https://www.off-investigation.fr/quand-la-macronie-se-barricade-face-aux-journalistes/
Prisca Thevenot, porte parole du gouvernement, et
Marc Fesneau, ministre de l’agriculture, lors d’un point presse suite au
Conseil des ministres, Paris, le 3 avril 2024 (photo DR)
S’il aime faire valoir son attachement à une presse libre, l’exécutif
français s’efforce de contrôler le cadre dans lequel les journalistes
peuvent l’interpeller. Off Investigation a recueilli plusieurs
témoignages montrant que le pouvoir macroniste entrave régulièrement des
professionnels de l’information dans le libre exercice de leur métier.
La venue en France, le 2 avril, du chef de la diplomatie
étatsunienne, Antony Blinken, ainsi que ses rencontres avec le président
de la République Emmanuel Macron et le ministre des Affaires étrangères
Stéphane Séjourné, avaient de quoi susciter l’enthousiasme des
journalistes désireux d’interpeller ces hauts responsables sur des
dossiers internationaux. En de telles circonstances, quoi de mieux
qu’une conférence de presse afin de pouvoir questionner les uns et les
autres ? Voilà qui intéressait particulièrement la journaliste
indépendante Meriem Laribi, ainsi qu’un autre confrère qui nous a
demandé de préserver son anonymat. Ayant eu écho d’une visite matinale
d’Antony Blinken à Versailles, les deux journalistes ont rapidement
tenté de se faire accréditer à l’événement. La première reçut une
réponse positive, tandis que le second dû se contenter d’un refus
d’accréditation en raison de « places limitées ». Motif étrange
puisqu’après avoir comparé plusieurs courriels, Off Investigation a
constaté qu’il avait fait sa demande avant d’autres journalistes qui
eux, ont bien obtenu l’accréditation.
Blinken/Macron : aucune question autorisée
Dans une boucle WhatsApp créée en amont de l’événement, le service
presse concerné fait rapidement comprendre aux journalistes accrédités
qu’ils ne seront autorisés à poser aucune question à Messieurs Macron et
Blinken. L’idée de participer à une figuration journalistique pour
l’occasion n’intéresse alors pas Meriem Laribi qui, depuis six mois,
consacre son quotidien à informer sur la situation à Gaza : couverture
des événements à toute heure sur les réseaux sociaux, déplacements
multiples pour suivre l’évolution de la position française sur le
dossier ou encore rédaction de plusieurs analyses et enquêtes à ce
sujet.
Par ailleurs, bien qu’étant inscrite dans les boucles de
communication du ministère des affaires étrangères et alors qu’elle
avait l’habitude d’assister aux points de presse hebdomadaires du quai
d’Orsay, Meriem Laribi ne fut cette fois pas conviée à la conférence de
presse du jour entre Antony Blinken et Stéphane Séjourné : « Comme
cela m’a été confirmé par une consœur, les journalistes présents ont été
informés de la tenue de cet événement et invités à y participer par des
voies non habituelles. J’ai demandé des explications au service presse
du Quai d’Orsay, aucune ne m’en a été donnée », confie-t-elle à Off Investigation.