Merci pour cet article. Il ne m’a pas convaincu mais je m’interrogeais sur les raisons poussant à l’intégration de la Turquie dans l’UE. Même si je continue de les trouver non fondées, merci d’avoir essayé de m’en fournir quelques un.
Maintenant, permettez-moi de vous indiquer pourquoi vos arguments me paraissent insuffisants.
1°) Le fait que la Turquie soit un pays laïque n’entraine en rien son adhésion ou son rejet à l’Union europénne. La France, pays laïque, est membre fondateur de l’UE et y a accepté la Pologne, pays ultra-catholique.
2°) Le fait qu’elle ait une culture riche n’est pas non plus un argument. D’autres cultures riches existent de par le monde et ne sont en rien candidates à l’adhésion.
3°) L’argument de la démocratie ne suffit pas en soit. De nombreux pays ne sont pas démocratiques. Devrions-nous aussi les accepter dans l’Union pour les faire basculer dans la démocratie ? C’est historiquement plutôt l’inverse : l’entrée dans l’UE est le couronnement des efforts réalisés pour atteindre la démocratie (cas de l’Espagne par exemple puis des pays de l’est).
4°) Je ne vois pas en quoi le fait que la Turquie soit dans l’UE permettrait de régler le conflit kurde mieux que maintenant.
5°) L’argument de l’oléoduc supposerait que l’UE ait une volonté autonome de politique étrangère et c’est très loin d’être le cas. Regardez juste ce qui s’est passé avec l’Irak où nous nous sommes déchirés sur la question. La Politique Européenne de Sécurité Commune (PESC) ne fonctionne que sur les sujets où tout le monde est d ’accord alors s’opposer à nos alliés américains dans une lutte d’influence en se mettant avec la Russie me paraît très illusoire...
C’est même là que réside à mon avis le principal argument contre l’entrée de tout nouvel adhérent (pas seulement la Turquie) : l’union européenne a commis une erreur majeure en ne réformant pas ses institutions avant l’entrée des pays de l’est. Le projet de réforme a été reporté à après et est actuellement dans l’impasse (que ce soit du fait des non français et hollandais ou parce que le texte était mauvais est une autre histoire). L’Europe est incapable d’avancer dès qu’il y a divergence entre ses membres. Avant d’accepter de nouveaux adhérents, il nous faut régler ce point or cela revient à choisir quelle Europe nous voulons : politique ? Zone de libre échange ?
Tant que nous n’aurons pas répondu clairement à cette question et pris les directions en conséquence, il est dangereux et malhonnête d’accepter de nouveaux adhérents.
Dangereux parce que cela dilue l’Union Européenne en une sorte de guimauve sans but clair, malhonnête car ces mêmes candidats ne savent pas à quoi ils sont candidats.