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LAFFITTE Jacques LAFFITTE Jacques 29 décembre 2012 14:18

Bonjour à tous et merci de vos réactions.

Bien sûr chacun se sent concerné car les foules sont composées... d’individus, comme nous. Le but n’est pas de dire du mal des foules ou de les condamner par principe, pas plus de les encenser même si des manifestations peuvent être très généreuses et l’ont démontré (défense d’opprimés, lutte pour les droits de l’Homme, la démocratie, etc.). Mais l’intérêt est de comprendre comment elles fonctionnent.
Ceci afin d’être moins dupes de ce qui paraît être des « évidences », des automatismes de pensée, ou de « bons sentiments », qui nous font donner notre accord par « affect » sans voir tous les éléments (voir les expériences de Milgram et de Ash sur l’unanimisme, article et vidéo sur Agoravox).

Le but, ici (comme dans d’autres recherches), est de moins être le jouet de notre ignorance ou de nos fonctionnements inconscients (l’inconscient n’est pas que le méchant truc profondément enfoui et auquel on n’aurait accès qu’avec un psychanalyste très cher). Il y a toute une marge importante de notre inconscient qui chevauche notre conscient et qui est accessible à la réflexion si on laisse à cette dernière le temps de remplir sa fonction.

But donc, d’être moins victimes des manipulations que peuvent effectuer des leaders (appels au mépris, aux « causes » faciles, boucs émissaires, etc.), d’être moins dupes également des discours idéologiques ou politiques (quelle que soit l’orientation) ou religieux (quelle que soit l’étiquette). Car l’essence des foules (presque au sens de ce qui alimente son moteur) ce à quoi elles fonctionnent préférentiellement c’est l’unanimisme : cf. votes des Plénums soviétiques / « extra ecclesiam nulla salus » / mais aussi c’est la fonction des rituels que de rendre visible cette unanimité puisque tout le monde fait le même geste en même temps) faisant ainsi pression sur les éventuels récalcitrants, et autres dissidents, déviants, etc.

Ce qui importe c’est de percevoir quand ils font vibrer chez nous ces leviers, ces automatismes de pensée : ceux-ci sont en fait des « valeurs » + - avec lesquelles on entre en résonance souvent sans en être conscients parce qu’elles sont « primaires » (simples, globales et basiques) ou nous ont été parfois apprises sans qu’on s’en rende compte en même temps que d’autres choses. Ou également on les a intégrées par « imprégnation » auprès des êtres avec lesquels nous étions liés.
Un exemple de ces « valeurs » ambivalentes est l’obéissance : celle-ci n’est ni bonne ni mauvaise en soi, elle peut être les deux tout dépend des circonstances et de qui nous demande quoi. Elle est bonne et absolument bonne par exemple dans le cas du code de la route, mais elle nécessite réflexion dans le cadre du « travail » dont on a vu avec les nazis, mais aussi avec l’expérience de Milgram, qu’il suffit d’une blouse blanche et de sa respectabilité pour faire effectuer des actes de torture.
Rien ne doit nous faire faire l’économie de la réflexion, de la raison, de l’appréciation des valeurs... et des situations.

Et parfois, pour rajouter en complexité (et sans vouloir vous désespérer), la volonté de se démarquer de ces « influences » par un rejet massif nous inscrit en contre-dépendance tout en nous donnant l’illusion d’une évasion réussie.

Merci à vous et Vive les neurones qui pétillent !
J. Laffitte

PS : Sur l’unanimisme voir mon ouvrage « Les Tours de Bab’El » sur l’analyse du mythe de la Tour ; j’y analyse aussi les monothéismes ainsi que bouddhisme et hindouisme ; les religions comme tour montant à l’assaut du pouvoir absolu. Rêve qu’incarnait le commune-un-isme. 


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