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Raphaël

Réalisateur et monteur, citoyen concerné par l’état du monde, par l’état de nos consciences individuelles comme collectives.

Tableau de bord

  • Premier article le 05/10/2007
  • Modérateur depuis le 14/08/2009
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Derniers commentaires



  • Raphaël 19 mars 2013 16:23

    Pourriez-vous, s’il vous plait citer un lien, ou envoyer un scan de l’article en question ?

    Je serai fort intéressé de savoir que Libé m’a plagié.

    Si vous jouez simplement à calomnier, vous penserez la prochaine fois à vérifiez les dates de publication : mon article est écrit et envoyé bien avant que ne paraisse le Libé du 18 mars (vous savez sans doute qu’il y a un délai entre le moment où l’on soumet un article à Agoravox et le moment où il est publié).

    Par ailleurs j’ai publié cet article en date du 17 mars sur mon blog : http://www.ramassi.net/



  • Raphaël 19 mars 2013 00:07

    En dictature aucun débordement n’est toléré hors de la doxa. C’est comme une cocotte minute, le peuple est sous pression, l’omerta et la peur maintiennent l’ordre en place. Une petite fissure risque à tout moment de se transformer en fuite irréparable. L’ordre est strict.

    Dans nos démocraties contemporaines, le peuple est plutôt anesthésié (par la possession et le confort, par les produits chimiques qu’il ingère, par la télévision, par son travail, par la routine...). Même si la colère et l’injustice résident au fond de lui une épaisse couche de graisse maintient ces émotions.

    A partir de là, l’expression d’une opinion dissidente est moins dangereuse. Ce qui compte c’est le dosage : il ne faut pas que trop d’individus se manifestent ensemble et puissent entraîner la masse. Ce qui est génial, c’est que cette gestion se fait de façon presque automatique, il est rare que le pouvoir intervienne lui-même.

    Ceux qui le servent sont automatiquement bien servis par la machine, et plus ils sont influents plus ils sont à l’aise (patrons de syndicats, éditorialistes, producteurs...). La machine aime à entendre le doux ronron de sa propre opinion. Elle s’auto-félicite, elle aime à s’adorer dans le miroir de ses pairs. C’est un piège d’ego et d’orgueil, qui sert le pouvoir.

    Ceux qui contestent auront le traitement inverse. Tout sera difficile. La moindre de leurs affirmations demandera des preuves d’une profondeur et d’une solidité que l’on exige jamais de leurs contradicteurs. Le moindre fait sera décortiqué, la moindre faille considérée comme la preuve d’une manipulation, la défiance sera permanente. Si, malgré cette différence de traitement, le dissident parvient à prouver indiscutablement ses assertions, il subira en général l’ostracisme, la calomnie, la caricature et l’éviction. Sa vie ne sera pas confortable.

    Ces conditions générales limitent naturellement le nombre d’opinions dissidentes capables d’atteindre significativement le grand public, et cela sans que le pouvoir ait eu besoin de lever le petit doigt. C’est furtif et génial.

    Il est donc possible de tolérer certains programmes un peu « border-line ». Cela comporte plusieurs avantages :

    • Ils servent de repoussoir et réconfortent les bien-pensants qui voient là le contrepoint de leur intelligence. C’est bien connu, l’ennemi soude les troupes.
    • Ils permettent de dire : vous voyez qu’on est des démocrates (votre argument)
    Mais il existe tout de même une ligne rouge, invisible. Celui qui la franchit aura « dérapé » et perdra instantanément toute crédibilité, sans étude rationnelle de ses arguments. Cette ligne est constituée par la limite de ce que s’autorise à penser le monde médiatique mainstream, mais aussi la population dans sa majorité. Elle est aussi défendue discrètement par le pouvoir qui peut attaquer de façon très virulente et sans aucune considération du droit, certains individus précis.

    On peur remarquer cependant que les émissions border-line sont régulièrement sabrées au pic de leur audience : Culture Pub ; Là-Bas si j’y suis relégué de 17h à 15h, heure de moindre écoute ; Lundi investigation (C+) policé et Paul Moreira ejecté ; Arrêt sur Images nettoyé avec Paul Amar placé en ersatz. De même Ardisson a été obligé de s’excuser publiquement après avoir popularisée l’ouvrage de Thierry Meyssan sur le 11 septembre etc.

    Les individus eux aussi sont menacés dès lors que leur audience devient un peu étendue.

