Siné scie sa branche
Principe : la liberté d’expression devrait valoir pour tous et pour tous les sujets, sinon ce n’est plus une liberté, mais un simple privilège.
Or personne ne défend la liberté d’expression pour elle-même, dans ses aspects politique et culturel.
Tout le monde (ou presque) invoque la liberté d’expression ... pour soi et les idées proches.
Ainsi Charlie Hebdo réclamant son droit à la caricature, tout en stigmatisant Pascal Sevran (1) avant Siné.
Siné n’échappe hélas pas à la règle ; dans le N° 6 de Siné Hebdo, paru le 15 octobre 2008, il scie sa branche et déclare ne pas être d’accord avec une "liberté intégrale". Il ajoute : "J’estime qu’on ne devrait pas laisser s’exprimer un certain nombre de fieffés enculés. Si on avait cloué la gueule quand il le fallait à Franco, Hitler, Mussolini, Salazar, Staline, Pol Pot (liste non exhaustive) notre monde actuel pourri aurait, peut-être, une moins sale gueule."
Propos bien naïfs ... Je ne vois pas qui pourrait incarner ce "on" tutélaire qui manierait la censure pour le bien de l’humanité. "Liste non exhaustive" : en effet, il faudrait y ajouter Marx, Mahomet et Jésus, pour le moins.
Depuis les Grecs, c’est de la discussion, de la confrontation, que jaillissent les lumières.
(1) Pascal Sevran a fait l’objet d’un procès médiatique à cause d’une phrase citée entre guillemets par Lionel Paoli (de Nice Matin), mais phrase qui ne figurait pas dans son livre. De même, on (BHL, je crois) a reproché à Renaud Camus un "trop de juifs" introuvable dans son Journal. Les censeurs sont de bien mauvais lecteurs, l’indignation remplaçant chez eux l’honnêteté. Dans l’affaire Dieudonné, il faut noter qu’elle avait démarré par un sketch qui avait fait rire Djamel Debbouze et le public de M6 ; c’est ensuite que Fogiel a joué les vierges effarouchées, Fogiel qui déclara à cette époque qu’il appartenait à la communauté juive et qu’il avait sa famille en Israël.
Bref, l’histoire des pseudo-défenseurs de la liberté d’expression se répète de façon amère.