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alinea alinea 25 juillet 2020 11:33

Écoutez rosemar, puisque c’est journée portes ouvertes, que tous vos articles passent quotidiennement comme une lettre à la boîte, permettez que je profite de votre espace.

Merci.

Moi aussi je parle de masques :

Je n’avais pas peur

Pas peur du virus. Pas peur de la police. Mes proches étaient comme moi et j’étais protégée, dans un milieu peu habité.

Lire les condensés, les courbes, les chiffres annoncés, ne me faisait pas peur, au contraire, ils me dévoilaient l’arbitraire, le besoin de croyance en une autorité que l’on reconnaîtrait ; voir les uns et les autres tomber en panique, en délire au point de perdre leur bons sens, leur raison, me peinait mais ne m’inquiétait pas trop puisque je savais cela temporaire. Au bout de quelques temps, quand l’histoire sera terminée, par respect les uns des autres, on n’en parlera plus. Nous aurons juste à écoper les miasmes politiques. On ne s’entre-tuera pas pour savoir qui en est la cause. On aura appris un peu de tolérance.

Et puis, contre toute attente, notre nouveau gouvernement qui, pour notre malheur, conjugue harmonieusement la folie de Sarkozy à celle de Macron, avec juste en vitrine quelques mannequins de circonstances, déclare, à partir du 20 juillet, étouffez-vous obligatoirement sous vos masques, dans ces lieux publics clos dont le sens échappe aux plus perspicaces d’entre nous.

Ce matin, je passe à la pharmacie pour chercher quelques granules, le masque baillant sous mon nez, sale comme mes chaussettes à force de traîner dans mon sac ; personne ne me dit rien, je paye et sors, comme d’habitude. Puis je passe au supermarché, les nouvelles épiceries de bourg, pour faire quelques courses, et là, quelque chose a changé : tout le monde, tout le monde porte un masque.

Au plus fort de la pandémie médiatique, des pics affolants de morts tous azimuts annoncés dans nos médias bienveillants, dans un temps encore de doutes et d’ignorance, personne ou presque ne portait de masque. Je fais mon chemin comme si je n’avais rien vu, la fromagère ne me dit rien, on se connaît, on échange deux mots : bonne journée, je continue dans les rayons sans croiser de regards assassins, je ne me fais pas coincer puis tabasser par deux flics qui passaient, personne n’appelle au secours, j’arrive à la caisse et me fais gronder : vous n’avez pas de masque ? Non ! Mais c’est obligatoire ! Ah bon ? j’avais entendu parler du 1er août… et je sors.

Et soudain je ressens avec une force écrasante, la capacité d’obéissance, dont je ne sais pas de quelle nature elle est, désinvolte, apeurée, dans la crainte du flic, dans la peur du virus, dans l’habitude d’obéir… et je flippe !

Je ne suis pas nerveusement atteinte, anxieuse ou excitée, mais, dans la voiture au retour, je me demande comment j’aurais tenu le coup si j’habitais en ville ! Et je ressens toute l’énormité du poids de la dictature, arrivée et non plus en marche.

 

Alors j’ai écrit cet appel ; même si ça ne sert à rien d’écrire un appel, sauf à me soulager et peut-être à en réconforter deux ou trois qui, tombant dessus s’en trouveraient réconfortés.

 

Voici

 

 

N’ayez pas peur du coronavirus,

 

Né d’un improbable mariage digne d’un conte de fée, entre une chauve-souris et un pangolin, ou bien d’un roman de science-fiction dans un laboratoire aux hypothétiques volontés de nuire, il n’est en réalité qu’un frère, un cousin, de milliers de virus bien connus, très communs.

Sa naissance mythique a précédé sa destinée inédite ; caché sous des monceaux de conflits d’intérêts, de querelles de personnes, de sincérité vraie ou de vilains mensonges, il n’a pas été traité comme il le méritait.

L’impuissance avérée des puissants, la peur dévoilée des responsables, les contradictions des ordres donnés, ont engendré un désordre jamais vu dans une société qui vivait déjà des chamboulements politiques et sociaux. L’insécurité préexistante, la précarité généralisée, l’avenir sans phares ni balises, furent le terreau de la panique, la cause du délire, l’écroulement des croyances.

Aussi, observons ce qui se passe : les violences policières, les répressions pour ceux qui tentent de vivre normalement et sans nuire, ou bien les échappées défoulant les frustrations, les souffrances intimes, les violences familiales, le chômage et la viduité d’un quotidien interdit, les énergies sans but, tout un inhabituel qui prétexte l’obéissance aveugle, une docilité et son pendant la haine de l’autre, et qui nous mène tout droit à l’horreur d’une dictature, d’une guerre civile et son anarchie.

Réveillons-nous les uns les autres, n’écoutons plus le radotage médiatique, n’enfonçons pas le clou de la panique ; au contraire éloignons la menace en en démontrant l’illusion.

Puisque le pouvoir interdit, réprimera, je lance un appel à la désobéissance, à former des réseaux de résistance et de soutien. Ne portez plus vos masques, inutiles.

Avant qu’il ne soit trop tard.


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