    C’est comme s’il y avait une sorte de loi distance/quantité. Plus les propos que vous diffusez vont loin dans leur contenu moins on vous autorise une audience importante et vice-versa. Si le magazine Nexus, ou la Radio ici et Maintenant avaient l’audience de Ce soir ou jamais, je doute qu’ils eussent pu se maintenir aussi longtemps...

    Quand quelque chose commence à marcher, que ça commence à se savoir, le pouvoir doit agir. C’est assez rare au final.

    On peut remarquer que le même système est à l’œuvre un cran au dessus, au plan international, sous l’autorité des Etats-Unis. Lisez John Perkins pour les détails concrets. Notre pays doit subir de son supérieur, pour l’intérêt de ce dernier, la même pression qu’il met lui-même sur ses subordonnés, cette fois-ci pour son propre intérêt. Vous voyez l’imbrication ? C’est une structure fractale, holographique.

    Nous avons des systèmes imbriqués de contrôle automatisé. A chaque échelle le pouvoir n’agit qu’à la marge, lorsqu’un débordement menace de se produire. Il fait de la correction d’erreurs... Sinon le mécanisme avance tout seul.

    A quoi cela fait-il penser ? A une automobile. A la réplication de l’ADN. A un flux de données informatiques...

    Notre façon de vivre collectivement ; notre façon de comprendre et d’interpréter le monde ; notre manière de façonner la matière ; répondent exactement au même schéma. On pourrait même parier que ce shéma se retrouve dans nos psychologies, dans notre intimité.

    Cela invite à pousser plus loin la réflexion n’est-ce pas ?



  • Raphaël 18 mars 2013 17:03

    Merci pour votre message, qui est intéressant et donne envie de débattre.

    Pour moi, la complexité que cette question revêt pour vous tient au fait que nous mélangeons souvent deux choses : donner la parole à quelqu’un et approuver son point de vue. Or les deux choses sont bien différentes.

    Vous connaissez la phrase de Voltaire : « Je déteste vos idées, mais je suis prêt à mourir pour votre droit de les exprimer ». La liberté d’expression pour les idées avec lesquelles on est d’accord, c’est facile. Et ça n’est pas la liberté d’expression, à l’évidence. La vraie liberté d’expression c’est celle que l’on reconnait à ses adversaires, aux idées que l’on aime pas, par définition !

    C’est ce que Taddeï défend, tout en se soumettant aux lois françaises qui interdisent de tenir certains propos, à commencer par dire que les camps nazis n’ont pas existé. Taddeï ne dit pas ce qu’il pense de cette loi, il dit qu’il s’y soumet.

    Je suis d’accord avec vous, l’Etat ne me semble pas plus légitime qu’un journaliste pour dicter ce qui est vrai ou faux, ce que l’on a le droit de dire ou non. La France n’est pas du tout un pays exemplaire sur ce point. Donc oui, pour moi il faudrait sans l’ombre d’un doute abolir toutes ces lois qui dictent l’Histoire. Et cela pour plusieurs raisons :
    1/ La liberté d’expression est un droit qui doit être sacré, car il est un pivot de toutes nos libertés
    2/ Il est plus efficace et plus sain de contredire une théorie, avec des arguments, que d’interdire son expression
    3/ Cette interdiction renforce la sensation de victimisation, donne une aura, un crédit : si l’on me muselle c’est bien qu’il y a quelque chose à cacher. Et surtout, on sait bien que réprimer et refouler une expression, qu’elle soit individuelle ou collective, ne suffit pas à la faire disparaitre. Cela suffit à la cacher, et à la laisser proliférer dans l’ombre, dans l’inconscience (collective ou individuelle). Si l’on veut lutter contre des idées, le SEUL moyen est de le faire par la conscience, c’est à dire en apportant les ingrédients qui vont aider à comprendre. Ce n’est pas facile mais c’est la seule façon de faire. Sans oublier que derrière les pensées des uns et des autres se nichent leurs émotions, qui sont irrationnelles, et qui déterminent secrètement les pensées. Il ne faut pas non plus se masquer cela... On pourrait continuer ainsi de plonger vers la cause, et ce serait intéressant, mais un peu trop loin du sujet de départ peut-être...
    En résumé, autoriser toutes les expression, mais informer et contre-informer honnêtement est à mon avis une sortie par le haut, une attitude digne. Cacher, interdire me semble une solution de facilité, aux effets immédiats cosmétiques mais contre-productive en réalité, une solution lâche ou manipulatrice tout simplement.

