Je regrette aussi que des
neurophysiologistes opportunistes tirent des conclusions prématurées
à partir des seules observations par IRMf, etc. Il serait en
effet prétentieux de vouloir expliquer en quelques années
l’inimaginable complexité du fonctionnement cérébral humain, fruit
de quelque 3,5 millions d’années d’évolution !
En outre, il importe peu, du moins à
mes yeux, de fournir une explication neurologique au fait par exemple
qu’il y a un âge idéal pour tout apprentissage (Jean PIAGET). Je
m’étonne d’ailleurs qu’on n’ait pas encore bien compris que c’est vers 4 ou 5 ans qu’un enfant apprend le mieux une
langue étrangère. Je m’étonne aussi qu’on évoque encore "la
méthode globale", alors qu’elle est responsable de la mauvaise
orthographe de plusieurs générations de francophones, même
universitaires, et que la « Méthode des dictées préparées »
de Maurice GREVISSE existait déjà dans les années cinquante.
Sans doute André GIORDAN aurait-il pu
critiquer notamment le neurophysiologiste québécois croyant Mario
BEAUREGARD : financé par la très chrétienne Fondation Templeton,
il a sérieusement tenté de démontrer « scientifiquement »
l’existence de Dieu en recherchant dans le lobe temporal droit «
l’antenne », qu’ « Il » y aurait placée pour recevoir
sa « Révélation » : en vain, bien évidemment, du fait des
interconnexions constantes et éminemment complexes entre le cerveau
émotionnel et le cerveau rationnel (selon le schéma simplifié mais
pédagogique de McLEAN), c’est évidemment tout le cerveau qui est
concerné (cf SAVER & RABIN), même si l’émotionnel prédomine
chez un croyant).
Dans cette optique, les conversions
religieuses, mais aussi la « Révélation », me semblent
susceptibles de faire l’objet d’hypothèses explicatives. Lorsqu’on
bascule de l’incroyance vers la croyance, ou d’une forme de
croyance à une autre, ou encore lors d’une méditation mystique, il
se produit en un instant un bouleversement d’hormones et de
neurotransmetteurs, un peu comme, mutatis mutandis, dans le cas du
coup de foudre amoureux … (cf « La biologie de dieu »,
de Patrick JEAN-BAPTISTE),
Je m’explique par exemple la
conversion de Paul CLAUDEL en entendant le Magnificat de BACH à N-D
de Paris le 25 décembre1886. Malgré sa brillante intelligence, il
ignorait forcément à cette époque que l’environnement sensoriel
(les grandes orgues, les chants, l’odeur d’encens, le décorum,
la génuflexion…) avait provoqué en lui un bouleversement
psychophysiologique d’hormones et de neurotransmetteurs, au niveau
notamment de la production de la phényléthylamine, de l’ocytocine,
de la sérotonine, de la noradrénaline et de la dopamine, au point
de faire disjoncter son cerveau rationnel au profit de son cerveau
émotionnel : « En un instant, mon coeur fut touché, et
je crus ». Ce n’est d’ailleurs pas surprenant puisque les
sensibilités poétique, musicale, religieuse, . ont des «
localisations » voisines, ce qui facilite les interactions. De même,
Eric-Emmanuel SCHMITT, perdu sous le ciel glacial du Sahara, le Dr Alexis CARREL à Lourdes, , etc.
Pourquoi les deux thèses en présence
(« localisationnelle » et holistique) ne pourraient-elles pas
coexister et être compatibles ?
On en saura sans doute un peu plus dans
deux ou trois décennies !
http://originedelafoi.eklablog.com