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Frank BRUNNER 2 novembre 2007 14:11

Je conteste les allégations de mensonges exprimées par l’un des commentateurs à propos du contenu de mon article. En résumé, il voudrait faire croire que les partis de gauche suisses sont dignes d’estime, mais contraints de faire des concessions aux partis de droite, en raison de "la politique de concordance qui fait que le PS participe à la coalition au pouvoir depuis 50 ans".

Tout d’abord, on rappellera qu’en Suisse la corruption a été légalisée et institutionnalisée par les élus à leur profit personnel. Chacun d’entre eux peut siéger, à titre personnel, dans le conseil d’administration de toutes les sociétés privées disposées à lui payer un pot-de-vin appelé « jeton de présence ». Certains élus collectionnent, ainsi, des dizaines de conseils d’administration. Il s’agit purement et simplement de trafic d’influence et les élus de gauche s’y livrent autant que ceux de droite. Voilà donc pour leur prétendue intégrité...

Ensuite, il est rigoureusement exact que la plupart des élus de gauche sont des avocats ou des apparatchiks syndicaux grassement payés. En réalité, ces gens sont des bourgeois. Un jour, comme j’interviewais un dirigeant syndical et que nous évoquions le chômage, il m’a dit que les boulangers avaient du mal à trouver du personnel. J’ai demandé : « On les paie combien ? » Il m’a répondu : « On leur paie ce qu’on peut leur payer »... Comme je lui ai laissé la possibilité de se relire avant la publication de l’interview, il a supprimé cette réponse.

On peut préciser que ces apparatchiks s’incrustent à la tête des syndicats pendants des dizaines d’années. Lorsqu’une élection du comité syndical a lieu, les apparatchiks rameutent leurs petits copains du parti à l’assemblée générale, ce qui les assure d’un bloc de voix automatique face auquel aucun membre de la base n’a la moindre chance d’être élu.

Les dirigeants des partis de gauche suisses et les apparatchiks syndicaux n’ont jamais cessé de faire des concessions à la droite sur le dos des chômeurs et des exploités. Ils se donnaient bonne conscience à peu de frais en prétendant « sauver des emplois » qui ont disparu malgré tout, ou en affirmant « sans nous, ce serait pire ». Les concessions se sont toujours faites sur le dos des plus défavorisés. Quant aux rares « concessions » patronales, elles n’étaient que provisoires et ont bientôt été remises en question. D’une manière générale, les « augmentations » de salaire revendiquées par les syndicats suisses ne compensent même pas le renchérissement du coût de la vie, si bien que le pouvoir d’achat du commun des salariés n’a pas cessé de diminuer.

Par ailleurs, il est exact que les partis de gauche ont refusé de soutenir de nombreux référendums lancés par des associations de chômeurs ou d’invalides, et cela depuis au moins une dizaine d’années. Parfois, ils se sont mollement ralliés au référendum après que les membres de l’association aient réussi à récolter le nombre de signatures légalement requises pour que le référendum ait lieu. Ces mêmes partis de gauche n’hésitaient pas à dilapider les cotisations des militants en lançant des référendums contre tel projet de parking « de droite »...

On mentionnera également que les partis de gauche suisses et les syndicats ne revendiquent même pas une augmentation du « minimum vital » que reçoivent les plus démunis. Voilà qui en dit plus long qu’un discours quant à la sincérité de leurs « préoccupations sociales ». Lorsque, membre d’un parti genevois d’extrême gauche, j’ai demandé qu’on se mobilise pour les SDF, je me suis entendu répondre : « Les SDF, c’est le lumpenprolétariat. Les SDF ne viennent pas à nos manifs. Les SDF n’ont qu’à s’organiser. »

Enfin, j’ai divulgué plusieurs affaires de gestion déloyale, d’abus de confiance, d’escroqueries, etc..., impliquant des élus de gauche genevois dans des associations où on trouvaient également des syndicalistes. Jamais je n’ai obtenu le moindre soutien public des partis de gauche ou des syndicats, ceux-ci s’efforçant systématiquement de couvrir les ripoux et de me faire passer pour un menteur, un mythomane, un calomniateur, etc... Ils n’hésitaient pas à m’accuser de « susciter la division » et de « faire le jeu de la droite ». Suivant leur logique, couvrir les ripoux est quasiment un devoir moral. Ils ont d’ailleurs fini par m’exclure, considérant ma présence parmi eux comme un danger... Là encore, on appréciera à sa juste valeur l’intégrité de tout ce beau monde.

Frank BRUNNER


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