La soupe à l’oignon, simple et royal à la fois
"L’automne arrive, achetez mes oignons, c’est pas cher, la soupe à l’oignon, c’est bon pour les bronches !" vocifère le maraîcher du cours de Vincennes.
"Qu’est-ce qu’elle prend aujourd’hui la petite dame ?
Une demoiselle qui frissonne sous son manteau ne peut faire l’impasse « un panier d’oignons à 1,54€ le Kg en promo, c’est cadeau ! » hurle l’édenté.
Les ménagères de moins de cinquante ans se laissent volontiers appâter. En moins de deux minutes, c‘est la curée. Quelle efficacité !
Faire les petits marchés, un jour de vendredi, réserve à qui peut encore s’y adonner, la possibilité de faire de bien belles affaires, à condition de tendre l’oreille, bien sûr.
Contrairement aux marchés du samedi, ceux qui se tiennent en semaine, sont plus professionnels. C’est le moment qu’attendent nos hâbleurs pour vanter l’Uva bianca Italia, la tomate de jardin d’Île-de-France, le haricot beurre Nantais, la pomme de terre nouvelle du Poitou. Notez que le maraîcher du week-end fait rarement dans la promo étiquetée de cru.
Et puisque le froid s’est invité en clôture d’un été pas très folichon sur le plan météo, autant affronter les exigences de ce semblant de frimas coquin avec pragmatisme.
La promo maraîchère du jour est consacrée aux oignons, soit : pourquoi ne pas suivre les conseils du braillard ? Rien de tel en effet qu’un panier de saison pour se réconcilier avec une fin d’été frisquet.
Résultat ! assuré de faire partie des petits veinards, je me laisse aller à faire le compte des gaulois(es) qui s’attableront ce soir devant une soupe à l’oignon, aussi imprévue que délicieuse, à l‘orée de l‘automne.
J’ai la chance de partager la couette d’une excellente cuisinière, acheteuse hors pair, ce qui, pour sa génération, n’est pas si fréquent.
Combien de frétillantes quadras d’aujourd’hui se frottent avec autant d’envie que de maestria à la matelote d’anguille, la soupe de potimarron ou d’oignon, au boeuf en daube ? Si peu, mon brave, gardez là donc ! me susurrent les bien intentionnés.
Certains esprits chagrin diront qu’il faut du temps, de l’argent. Que nenni !
Rien de plus rapide, rien de moins coûteux. Même un célibataire devrait en faire son plateau télé, surtout pour un choc Marseille/PSG.
Je vous livre sa recette qu’elle tient de sa grand mère, mais que je devine avoir été revisitée à son goût :
Pour 4 personnes :
6 gros oignons de bonne qualité
Un demi pain de campagne
Deux cuillères à soupe de farine biologique
150 g de gruyère râpé
20cl d’huile olive
Trois cubes de bouillon de volaille
Trois tours de moulin à poivre cinq baies
Faire griller quelques tranches de pain de campagne au grille pain.
Épluchez puis émincez les oignons en fines lamelles et faites les revenir dans l’huile d’olive dans une cocotte minute. Une fois les oignons blondis, jetez deux cuillères à soupe de farine biologique.
Remuez deux minutes en versant progressivement jusqu’à 1,5L d’eau. Poivrez. Couvrez et laissez cuire environ 20 minutes, jusqu’à la première ébullition.
Laissez mijoter ensuite vingt minutes à feu doux.
A l’ouverture du couvercle, ajouter un jaune d’oeuf battu et un demi verre de Porto, que vous mêlerez à l’ensemble.
Servez de préférence dans une jolie assiette creuse et parsemez de gruyère râpé. Déposez deux croûtons de pain grillé sur le dessus. Voilà c’est prêt. Servez, c’est basique.
Si votre cave est aussi fournie en bon vin que votre carnet d’adresses en jolies maîtresses, vous avez sûrement par-devers vous un petit Sancerre, un Menetou-Salon, qui n’attend que de se dévouer pour accompagner cet excellent met, voire, pourquoi pas, un petit Pouilly Fumé Camillium 2006.
Par les temps qui courent, il est heureusement encore possible de s’offrir un petit plaisir pour presque rien.
Enfin, presque pour rien !
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