Bonsoir tout le monde,
je suis un juif religieux français qui vit en France et qui écrit pour vous rappeler une règle élémentaire : toujours vérifier les sources et s’intéresser en profondeur aux bases d’un sujet sur lequel on désire émettre un avis. Or dans cet article, cette règle rudimentaire de la logique fait défaut. En effet, l’histoire de cette femme qui ne peut se remarier se base sur un très gros mensonge.
Pour information, les règles juives relatives à la vie conjugale se trouvent, entre autres,dans le « Tour » et le « Choul’han ’Aroukh » (2 codes du judaïsme), partie « Even Ha’ezer ». La loi juive dit, en résumé, les choses suivantes :
1. Dans le cadre du mariage, les époux ont des obligations l’un envers l’autre. Si l’un d’eux ne remplit plus ses devoirs, l’autre peut se rendre au tribunal rabbinique pour demander le divorce à son avantage. Par exemple, la loi juive stipule qu’une femme qui n’est plus satisfaite au lit par son mari, peut demander le divorce à son avantage. Dans un premier temps, il y a bien sûr les médiateurs qui tenteront de réconcilier les époux, mais lorsque cela ne marche pas, le divorce est envisagé.
2. Pour le divorce, la loi juive est stricte : ce n’est que le mari qui peut le rendre effectif en donnant le Get à sa femme. Et dans le cas où où la femme exprime le désir de divorcer à son avantage, en présentant les motifs qui, selon la loi juive, lui donnent raison, le mari est obligé de donner le Get à sa femme. S’il ne le veut pas, le tribunal décide de bloquer ses comptes, geler tous ses avoirs et même le priver de travail ou lui confisquer son salaire. La gamme des sanctions s’étend progressivement jusqu’à la prison pour les plus récalcitrants.
3. Placer le mari au centre du mécanisme, permet de protéger la femme dans le seul cas qui peut poser problème : celui où le mari ne veut plus d’elle pour des motifs qui ne vont faire pencher la procédure du divorce à son avantage. Les autres cas (le mari a tort, la femme a tort) ne posent bien entendu aucun problème juridique ou moral.
VOICI LA COMPLICATION. Israël, dont la justice ne se base pas vraiment sur la loi juive, laisse aux rabbins le soin de marier les gens, mais dès qu’il s’agit d’un divorce et que les époux ne sont pas d’accord, c’est le tribunal laïque qui se charge de l’affaire. Il est interdit au tribunal rabbinique de s’en mêler, puisque - selon le code qui dirige le pays, cela est considéré comme une intrusion du religieux dans la sphère publique. Le mari peut donc fuir le domicile conjugal sans donner le Get à sa femme, sans que personne ne puisse rien y faire, puisque l’Etat considère qu’il ne faut pas tolérer le fait qu’un citoyen soit soumis contre son gré à un impératif religieux (?) : celui de respecter sa femme en lui permettant de continuer à c=vivre selon le mode de vie auquel elle tient : le judaïsme. Israël ne veut pas reconnaître que des millions d’israéliens désirent vivre en accord avec la loi juive (au moins pour le mariage). Mettre un mauvais mari comme cela en prison pour le forcer à donner le Get à sa femme, est perçu en Israël comme une ingérence du religieux dans le domaine public ! Voilà la véritable situation !
La loi juive doit-elle changer pour tenir compte de ce fait ? La réponse est non ! Notre loi est bien faite parce qu’elle prévoit une réponse juste dans chaque cas. Celui qui ne veut pas vivre selon le Judaïsme n’a qu’à vivre comme il l’entend ; on ne retient personne de force ! Que ce soit en Israël ou ailleurs.
C’est plutôt à Israël de respecter ses citoyens en leur permettant de vivre comme ils le veulent.
Et ce problème existe aussi en France. Mais encore une fois le Judaïsme n’a pas du tout tort. C’est plutôt la laïcité (mal utilisée pour le coup) qui crée une situation dans laquelle la liberté de l’un est plus importante que le bien être et la liberté de l’autre, parce qu’au fond, on considère que cet autre n’a qu’à pas vivre selon le judaïsme.
Voilà le fond du problème. Je ne remets pas en cause la liberté dans tous les sens du terme. Aujourd’hui en France, le juif peut pratiquer sa religion en toute liberté et c’est tout à l’honneur de la France ? mais Israël, la France et tous les autres se trompent lorsqu’ils se refusent l’emploi de la force contre des individus qui font souffrir les autres gratuitement, même si cette souffrance découle d’une soumission volontaire à certaines règles contraignantes.
Il ne s’agit pas de se plier à toutes les demandes farfelues, mais simplement de donner un bout de papier à une femme qui l’attend.
Cordialement, avec l’espoir (sans naïveté) que ce genre d’accusation fallacieuse cesse.
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