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Tristan Valmour 27 février 2013 15:33

Bonsoir

J’estime pour ma part que 4 semaines de congés en été sont largement suffisantes, et on peut même les réduire à 3.

Ce n’est pas le temps de travail qui fatigue les élèves et enseignants, mais les conditions d’exercice du métier, et corollairement les conditions d’apprentissage.

Quant aux rythmes scolaires, les pseudo experts pantouflards des gouvernements et des différentes commissions me font doucement rire pour les raisons scientifiques suivantes :
-  s’il existe effectivement des rythmes circadiens, ultradiens et infradiens qui posent des généralités, il existe également des différences interindividuelles et interculturelles importantes ;
-  les rythmes sont le reflet d’une adaptation à l’environnement. On change d’environnement, on change de rythme. Vous séjournez pendant quelques jours dans une grotte, vos rythmes changeront. Idem quand vous changez de pays, de culture. Idem quand vous viviez en couple et vous retrouvez seuls ou l’inverse (sommeil, repas, etc.). Et idem pour tout ce qui touche la cognition. Quand vous vieillissez, vous changez de rythme.

Ce qu’il faut changer, c’est l’environnement de l’école qui n’est pas adapté à l’apprentissage. L’école est une prison, le mobilier est inconfortable et pas du tout ergonomique. Les lumières sont agressives, l’acoustique nulle, les toilettes dirty. Les élèves, de jeunes organismes pleins de vie, sont obligés de demeurer assis pendant des heures, ce qu’un adulte n’est pas prêt de faire. Tout cela fatigue, irrite. Socrate enseignait en marchant, ses élèves ne prenaient pas de notes. Les notes, cette mémoire externe, tue la mémoire interne. Mes étudiants (j’enseigne toujours quelques heures dans une université d’influence anglo-saxonne en plus de mes activités privées) ont interdiction de prendre des notes.

Chez eux, les enfants consomment de l’écran en moyenne 7h30 par jour (pour les 8-18 ans), ne prennent pas le petit-déjeuner, sautent des repas, ne dorment pas, prennent les difficultés de leur parents en pleine pear. Ils évoluent dans un environnement fortement anxiogène. Tout cela fatigue, irrite, et ils arrivent à l’école exhausted et irrités.

Les élèves vivent dans un environnement de compétition où il faut être le plus fort pour survivre, où on demande d’apprendre pour obtenir quelque chose, pas pour le plaisir d’apprendre, pour le simple fait de comprendre. La compétition – dont les notes sont le reflet – fatigue, irrite et démotive.

Les élèves savent parfaitement que les meilleurs d’entre eux peuvent passer tout leur temps à étudier, cela ne leur garantira nullement une place au soleil. A quoi bon apprendre dans un monde où il faut être bien né pour être quelqu’un, surtout dans un monde où être quelqu’un est considéré comme le summum de l’accomplissement individuel.

On ne demande pas aux élèves d’apprendre, on leur demande de prendre des notes. On ne demande pas aux élèves de réfléchir, on leur demande d’imiter. On ne demande pas aux élèves de savoir, on leur demande de recracher leurs cours comme de gentils singes savants. Pas étonnant qu’ils ne savent pas réinvestir ce qu’ils ont prétendument appris et qu’en fait, ils ne savent rien. Vous leur proposez un devoir, puis le même 1 mois plus tard, ils n’auront pas une meilleure note. Parce qu’ils apprennent pour la note. Et si vous leur proposez un devoir qui sort de l’ordinaire (qui ne vérifie pas qu’ils ont bien recopié la leçon du prof), où il faut seulement utiliser ce qu’ils ont prétendument appris, c’est la cata.

Que de temps, d’énergie, de moyens financiers et de potentiels perdus, tout ça parce qu’il n’y a aucune volonté politique de construire une école de qualité. Pensez-vous : de bons élèves se mettraient à réfléchir, donc à remettre en cause le pouvoir pyramidal. Comment justifier les écarts de rémunération après ça. La réflexion engendre la frustration, et la frustration la colère, et la colère la révolution. Alors, il vaut mieux une génération de beubeus et des profs qui ne sont pas des profs mais des répétiteurs.

Par conséquent, si l’environnement (organisation des cours, programme, pédagogie, formation du personnel, etc.) n’est pas modifié, vous pouvez passer les vacances de 8 semaines à 6 ou à 12, ça ne changera rien du tout.

Quels lieux vous attirent ? Les lieux accueillants ! Quelles personnes vous attirent ? Les personnes accueillantes !

Qu’est-ce qui motive un être humain ? Le sexe et l’apprentissage. Le sexe parce que cela permet à l’espèce de se perpétuer, et l’apprentissage parce que cela permet à l’individu de se perpétuer au sein de son espèce, c’est-à-dire d’être adapté.

L’école tue toute envie d’apprendre. 


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