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stephanemot stephanemot 3 mai 2007 15:02

Quelqu’un s’est enfin dévoué pour dégonfler la ségosphère-ségobulle, pour mettre le candidat Royal face à ses propres contradictions et face à sa propre vacuité. Et sans verser dans « l’ignoble machisme » ni l’attaque personnelle : Nicolas Sarkozy a simplement déroulé sa vision et son projet, et répondu à chacune des questions qui lui était posé avec calme, respect, et un sens aigü de la pédagogie.

Le professeur Royal, en revanche, serait probablement recalée à l’Education Nationale : pas de plan clair, pas de conviction, trop de flou, et surtout trop de rigidité. Non contente d’endormir toute l’assistance avec son monologue breveté « démocratie participative », Ségolène Royal a en effet régulièrement décrété l’interdiction de débat, l’illégalité de la contradiction. Royal avait déjà évité le vrai débat lors des primaires au PS et escamoté celui avec François Bayrou (l’homme de dialogue se noyant dans son interminable monologue), elle a donc essayé de passer une fois de plus entre les gouttes hier. Mais Ségo a exposé de façon éclatante à la France entière l’élément de sa personnalité qui fait le moins débat : autocratique, refusant refusant la contradiction (et même plus fondamentalement incapable d’écouter réellement ce que dit l’autre, lui déniant même parfois le droit de répondre), omnubilé par l’image qu’il veut donner de lui-même, le candidat PS ne s’est toujours pas livré réellement au peuple français.

Car sa montée de sève sur l’éducation des handicapés n’avait rien de naturel : dans sa préparation minutieuse du débat, elle a revu tous les débats présidentiels passés, et toutes les émissions auxquelles Sarko a participé, et elle l’a donc déjà vu faire le même numéro sur le même sujet et avec les mêmes termes (la dernière fois c’était déjà face à Arlette Chabot, qui y a donc eu droit deux fois en moins d’une semaine !).

Ségo avait donc CHOISI A L’AVANCe de frapper à ce moment précis, de placer la formule « tout n’est pas possible » à ce moment précis, de brandir sa « colère saine » à ce moment précis ; histoire de marquer les esprits sur la forme à défaut de pouvoir le faire sur le fond (pour info : non seulement Sarko n’est pas responsable de la « démolition » de sa loi, mais c’est le gouvernement Raffarin qui a rendu obligatoire l’accueil de ces élèves).

Objectif atteint : l’histoire retiendra donc cet extrait surréaliste de ce débat par ailleurs essentiellement contrôlé par Sarkozy, et les médias la diffuseront en boucle comme ils l’ont fait auparavant avec son autre grand moment de faussitude, face à cet homme pleurant dans son fauteuil roulant... Le genre de truc qui fait un tabac pendant les campagnes électorales américaines, le genre de coup de pub où excelle un autre grand imposteur « conservateur compatissant » : George W. Bush.

La différence entre Bush et Royal, c’est que Bush est plus intelligent, qu’il contrôle mieux son personnage et son jeu d’acteur. Royal se laisse souvent emporter, mais pas au sens où Sarkozy l’entend : elle se laisse griser par son propre verbiage, et si personne ne l’arrête quand elle lâche une énormité, elle pousse encore plus loin le bouchon, avec un culot et un applomb déroutants. Elle n’est nullement convaincue de ce qu’elle dit : elle se persuade de sa propre conviction en s’écoutant scander les formules et slogans les plus creux. Elle ne nous a rien épargné hier, si ce n’est l’innénarable « femme debout », Sarko ayant désamorcé le pétard mouillé en dégainant le terme le premier, et surtout en y mettant un peu de sens.

La France est-elle vraiment dupe ? Va-t-elle se faire avoir comme les militants socialistes réformateurs, qui regrettent aujourd’hui de ne pas avoir choisi leur seul candidat convaincu et crédible (DSK) ? Va-t-elle se faire avoir comme les électeurs de gauche, piégés au premier tour par le vote futile ?

La France est malade, en état de manque d’espoir, et la rencontre d’hier a parfaitement illustré le choix qui s’offre à elle :

. Ségolène vient vers les Français en leur disant : "je vous écoute, vous dites que vous en voulez plus, je vous en promets une nouvelle dose - ça vous rendra encore plus faibles et dépendants par la suite mais je vous aurai au moins rendu le sourire pour aujourd’hui. Sa relance par le déficit au moment où tous nos concurrents (au premier rang desquels les socialistes modernes) ont déjà abandonné ce dogmatisme et réformé l’Etat est suicidaire, souvenez-vous de la rigueur qui a suivi la relance de 1981-83.

. Nicolas vient vers les Français en leur disant : "j’entends ce que vous dites, mais surtout j’écoute ce que vous dites et je comprends ce que vous voulez réellement dire : ce n’est pas donnez moi plus de drogue mais sortez-moi de là. Je ne vous enfoncerai pas dans votre misère, je vous aiderai à vous en sortir. C’est un peu moins vendeur, mais aussi un peu moins infantilisant et un peu plus digne de l’engagement politique.

Soyons clairs : on élit le Président de la République, ici. Homme ou femme, là n’est pas la question. Le pays a besoin d’une personne qui fasse des choix et les assume.

Royal refuse de s’engager et n’a pas encore tranché sur les choix de société qui déchirent son propre parti, se réfugiant derrière un pacte présidentiel à géométrie variable. En cas de victoire, tout reste à définir, rien n’est prêt à fonctionner. Le meilleur service à rendre aux réformateurs au sein du PS est de la faire perdre nettement les élections, que le parti tire enfin les leçons de 2002 (au-delà de la tactique pour provoquer le vote futile) et de 2005 (le PS de Mitterrand est mort, le grand écart n’est plus possible).

Sarkozy expose sa vision, ses convictions, le pourquoi et le comment de son action ; il s’engage sur des obligations de moyens et de résultats, on sait avec qui il va travailler et comment. Sa personnalité, il l’assume et ne la fuit pas - elle se lit comme un livre ouvert. Et contrairement à Royal, les Français tiennent une garantie qu’il ne dérapera pas : son pacte présidentiel à lui, il l’a signé avant la campagne avec les centristes et les modérés qui constituent l’essentiel de l’UMP et n’hésiteront pas un instant à le plaquer au premier faux pas.

J’attends des Français qu’ils votent avec un peu plus de discernement que les Américains en 2004 et ne se laissent pas berner pas la faussitude du candidat Royal.


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