Les élections municipales sont souvent l’occasion de mouvements d’humeurs, de la part de ceux qui ne sont pas à une place espérée, de la part de ceux qui contestent les décisions de leur chef de file local, de la part de ceux à qui on a promis un meilleur poste...
Rien qu’à Paris, la liste UMP de Mme de Panafieu est confrontée à au moins 8 listes d’arrondissement UMP dissidentes... Quant au PS, on ne compte pas non plus les listes dissidentes et autres remous dans nombre de villes et fédérations. Il eut donc été surprenant que le Mouvement Démocrate, nouvellement créé, soit épargné par ces divisions locales, d’autant que la fusion entre anciens UDF et nouveaux militants a sans doute été perturbée par des élections internes fort peu à propos.
La situation de Lyon était donc prévisible : en l’absence de chef de file clairement reconnu, chacun a défendu à la fois ses idées et ses positions. A la "real politic" de Mr Mercier, soucieux de conserver un maximum d’élus au sein de sa fédération mais qui n’avait pas vu venir la chute de popularité de l’UMP, s’est opposé une vision plus risquée mais indépendante de nombreux militants. A cela s’est ajouté ce qu’Anne-Marie Comparini qualifie de "bulle psychologique" de la part d’un certain nombre de candidats, devenus soudainement imperméables à tout raisonnement logique.
Le MoDem n’en sortira pas gagnant sur cette ville, mais les difficultés rencontrées à Lyon ou à Strasbourg ne sont pas représentatives de l’ensemble : en raison de projections suggérant un scrutin serré dans de nombreuses villes, les listes ou candidats MoDem ont généralement réussi à négocier des positions avantageuses avec les listes modérées d’autres partis (à égalité entre droite et gauche), ou à présenter (dans plus de 70% des grandes villes) des listes autonomes qui péseront sur le second tour, voire seront en position de l’emporter. Le résultat final en terme d’élus devrait donc être assez satisfaisant pour le MoDem, ce qui représentait un défi difficile dans ce type d’élection avantageant les grands partis, permettra à ce parti de disposer d’un réservoir de candidats crédibles pour de futures élections nationales, et lui assurera un nombre de sénateurs sensiblement identique à celui dont il dispose actuellement.