Evolution : vers quel homme 2.0 ?
Et si pour départager les tenants de l’Intelligent Design et les évolutionnistes, il fallait non pas se tourner vers les origines de l’homme, mais plutôt vers son avenir ? Au lieu de se poser la question de savoir laquelle des deux théories est la plus plausible, ne devrions-nous pas plutôt nous demander laquelle est la plus désirable ? Après tout, aucun de nous n’était là lorsque nos ancêtres ont acquis les capacités déterminantes de l’homme ; en revanche, certains d’entre nous verront peut-être dans un futur proche la naissance de l’homme amélioré, la fameuse version 2.0. Si tel est le cas, à quelles aspirations cet homme nouveau devrait-il répondre ?
Et si pour départager les tenants de l’Intelligent Design et les évolutionnistes, il fallait non pas se tourner vers les origines de l’homme, mais plutôt vers son avenir ? Au lieu de se poser la question de savoir laquelle des deux théories est la plus plausible, ne devrions-nous pas plutôt nous demander laquelle est la plus désirable ? Après tout, aucun de nous n’était là lorsque nos ancêtres ont acquis les capacités déterminantes de l’homme ; en revanche, certains d’entre nous verront peut-être dans un futur proche la naissance de l’homme amélioré, la fameuse version 2.0. Si tel est le cas, à quelles aspirations cet homme nouveau devrait-il répondre ?
Prenons dans un premier temps pour hypothèse que l’Homme que nous connaissons aujourd’hui (version 1.0) est la création d’un grand Designer.
L’évolution de l’humanité serait donc le chemin tracé pour l’Homme par le grand Designer vers une destination préétablie. Dans le cadre de cette hypothèse, il semblerait logique de conjecturer que ce cheminement, cette amélioration, consisterait à attribuer à la créature les caractéristiques ayant permis au Créateur de lui donner la vie. L’Homme avancerait alors sur une ligne destinée à le porter au même niveau que son Créateur, et à acquérir ainsi la capacité de "designer", à son tour, le monde qui l’entoure.
Les efforts de l’Homme à développer la vie artificielle, à créer des machines intelligentes, à concevoir des mondes virtuels, seraient ainsi des activités préparatrices du destin caché du Créateur pour sa créature. L’Homme verrait son aboutissement dans la faculté de designer à son tour, et trouverait sa voie dans l’exercice de sa créativité.
L’Homme 2.0 réaliserait ainsi la vision du rêveur rêvé, proposée dans le conte de J.L. Borges Les ruines circulaires.
Dans l’hypothèse évolutionniste - seconde hypothèse de notre exercice - l’Homme évolue pour des raisons de survie de l’espèce.
La survie de l’espèce humaine est garantie par deux critères : 1) la capacité de l’espèce à se reproduire ; 2) la capacité de l’espèce à se protéger des agressions de son environnement (agressions causées par d’autres espèces, y compris des virus, ou par les catastrophes naturelles). Dans cette hypothèse, l’Homme amélioré devrait alors rechercher son évolution dans l’augmentation de ses capacités reproductrices - par exemple : vaincre définitivement l’infécondité des individus, étendre la fécondité de l’espèce à des âges où elle est aujourd’hui impossible, favoriser les naissances multiples, et, ultimement, permettre à un individu de se reproduire seul. En effet, le créateur de la brebis clonée Dolly, Ian Wilmut, dit dans son livre La seconde création, que le grand biologiste John Maynard Smith soulignait que « si un humain, ou une baleine, ou un cabillaud, ou un chêne venait à jamais évoluer de sorte à se reproduire de manière asexuée, sans la nécessité de s’accoupler, alors cette créature s’imposerait vite à ses rivaux sexués. Pour chaque individu, une telle lignée aurait deux fois plus de descendants ». L’Homme 2.0 serait donc asexué.
Ensuite, puisque pour garantir sa survie, l’Homme doit aussi se protéger des agressions de son environnement, l’Homme devrait évoluer vers une plus grande résistance. Étant donné l’intelligence humaine et la domination qu’elle exerce sur le monde animal, il semblerait que les plus grands dangers pour l’espèce humaine résident désormais dans les virus (voir la grippe aviaire) et les catastrophes naturelles (voir le tsunami). L’Homme avancé devrait donc avant tout développer des capacités physiques dignes de Superman : un corps qui résisterait aux températures extrêmes, des organes vitaux qui pourraient recevoir les attaques des virus les plus sournois sans succomber, des cellules qui maîtriseraient les facteurs de vieillissement et les maladies incurables. On peut voir dans l’allongement significatif de la durée de vie des êtres humains un signe de la réalisation de cette prophétie.
En combinant les prérogatives d’évolution liées aux deux critères de la survie de l’espèce humaine (reproduction et protection contre son environnement), l’Homme 2.0 serait donc 1) asexué 2) super-résistant. Comme dans le genre humain le mâle est significativement plus résistant que la femelle, l’être asexué se devrait d’évoluer à partir du mâle (le sexe fort), tandis que le sexe faible devrait évoluer jusqu’à disparaître. L’homme 2.0 verrait donc la mort de la femme 1.0 (sic !).
Pour résumer, face au test de la finalité, les deux théories concurrentes de l’origine humaine apportent des visions très différentes du futur de l’humanité. Selon que l’on espère pour l’Homme un destin de créateur, ou que l’on soit plus tenté par l’anéantissement de la gente féminine (quelle drôle d’idée !), chacun est libre de voir dans ces prospectives la preuve que l’humanité descend du singe ou d’Adam. En ce qui me concerne, je doute n’avoir démontré autre chose que la confirmation de la bonne nouvelle que, à défaut de pouvoir choisir son ancêtre, l’homme reste libre de choisir son destin, l’homme reste libre de choisir sa finalité.
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