Ce que ceux qui espèrent impatiemment Le Grand Soir ne semblent pas comprendre, c’est que les manifs et les grèves d’aujourd’hui n’ont plus rien à voir avec celles d’antant. Avant, les gens manifestaient pour faire changer le système, voire carrément le "faire péter" ; aujourd’hui, ils manifestent pour qu’on ne touche surtout à rien. Les petits bourgeois conservateurs ont remplacé les utopistes dans les cortèges, ce qui rend par définition nul tout risque que cela dégénère.
Par ailleurs, quand on voit la faune qui peuple désormais les manifestations, on se dit qu’il n’y a vraiment rien à craindre : des profs et des maîtres de conférences, qui ne prendront jamais le risque de mettre en péril leur petit train-train quotidien et qui sont de toute façon trop péteux pour devenir violents, et des fonctionnaires et employés de bureau en tous genres, qui ne sont pas vraiment des foudres de guerre non plus. On pourrait éventuellement compter sur les ouvriers, mais le fait qu’ils aient voté massivement pour Sarkozy il y a deux ans en se laissant embobiner par son discours au ras des pâquerettes nous suggère que les ouvriers d’aujourd’hui ont nettement moins l’esprit révolutionnaire que leurs aînés. Quant aux étudiants, il faut qu’ils demandent l’autorisation à leurs parents avant de faire quoi que ce soit alors la révolution, vous pensez !