Vendredi 25 novembre 2011 :
Le Trésor italien au bord de la rupture.
L’effet « Mario Monti » a fait long feu et l’Italie est de nouveau sous
très forte pression pour financer sa dette. Au lendemain du sommet ayant réuni
jeudi à Strasbourg le président français Nicolas Sarkozy, la chancelière
allemande Angela Merkel et le nouveau président du Conseil italien, le Trésor
transalpin a dû concéder ce vendredi un taux record de 7,81 % pour placer 8
milliards d’euros de dette à deux ans, soit plus de 3 points de pourcentage de
plus que lors de l’émission réalisée le 26 octobre.
Rome a également payé un taux record de 6,5 % pour émettre 2 milliards
d’euros d’obligations à 6 mois.
Les marchés ont sans surprise très mal réagi au résultat de ces deux
adjudications. En début d’après-midi, le taux référence à 10 ans grimpait de 21
points de base, à 7,32 %.
La différence de taux avec l’Allemagne, appelée prime de risque ou «
spread », est repassée au-dessus des 500 points de base dans le sillage de
l’opération pour la première fois depuis le 16 novembre. Signe de l’inquiétude
des marchés, la Bourse de Milan a creusé ses pertes après cette émission et
cédait 1,84 %. Sur le marché des changes, l’euro est tombé jusqu’à 1,3225
dollar, son plus bas niveau depuis début octobre.
Outre le fait que ces taux d’emprunt sont jugés insoutenables sur la
durée pour la péninsule, dont l’encours de dette atteint 1.900 milliards
d’euros, soit environ 120% de son PIB, l’Italie n’a attiré qu’une demande
relativement modeste des investisseurs malgré ces rémunérations très
attractives. Les intervenants n’ont proposé que 11,7 milliards d’euros sur
l’opération à deux ans et 3,2 milliards sur la souche à 6 mois, soit des ratios
de couverture respectifs de 1,47 et 1,59.
Pour l’heure, cela a suffi pour que le Trésor italien emprunte le
maximum de 10 milliards d’euros qu’il escomptait ce vendredi, mais les marchés
craignent qu’une crise de liquidité empêche à terme Rome de refinancer sa
dette, même à des coûts astronomiques. Un phénomène de très mauvais augure
alors que se profile lundi et mardi des adjudications à long terme.
Dans ce contexte de tensions extrêmes, la chancelière allemande a
réaffirmé jeudi son opposition aux euro-obligations, jugées par bon nombre de
spécialistes comme l’une des clefs de sortie de crise. Autre piste souvent mise
en avant, la monétisation des dettes par la BCE, via une création monétaire
illimitée, est également au point mort. L’Allemagne et la BCE y sont en effet
farouchement opposées, même si l’institution de Francfort a déjà acheté pour
plus de 190 milliards d’euros d’obligations périphériques depuis le début de la
crise.
http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20111125trib000666768/le-tresor-italien-au-bord-de-la-rupture.html