Délicat d’évaluer l’impact de l’intervention du privé dans l’enseignement.
De toute façon, demander au privé du financement au bête motif que l’Etat n’a pas d’argent, c’est demander à des actionnaires privés de soustraire de l’argent destiné aux investissements, aux salariés, aux actionnaires... et à l’impôt. Ça ne crée pas de richesses supplémentaires, ça en soustrait de toute façon à la masse d’argent disponible... et aux impôts entre autres.
Une augmentation de la part de l’Etat dans le fonctionnement des Universités est de toute façon indispensable, ne serait-ce que pour des raisons de retard accumulé, on est redescendu au niveau du Ghana. Le privé et le public, pas le privé ou le public, il faudra bien qu’on le comprenne.
Qu’est-ce qui pourra décider des dirigeants à financer l’Université (on ne parle pas encore d’investir, ce qui est assez différent) ? En général, les sociétés recherchent à produire et à commercialiser des produits, qui ne sont pas toujours des produits basiques comme un fer à repasser ou une bagnole.
On peut donc imaginer des laboratoires de recherche universitaires décrochant des contrats « pour vivre », et financer d’autres activités moins « lucratives », ce qui est tout à fait envisageable, et qui d’ailleurs se fait déjà. Mais la redistribution se fera-t-elle ? Pas un mot dans la réforme Pécresse, le Président aura juste « plus d’autonomie ».
Plus globalement, et pour résumer, un Président d’Université utilisera-t-il une partie du juteux contrat MacDonald sur la saveur des hamburgers, pour financer une thèse de philosophie ?
Pourquoi pas ? Mais aussi, comment assurer que les matières « pour entreprise » ne vont pas cannibaliser les champs d’étude « hors du secteur marchand » ?
C’est ça le véritable enjeu de cette réforme, pas l’intervention du vilain privé dans les nobles Universités, comme on voudrait nous le faire croire. Mais de cela, pas un mot.