Stéphane Arlen a lui-même déclaré qu’il était fonctionnaire et touchait un salaire de catégorie A de la fonction publique avec un impôt indolore et très réduit qui, comme l’expliquait un commentateur, n’est en fait qu’un jeu d’écritures, surtout si Stéphane Arlen s’est fait mensualiser.
En tant que fonctionnaire titulaire, S.A. est propriétaire de son grade et, à moins de se faire prendre en train de détourner de l’argent dans la caisse, de tuer un collègue ou de harceler sexuellement une personne sur laquelle il exerce une autorité, il n’a aucun risque de perdre son traitement.
S’il ne pose pas de problèmes à sa hiérarchie, son avancement se fera automatiquement jusqu’à sa retraite. Si en plus, il a su développer son pouvoir de nuisance, son avancement sera accéléré. Entre temps, il aura obtenu les palmes académiques ou le mérite national ou encore, récompense suprême, la légion d’honneur.
Il pourra même, avec la nouvelle réglementation, faire des années de présence supplémentaires pour obtenir plus de points de retraite et n’accepter de partir que si on lui propose de nouveaux avantages. A partir d’un certain âge, le vieux rond-de-cuir, qui connaît toutes les contradictions entre les règlements successifs et contradictoires, devient un virtuose dans leur exploitation et peut tout obtenir du DRH, pourvu qu’il parte.
Depuis l’époque de Courteline, les ronds-de-cuir se sont multipliés de façon exponentielle. Et c’est là le problème.
Maintenant, pourquoi des fonctionnaires refusent-ils d’admettre qu’ils sont des parasites alors qu’ils ont passé un concours de langue de bois pour le devenir ?
N’est-ce pas parce qu’ils commencent à prendre conscience que leur trop grand nombre est en train de tuer l’organisme au dépens duquel ils se nourrissent ?
Pour le reste de la population et pour les élus, ils restent néanmoins redoutables grâce à leur nombre, contrairement aux nobles de l’Ancien régime qui ne représentaient qu’un pour cent de la population (environ deux cent mille personnes facilement éliminables en un an de terreur par les stakanovistes de la guillotine).
Pour répondre à l’argumentaire de S.A., argumentaire habituel de ses semblables : oui, il existe des pays plus développés que la France, où les pompiers appartiennent à des entreprises privées, comme les ambulanciers en France, où les hôpitaux privés fonctionnent très bien, où la production d’énergie ne dépend pas de l’Etat, où l’assurance maladie privée rembourse mieux que la sécurité sociale, où Airbus ne serait pas un « canard boîteux » .
Pour la gouverne de S.A., je lui signale qu’il devrait regarder sa feuille de traitement : pour la « sécu » et la mutuelle complémentaire, il paye environ 800 euro, en additionnant toutes les retenues afférentes à l’assurance maladie y compris la CSG qui lui est indissoliblement liée et la part employeur. Je ne parle pas de la retenue pour la retraite.
S’il prend l’assurance maladie privée anglaise « Amaris », ce qu’il peut exiger de son administration depuis que Chirac a signé les ordonnances supprimant le monopole de la sécurité sociale en matière d’assurance maladie, il payera 300 euro pour lui et son conjoint, et le remboursement est en moyenne deux fois plus élevé que celui de la Sécu.
Mais, pour 500 euro par mois, a-t-il envie de se faire mal voir de son administration ?
A mon avis, S.A. votera Bayrou, considéré, à tort ou à raison, comme le champion des fonctionnaires.
En tout cas, il est naturel que S.A. souhaite l’augmentation des impôts puisqu’il s’imagine qu’il va en bénéficier et que, s’il n’y a plus d’imôt, il n’est plus rémunéré.
vraitravailleur