Sans jamais essayer de
cacher son identité israélienne, et laissant toujours les Palestiniens
décider de ce qu’il faut faire et jusqu’où aller, Ezra fait maintenant
partie intégrante de leur communauté et a été accepté comme tel.
Michel Warschawski - AIC Jeudi 25 Juin 2009
A la fin des années 80 et courant des années 90, quand plus de 100
Femmes en noir
se rassemblaient à Jérusalem, chaque vendredi, pour manifester contre
l’occupation israélienne, il y avait aussi un homme. Un homme qui avait
l’habitude de venir et de remettre une rose à chaque femme, ensuite il
s’en allait. Cet homme, dont le nom est Ezra Nawi, ne ressemble pas aux
jeunes militants habituels de la classe moyenne que nous voyons dans
les manifestations anti-occupation, mais plutôt à un travailleur dont
les racines se trouvent dans le monde arabe. Ezra est plombier, et
bientôt, il deviendra le plombier de la gauche israélienne à Jérusalem.
De sympathisant, Ezra est devenu rapidement acteur, et
on peut le voir à chaque manifestation contre l’occupation, ainsi que
dans les quelques activités qui abordent les problèmes sociaux internes
d’Israël.
Au sein de ce que l’on
appelle le mouvement de la paix israélien, Ezra est atypique : il n’a
jamais créé d’ONG, il ne fait pas avec les financiers, et il ne va pas
à l’étranger faire des conférences ou des tournées de prises de parole.
En réalité, il finance ses activités de sa propre poche et quand il a
besoin de plus d’argent qu’il ne peut en gagner, Ezra a acquis une
grande efficacité pour motiver ses amis à aider de leur argent et de
leur temps ; parce qu’à cause de son exemple personnel, chaque jour et
chaque nuit, personne ne peut lui dire non, notamment quand, au milieu
de la nuit, Ezra vous demande de le rejoindre dans le sud du district
d’Hébron pour tenter d’assurer une protection à la population locale.
Le
sud du district d’Hébron est le champ d’activité principal d’Ezra, qui
aide la population locale à résister aux tentatives des forces
d’occupation de les expulser de leurs terres et de leurs maisons et
contre la violence des colons. Pour ces activités, Ezra a payé un prix
tribut : sa voiture a été défoncée, il a souvent été roué de coups et
la police l’a arrêté des dizaines de fois sous le prétexte de violence
contre les colons ou les soldats. Ezra parle couramment l’arabe, mais
c’est surtout sa personnalité qui fait que sa participation est
dépourvue de toute condescendance paternaliste : sans jamais essayer de
cacher son identité israélienne, et laissant toujours les Palestiniens
décider de ce qu’il faut faire et jusqu’où aller, Ezra fait maintenant
partie intégrante de leur communauté et a été accepté comme tel.
Et maintenant, les autorités israéliennes ont décidé d’envoyer Ezra en prison. Pas question !
Avec
Noam Chomsky, Naomi Klein et des centaines de militants israéliens,
palestiniens et internationaux, nous devons ériger un mur humain entre
Ezra et la prison. Citoyen Nawi
(un beau film sur Ezra Nawi) mérite le Prix Nobel de la paix
alternative, pas une peine de prison. « Alternative », car pour un
grand homme comme Ezra, ce serait un déshonneur de partager le prix
officiel après qu’il ait été décerné à des gens comme Henry Kissinger
et Shimon Peres.
Le dernier livre de Michel Warschawski : Destins croisés