    Je suis d’accord avec Noam Chomsky qui dit que la seule restriction à la liberté d’expression admise devrait être la situation (ou équivalent) où un individu tient une arme dans sa main, pointée vers une potentielle victime. Il est interdit de lui dire « tire ». A part cela...



  • Raphaël 10 novembre 2010 13:32

    Oui tu as entièrement raison. La seule solution que je vois, de mon coté, c’est de jouer sur les deux tableaux. Utiliser les syndicats existants pour ce qu’ils peuvent encore nous apporter sur le terrain et participer à construire une force qui pourrait les compléter (ou les remplacer s’ils refusent la coexistence) demain. C’est en ce sens que la dynamique impulsée par les AG interpro me semble intéressante. Aujourd’hui ce sont des espaces de parole et de coordination. Mais si nous parvenons à garder le contact, à maintenir des rendez-vous réguliers, il se peut qu’un contre-pouvoir ne finisse par sortir de là. Ca demandera peut-être des années et ça ne sera possible que si une mobilisation citoyenne minimale ne se dément pas au fil du temps. Cela peut aussi tirer les syndicats vers leur base, car ils auront peur d’être dépassés, ce sera déjà un bénéfice pour toute la société. Mais il serait réellement préférable d’aboutir (en plus) à la constitution d’un nouveau contre-pouvoir aux mains de la base. Nous avons un besoin urgent de cela car la force et la fréquence des attaques sur nos droits sociaux risque de continuer à s’accélérer.

    La spécificité de ce nouvel outil de lutte pourrait être le décloisonnement. Par définition ce qui est neuf dans les AG interpro c’est de permettre la rencontre de tout type de citoyen, qu’il soit salarié ou chômeur, jeune ou vieux de telle ou telle branche. Ce qui nous unit est bien plus important que les détails qui nous séparent. Nous subissons les mêmes coups de bélier aux mêmes endroits, quel que soit notre secteur d’activité ou notre statut.

    Si l’on parvient à forger un outil qui sache rester un lieu de rencontre pour les citoyens, et où tout avis a le droit d’être exprimé ; si nous parvenons à nous coordonner, sur une base décentralisée, pour être capable de déclencher des mouvements de grève ; et si nous gardons l’esprit alerte pour faire face à toutes les tentatives de récupération et d’instrumentalisation, c’est à dire si nous demeurons rétifs à toute forme de prise de pouvoir ; et finalement si nous réussissons à essaimer à l’étranger et à créer - dans le même esprit - une coordination à l’échelle de la planète ; alors nous aurons réussi ce que le peuple n’a pas pu faire depuis trente ans : s’opposer enfin au néolibéralisme.

    Quoiqu’il arrive la séquence actuelle est riche. Nous avons le droit à plusieurs essais. Si cette tentative ne réussit pas immédiatement, elle constituera immédiatement un terreau à de futures expériences. Quoiqu’il arrive, nous devons rester mobilisé pour continuer à avancer, y compris dans les moments où l’on aura perdu la direction.

    Ces moments sont d’ailleurs souvent les plus riches. Gardons-nous de viser un objectif trop précis, ce serait préparer l’émergence d’un nouveau dogme et de nouvelles limitations. Un socle de valeurs positives, et l’horizon grand ouvert sur toutes les formes d’organisations possibles, y compris celles que nous n’imaginons pas encore, devraient nous suffire à conserver ce qui fait notre essence, la seule chose en somme que nous ne devons pas perdre. Tout le reste peut bien se transformer.

    Quand aux valeurs, voici celles que j’entrevois :

    • liberté d’expression et d’opinion, ouverture à tout citoyen
    • refus d’une quelconque prise de pouvoir, qui doit rester dans les mains du peuple
    • coordination du bas vers le haut

    Quelques idées concrètes à réfléchir :
    • Aucun mandat permanent, nécessité de faire tourner les rôles dans les AG. Les mandataires ne sont jamais les mêmes personnes trop longtemps. Pas de petits arrangements, pas de négociations en catimini, que ce soit en interne ou à l’extérieur (avec le gouvernement, les entreprises ou les syndicats)
    • Un cadre réglementaire le plus léger possible, et pourquoi pas nul, l’assemblée sera libre, y compris libre de se tromper et de se faire mal, mais toujours libre de changer de direction

    Voilà pour aujourd’hui.

    Merci pour vos interventions :)

    Raphaël



  • Raphaël 9 novembre 2010 22:14

    On peut s’organiser sans eux !


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