe des histoires qui n’ont pas grande chose à voir les unes avec les autres.

                                  J’écris par exemple des polars historiques où la reconstitution de l’époque compte plus que l’enquête à proprement parler. On est assez nombreux dans ce cas.

                                  Le polar, en effet, permet à un enquêteur récurrent de naviguer en une relative liberté dans toutes les strates de la société, d’ouvrir les portes. Ils ne reflètent pas nécessairement la réalité de nos sociétés, qu’on pourrait alors imaginer peuplées de sérial-killers, mais témoignent aussi de certaines fascinations (depuis quelque temps, les médecins-légistes ont la côte, certainement à caude de nos interrogations morbides sur la mort, la décomposition des corps).

                                  En d’autres temps, le polar actuel appartiendrait dans bien des cas à la rubrique ’romans d’aventures’. Et la popularité du détective, permettant au lecteur ne naviguer avec lui dans tous les milieux de la société, a conduit à en inventer à des époques étrangères à l’enquête policière telle qu’on la connaît depuis cent ans. Voyez les Cadfael, Le Floch, etc. Sans parler de tous ces simples particuliers qui deviennent détectives à la faveur d’un crime ou d’un incident qui les touche de près.

                                   


                                • novisad novisad 28 mai 2008 15:47

                                  @armand

                                  Oui bien sur et tant mieux que le genre se soit elargi aux ...thrillers et a l’historique entre autres ...

                                   


                                  • Baltar 1er juin 2008 19:24

                                    Bravo pour l’article et bravo à tous ceux qui persévèrent et, heureuses nouvelles d’après les commentaires, parviennent à des résultats. Une mauvaise note à un certain Philippe qui défend la prise de risque des éditeurs. C’est une aberration puisque les moyens/grands éditeurs lobotomisent le marché, et sans le savoir, se tirent une balle dans le pied.

                                    Sinon : sélection des livres, des éditeurs, comme pour la nourriture, recherche et sélection de la qualité et de l’originalité en faisant abstraction des médias. Il existe des salons de l’édition indépendante dans lesquels des perles rares peuvent être trouvées. Personnellement j’ai lu un Levy (oh que je regrette la dépense) et depuis je ne lis plus rien de ce que je vois dans les médias. Pour confirmer, Musso dont j’ai lu un extrait est une aussi pâle figure que Levy. De toute manière il est aisé de voir les faux auteurs fonctionnant par copinage ou par un adroit lobbying. Ceci-dit les romans de gare ont certainement leur utilité. Mais quel gachi publicitaire !

                                    Je ne crois plus dans le statut d’écrivain à plein temps. Il s’agit d’un modèle ancien (mécenat etc.) qui n’est plus compatible avec notre système capitaliste préférant la quantité et le profit à la qualité et la gratuité pour l’art. L’écriture est un travail de longue haleine, inscrit dans une vie pleine : travailler à coté ou profiter d’un RMI n’est pas forcemment un mal. L’écrivain (le vrai) a de tout temps fait figure de sacrifié et je pense qu’il se valorise de ce combat, tout en cherchant à défendre son statut. Il n’y a rien de plus vide qu’un écrivain parvenu sans difficulté. Rimbaud s’est rattrapé dangereusement à la suite.

                                    Il est certain qu’Internet changera les modes d’accessibilité. L’évolution sera certainement moins brutale que pour la musique et la video. Néanmoins elle se fera : les auteurs peuvent d’ors et déjà inventer ces nouveaux modèles en faisant abstraction des éditeurs.

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