J’ai vu des renards sauvages deux fois dans ma vie.
La première, il y a vingt-cinq ans, un tas de dépouilles d’une vingtaine d’individus jetés en tas sur le trottoir devant le café du village, entourés d’une bande de Tartarins plus ou moins avinés et braillards mais surtout, surtout, fiers d’eux.
La seconde fois c’était l’année dernière, un soir d’été en voiture, j’en ai aperçu un du coin de l’oeil, assis dans un champ à une vingtaine de mètres de la route.
C’était un très jeune adulte, j’ai ralenti et reculé très doucement jusqu’à sa hauteur, il n’a pas bougé.
Il est resté là environ une minute trente puis est parti sans se presser, j’étais estomaqué.
Cinq kilomètres plus loin, un autre cette fois vieux, desquamé, décoloré, étique, en train de gratter le sol dans un pré. Il ne m’a ni vu ni entendu.
Rien en vingt-cinq ans et deux à quelques minutes d’intervalle, j’y ai vu un symbole (mais j’ai vite fait de voir des symboles).
J’espère me tromper.