Hier midi Mr Hubert Huertas disait en substance et avec semble-t-il un brin d’ironie, au journal de la Rédaction de France Culture : "C’est par pragmatisme que ceux qui fustigeaient hier l’idéologie des antilibéraux interventionnistes en appellent aujourd’hui à l’intervention de l’Etat pour les sortir de la crise."
Les contempteurs de l’interventionnisme seraient-ils devenus interventionnistes et idéologues par pragmatisme ?
J’ai fait le rapprochement entre ces deux thèses, celle de Jacques Généreux :
"Il n’y a pas de retour de l’Etat parce qu’il n’a jamais reculé. Son poids n’a pas cessé d’augmenter aux Etats-Unis. Simplement, il a changé de nature. Ce n’est plus un Etat-providence qui redistribue, c’est un Etat privatisé, au service des marchés, des profits. Il n’a cessé de donner plus de liberté à la finance, aux entreprises. Quand celle-ci débouche sur la crise, il doit intervenir en urgence."
Et celle de Frédéric Lordon :
"De quoi Ubu est-il fondamentalement la figure ? Du despote parasitaire. Avant l’Etat fiscal, il y a eu la servitude féodale… et après lui il y a la prédation actionnariale. …Quelle est la puissance despotique d’aujourd’hui qui soumet absolument le corps social et le laisse exsangue d’avoir capté la substance de son effort ? Certainement pas l’Etat – dont on rappellera au passage qu’il restitue en prestations collectives l’ensemble de ses prélèvements… – mais le système bancaire-actionnaire qui, lui, conserve unilatéralement le produit intégral de ses captations
Loin d’être contradictoires ces deux affirmations se confirment mutuellement dans la crise : ce que l’État devrait "restituer en prestations collectives ", il va le donner aux banques, afin de leur permettre de satisfaire la prédation actionnariale.
J. Généreux Frédéric Lordon