C’est amusant, parce que je pense avoir la même idée que vous, concernant les dames patronnesses, mais mon mail ne concernait pas la définition du mot : je m’étonnais que vous trouviez adéquat de l’employer pour qualifier l’auteur de l’article.
En effet, étant donné que cette dernière a sûrement été amenée à fréquenter les arènes pour se faire une opinion la plus objective possible, elle a dû y observer nombre de parents accompagnés de leurs enfants ; j’aurais tendance à considérer son témoignage comme révélateur de certains comportements d’adultes passionnés, tellement excités par l’objet de leur enthousiasme qu’ils en arrivent à croire que tout le monde ne peut que partager cet engouement. À tel point qu’ils ne peuvent plus voir ni accepter les réactions contraires à la leur, qu’ils les nient : elles leur semblent inimaginables.
Un petit enfant dépend entièrement de l’adulte parent : il préférera s’adapter aux goûts de celui-là (je ne parle pas de choix conscient, mais plutôt d’instinct de survie), quitte à se faire violence et à refouler ses propres émotions, plutôt que risquer de « perdre » l’attention - l’amour, l’approbation... - de son parent.
L’être humain est capable de s’adapter à tout, même à la souffrance de ses semblables (exemple extrême : les gardiens de camps), alors la souffrance d’un taureau... de la
rigolade ! L’enfant apprendra à la considérer comme normale, puis distrayante : il n’a pas le choix. C’est en cela que de tels spectacles (corridas, combats de coqs ou de chiens) sont dangereux pour les jeunes enfants et adolescents. Même s’il y a bien sûr bien d’autres choses susceptibles d’altérer la capacité d’empathie de l’être humain (empathie qui s’acquiert par l’éducation et l’exemple ; encore faut-il être persuadé de son utilité...). Car il s’agit de cela, me semble-t-il, et non d’« hypersensibilité », comme vous dites (ce terme, dans votre mail, me semble employé légèrement péjorativement) : je pense que l’auteur de l’article a réussi à devenir adulte en gardant une capacité d’empathie importante et, rien que pour ça, elle a toute ma sympathie ! Je préfère vivre dans un monde où on prête attention aux autres êtres et à leur souffrance, quitte à me priver de quelques spectacles...
Chacun voit midi à sa porte !