Ce que vous dites très bien souffre d’un grave problème, c’est qu’il vise à éveiller les esprits, à conscientiser les enfants, alors que le but du système vise à conditionner les cerveaux. De ce coté là, on reste toujours dans le domaine de l’instruction publique.
La différence entre éducation et instruction, de mon point de vue toujours, est que l’éducation concerne l’être tandis que l’instruction concerne l’objet. Ou autrement dit, on éduque le coeur et on instruit le cerveau, parce qu’une instruction est un ordre non discutable en lui même, donc mécanique. Pour pouvoir discuter le bien fondé d’une instruction, il faut faire appel à l’éducation qui seule permet le questionnement sur le bien fondé de l’objet relativement au sujet qu’est l’être. Or, comme vous le rappelez, le but du système actuel, issu du passé, consiste à fabriquer des ouvriers (manuels ou intellectuels) obéissants aux instructions avec un minimum d’éducation, visant à faire accepter l’état du système et non à s’interroger sur celui ci. Et cela marche très bien !
Pour faire évoluer le système instructionnel et éducationnel dans le sens que vous préconisez, il faut concomitamment faire évoluer le système économique et social pour lequel il est destiné. Autrement dit, cela suppose une révolution politique, sociale et économique. A défaut, le système ne peut que se durcir vers plus de cloisonnement et de violence, parce que le système économique et social actuel suit ce chemin.
Mais le rôle fondamental de l’école des jeunes enfants est « apprendre à apprendre », soit, « aimer apprendre » et on n’attire pas les mouches avec du vinaigre ! Mais encore une fois, cela suppose une inversion du paradigme économique où le travail, dans son sens étymologique, est réduit à sa portion congrue pour laisser place à l’activité libre et créatrice.