Rosemar,
Nous sommes désormais plus de sept milliards sur cette petite planète et il est bien normal que cela produise des tonnes de déchets, mais je ne partage pas vraiment votre pessimisme. Tout nous prouve au contraire que la situation, du moins dans nos pays, ne cesse de s’améliorer. Vous connaissez comme moi le bouquin de Corbin « Le miasme et la jonquille ». On y trouve une peinture de Paris au XIXe siècle qui n’est guère ragoûtante. Dans « Les douze heures noires », qui évoque la nuit parisienne à la même époque, Simone Delattre, élève du précédent historien, décrit minutieusement le travail des chiffonniers à l’aube. Paris, jusqu’aux grands travaux de modernisation des égouts par Rambuteau, est un véritable cloaque où se développent de terribles épidémies. Celle de 1832, qui fut fatale à Casimir-Perier, n’est pas la moins connue. Nous ne supporterions évidemment pas de vivre aujourd’hui dans de pareilles conditions, et dans une puanteur épouvantable et constante.
La population mondiale s’est considérablement accrue, et pourtant, les conditions de vie se sont améliorées. Quand j’étais enfant, à Châteauroux, il était impossible de se promener au bord de l’Indre en aval des abattoirs. La puanteur était horrible et la rivière charriait toute sorte de pourritures. A Paris jusqu’au milieu des années 60, on le voit bien en consultant les documentation photographiques, la plupart des façades sont encore lépreuses ou noircies par les fumées industrielles. Aujourd’hui, si vous vous promenez le long de la Seine, vous verrez que l’eau est de plus en plus transparente. En aval de l’ïle Saint-Louis, des herbiers qui avaient dû disparaître dans le courant du XIXe siècle se sont reconstitués sur de très grandes surfaces.
Très rapidement, on saura fabriquer par manipulation génétique des bactéries qui pourront s’attaquer aux plastiques réputés les plus imputrescibles. La population augmente et pourtant les surfaces cultivées diminuent. Dans peu d’années, après la prochaine guerre qui devrait réduire la population mondiale à quelques dizaines de millions d’individus, on sera dans un vféritable jardin d’agrément, l’agriculture sera devenue tout à fait discrète et presque invisible. Paradeisos, enfin !