Les âmes sensibles qui s’émeuvent des images sanglantes complaisamment diffusées par tous les media, et même par I24news, la chaîne de Tel-Aviv, si elles étaient un peu cohérentes et partageaient autant qu’elle se plaisent à le manifester un peu partout les objectifs du Hamas, devraient tenir un tout autre langage.

« La mort pour la cause d’Allah est le plus grand de ses voeux » (voeux du Hamas), dit l’article 8 de la charte. S’agit-il d’une clause de style, de l’une de ces proclamations fumeuse et un tantinet héroïsantes qui surgissent inévitablement dans « l’illusion lyrique », pour parler comme Malraux, de toutes les révolutions et de toutes les guerres ?
Pas du tout : Mechaal, de sa lointaine et confortable villégiature à Doha n’a pas hésité à envoyer les Gazaouis bomber le torse sur leurs toits afin d’y attendre de pied ferme « la mort pour Allah ». Un tel destin imposé aux Gazaouis, femmes et enfants compris, est bien effectivement - et ce n’est donc pas une parole en l’air -, « le plus grand » des voeux du Hamas, réitéré dans plusieurs videos qu’on trouvera aisément sur le Net. « Viva la muerte ! »

Si on adhère à la logique du Hamas, ces éléments sacrifiés du bouclier humain ont eu le meilleur destin. Pourquoi les plaindre de ce qu’ils auraient eux-mêmes délibérément voulu et désiré ?

C’est que malgré leur évidente mauvaise foi, les braillards qui paraissent ne pas savoir qu’une guerre peut tuer beaucoup de monde savent très bien en fait, et presque d’instinct, que les Gazouis ne sont pas montés spontanément sur leurs toits, quelque confiance qu’ils aient pu avoir, de fait, dans la générosité de ceux qui les avaient prévenus d’un bombardement imminent.

On les a obligés à se faire tuer, ces civils, pour protéger l’héroïque branche armée planquée à vingt mètres sous terre, et pour que la branche politique à l’abri au Qatar puisse continuer à faire fructifier paisiblement les sommes détournées de l’aide internationale ou résultant des taxes prélevées sur les trafics dans les tunnels vers l’Egypte au temps des Frères. Et qui les aura donc contraints, ces civils massacrés, à devenir des tas de viande saignante à la disposition des bouchers étalagistes de pallywood ?

C’est probablement Israël qui aura commencé, n’est-ce pas, en envoyant au hasard des centaines de roquettes sur Gaza, alors que le Hamas, très pacifiquement, aura attendu, lui, quarante-huit heures avant de riposter.
Il serait temps, si on dispose d’un cerveau, de commencer à en faire usage.