Il y a un roman du plus génial des romanciers japonais, Kobo Abé, beaucoup moins connu que « La femme des sables », et qui s’intitule « L’homme-boîte ». Histoire de pauvres bougres à la marge des villes japonaises, qui ressemblent un peu à nos SDF et se promènent tout le haut du corps enfermé dans un grand carton o0 ils ont simplement percé une fente pour apercevoir un peu leur environnement. Ca n’a rien à voir avec l’islam, et au début des années 70 on n’avait jamais entendu parler de la burqa ou du niqab, mais c’est tout à fait fascinant, comme approche de la perversion. On n’est jamais très loin de Kafka, quand on lit cet auteur. Le thème m’avait paru extraordinairement surprenant , quand j’avais lu cela il y a plus de vingt ans, Comment peut-on, me disais-je inventer de si fascinantes incongruités, qui paraissent complètement dépasser l’entendement. Eh bien, à Paris, on voit ça maintenant tous les jours, et je ne pense pas que Kobo Abe y puisse y être pour quelque chose. Entre la pathologie mentale ordinaire et le génie littéraire qui l’explore en la simulant, il y a un abîme.