→ Le 31 Octobre 2024) 7 min. Anne-Laure
Delatte .Directrice de
recherches au CNRS, rattachée à l’université Paris-Dauphine PSL L’économiste détaille l’impact macroéconomique
du contre-budget présenté par le NFP et démontre qu’il serait plus efficace
pour réduire le déficit que celui proposé par le gouvernement.
https://www.alternatives-economiques.fr/contre-budget-nfp-ferait-mieux-budget-de-barnier-reduire-d/00112970
Comme le gouvernement, le NFP
compte lever de nouvelles recettes. Mais dans une plus grande mesure,
puisqu’elles sont chiffrées à 49 milliards d’euros, contre 30 pour le
Projet de loi de finances (PLF) 2025. Au-delà des montants, leurs stratégies
divergent.
La dissemblance majeure tient à
l’usage des recettes : « Grâce aux mesures fiscales [proposées],
notre pays serait en mesure de réduire le déficit tout en augmentant
immédiatement les investissements dans les services publics et les secteurs
d’avenir », dit le document.
Le NFP consacre donc une partie des
49 milliards à réduire le déficit budgétaire et le reste à financer des
dépenses publiques dites d’avenir. La philosophie est très différente de celle
du gouvernement Barnier, qui est centrée sur la simple réduction du déficit, au
prix d’effets récessifs significatifs (la moitié de la croissance). A
l’inverse, le contre-budget du NFP prévoit une augmentation des dépenses
publiques. Comment est-ce que cela peut réduire le déficit public ? Est-ce
soutenable ?
Les dépenses publiques proposées
par le NFP génèrent 0,78 point de PIB d’activité supplémentaire
en 2025 et 1,06 point de PIB en 2026. Ce surcroît d’activité est
toutefois réduit par les effets récessifs des prélèvements obligatoires, qui
s’élèvent à 0,66 point de PIB au total (la somme des effets de chaque
impôt en plus). Notons que l’effet le plus coûteux est lié à la réforme de la
fiscalité du patrimoine qui « coûte » en tout 0,44 point de PIB.
Toutefois, les effets récessifs
sont inférieurs aux gains d’activité, ce qui entraîne un effet agrégé total
positif dès la première année : une légère augmentation du PIB de
0,21 point, soit 6 milliards d’euros par rapport aux prévisions
actuelles. Ce surcroît d’activité génère un peu plus de 3 milliards de
recettes supplémentaires.
Ainsi, entre les 18 milliards
d’euros de recettes directement consacrés à la réduction du déficit et les
3 milliards de recettes supplémentaires liées au surcroît d’activité, le
déficit se réduit de 21 milliards d’euros en 2025.
En 2026, sans autre impulsion
budgétaire, le déficit est réduit de 6 milliards (0,21 point de PIB)
ce qui suggère qu’un nouvel effort de 12 milliards d’euros est nécessaire
pour atteindre l’objectif annuel.
La simulation met donc en évidence
que, avec cette stratégie budgétaire, l’effort à réaliser en 2026 est très
inférieur à l’effort de 2025. Ce résultat est opposé aux implications
macroéconomiques du PLF 2025, qui exige un effort budgétaire chaque année
plus important à cause des effets récessifs des coupes de dépenses publiques.
Pour conclure, le programme du
Nouveau Front populaire propose une stratégie budgétaire qui augmente les
dépenses publiques, stimule l’activité économique et permet de dégager des
recettes supplémentaires.