Pourquoi personne n’intervient en Syrie ? D’abord, de nombreux acteurs interviennent en Syrie, plus ou moins activement, plus ou moins discrètement, pour des buts plus ou moins avouables.
* La Russie et l’Iran livrent des armes au régime de Damas,
* L’Iran et le Hezbollah fournissent des soldats au régime de Damas,
* La Turquie abrite sur son sol les bases arrières et les camps d’entrainement de l’ASL,
* Le Qatar, l’Arabie Saoudite et autres sont réputées fournir discrètement des armes légères à l’ASL
* Les pays occidentaux fournissent officiellement des armes non léthal et du renseignement militaire à l’ASL,
* La nébuleuse Al Quaïda fournit armes, financement et soldat aux rebelles islamistes,
* Israël bombarde les intérêts du Hezbollah à Damas, mais pas trop de peur que son intervention ne soit un cadeau empoisonné pour l’ASL et de peur que ce soit finallement le Front Al Nostra qui remporte la bataille finale, ce qui serait pire pour lui que le maintien du régime actuel.
Ceci posé, la question à laquel il peut être interressant de répondre est : pourquoi les pays occidentaux n’interviennent pas plus efficacement - à minima en livrant des armes - en faveur de l’opposition démocratique et militaire (l’ASL) ?
Il y’a maintenant quelques temps, j’avais écris plusieurs articles soutenant une intervention militaire occidentale aux côtés de l’ASL :
* Il faut soutenir militairement l’opposition syrienne
* Syrie : L’indispensable réforme de l’ONU
Maintenant, l’évolution de la situation sur le terrain depuis l’écriture de ces articles et notamment la prédominence des jihadistes sur les rebelles laiques et pro-démocratiques (du moins, c’est ce qui ressort des articles de presse, je ne suis évidemment pas allé voir sur place) m’amène à réviser un peu mon point de vue :
1°) Il est important qu’un soutien militaire (fourniture d’arme et/ou action militaire) se fasse dans le cadre légal de l’ONU. Le blocage de la Russie et de la Chine Conseil de Sécurité pourrait en théorie être contourné, comme je l’explique dans mon article * Syrie : L’indispensable réforme de l’ONU. Néanmoins, ce contournement n’est pas forcemment dans l’intérêt des autres membres permanent de l’ONU, car il pourrait ensuite être utilisé contre leurs propres intérêts. Les USA n’ont pas par exemple particulièrement intérêt à ce que leur véto à toute résolution contre Israël puisse être remis en cause.
2°) La fourniture d’arme lourde (notamment anti-aérienne) aux rebelles semble être une piste peu couteuse pour les occidentaux. A deux détails prêt :
a) Les jihadistes sont aujourd’hui très nombreux parmi les rebelles - et combattant le même ennemi, rebelles laïques et rebelles islamistes ont de nombreux liens.. Les armes fournis aux rebllelles laïques pourraient finir dans les mains des rebelles islamistes puis dans les mains de terroristes islamistes pour de toute autre raison. Personne n’a envie qu’un avion de ligne français soit abbatu par un missile sol-air Milan livrer par l’armée française aux rebelles de l’ASL et qui auraient fini entre de mauvaises mains.
b) Le parachutage d’armes par l’armée française en Lybie a assez directement causé la crise tchadienne. Dans une poudrière comme le moyen-orient, ça peut donner encore pire. Sans être un défenseur d’Israël, je n’irais pas jusqu’à dire que mettre plus d’armes de haute technologie en circulation dans le secteur soit la meilleure manière de garantir les droits des peuples libanais et palestiniens fasse à Israël.
L’intervention militaire occidentale à le mérite de permettre de contrôler militairement la situation sur le terrain, à plusieurs détail prêt :
a) Les défenses anti-aérienne de la Syrie ne sont pas celle de la Lybie, et les pertes humaines (ou du moins matérielle si on envoie des drones plutôt que des chasseurs bombardiers) risque de ne pas être totalement négligeable. Ca réduit les ardeurs.
b) Alors que les USA ont déclaré que le Front Al Nosra était une organisation terroriste susceptible de faire l’objet de cilbles de ses drontes (ce qui est une politique absurde, soit dit en passant), on va avoir des problèmes si les Rafales français bombardent l’armée syrienne pendant que les drones américains bombardent les rebelles islamistes. Sans parler des dégats collatéraux qui font plus de mal que de bien, comme en Afghanistan (même si ça semble ne pas avoir été le cas au Mali).
Et enfin, tout ça ne règle pas la question politique primordiale. Chassez Bachar serait sans conteste une bonne nouvelle. A condition de savoir par qui il serait remplacé. Si ce sont par des jihadistes extrémistes, la différence risque de ne pas sauter aux yeux.
Se foutre dans un tel merdier pour remplacer la peste par le choléra, je comprends que personne ne se presse de le faire.
Donc, la première priorité, c’est d’avoir une opposition démocratique et laïque crédible, forte et capable de l’emporter face à l’opposition islamiste.
Je pense pour ma part qu’un soutien acccru, y compris partiellement militaire à cette opposition démocratique et laïque peut être un élément pour lui permettre de l’emporter face à l’opposition islamiste. Mais je conçois également que c’est facile à dire derrière un écran d’ordinateur, mais que si j’étais à l’Elysée, j’y réfléchirais à deux fois avant de mettre le doigt dans une situation qui a tant de risque de dégénérer et où je n’ai qu’un gain très minime à gagner pour ma propre population, hormis de rester fidèle aux idéaux du pays ( ce qui compte quand même un peu quand on est la France, patrie des droits de l’homme, de la révolution universelle etc ...)
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