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Vers un nouveau procès du « Gang des barbares » ?! Pourquoi il n’en fallait pas...



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Que l’on ne se fasse pas d’illusions ! Et tous les tartuffes de la conscience humaine non plus : ce pays sortira divisé et affaibli d’un nouveau procès Youssouf Fofana ; les rancœurs et les frustrations seront bien plus profondes encore, et plus tenaces, même si, après coup, elles peuvent avoir changé de camp.

 

Est-ce là l’objectif de ceux qui, sur ce procès, entendent jouer la carte du jusqu’au-boutisme ? Irresponsables à l’égo surdimensionné pour lesquels la société n’est qu’un vaste prétoire pour, l’index vengeur, au gré de l’actualité, une mise en accusation et en abyme de ces composantes ?

 

Et nul besoin de faire montre de beaucoup d’imagination pour désigner ceux qui, en particulier, feront les frais de ce qu’on doit bien appeler : un règlement de compte du type « communautaire » sous le couvert d’une soif inextinguible de justice que d’aucuns nommeront « acharnement judiciaire », à la racine duquel on trouvera une exacerbation identitaire (1) longuement murie, cajolée et entretenue, ainsi que l’ abandon, de la part des élites intellectuelles concernées par cette identité, de leur rôle émancipateur (2) au profit d’un tutorat vague et mou, démagogique et complaisant, ou bien, parfois, militant et franchement communautariste ; exacerbation dont personne n’a souhaité mesurer et interroger, au fil des ans, le caractère dommageable pour notre société et pour les intéressés eux-mêmes : frustrations (3) sans nombre face à la réalité « nationale » qui, elle, ne tiendra pas compte des particularismes communautaires, comme il peut nous être donné de le voir à l’occasion d’un procès devant une cour d’assises au jury populaire qui se gardera bien de rendre un verdict d’exception(4).

 

 

1 - Exacerbation-miroir d’une autre identité : arabo-musulmane, elle aussi, menacée par cette tentation à l’exacerbation ?

 

2 - l’Homme sera toujours plus que ce qu’il croit savoir sur lui-même qui n’est - le plus souvent -, que ce que l’on a daigné lui enseigner ou bien, ce qu’on lui a laissé espérer... pour lui-même.

 

3 – D’aucuns au moment de ce procès se sont revendiqués comme « militant juif » ! Qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire ? D’autres encore, sur le net, n’ont pas cessé de mettre l’accent sur le fait suivant : « …et qu’un juif c’est sacré… quiconque s’avise de lui ôter la vie n’a qu’un droit : celui de mourir… et les complices aussi, acteurs directs ou non de cette mort… » Ou bien encore, une fois rendus les verdicts : « On veut un autre procès. On veut que les coupables prennent les peines qu’ils méritent. »

 

4 - Nombreux sont ceux qui n’hésitent plus à parler, à propos de cette exacerbation identitaire et de son encouragement, de l’établissement d’un régime d’exception au service d’une politique délibérée de « deux poids, deux mesures » - double-pensée, double langage -, qui peut se résumer par cette formule Orwellienne : « nous sommes tous égaux mais certains le sont plus que d’autres ».

Il est tout de même surprenant que des intellectuels aient pu un seul instant (et aujourd’hui plus que jamais) penser que la création, dans notre société, d’un tel climat de suspicion propice à toutes les rancoeurs et à toutes les colères, même contenues, ait pu être considérée comme une option, et qui plus est, une option vivable, souhaitable et gérable sur le long terme. Ces intellectuels ne se seraient-ils pas laissé aveugler par leur propre exacerbation identitaire et leur désir de puissance, cessant du même coup d’être des intellectuels pour endosser les habits de propagandistes arrogants, sans considération aucune pour le ressenti de la communauté nationale ? Aujourd’hui, la preuve est faite : rien ne remplace l’intelligence quand il s’agit de penser, sur le long terme, « le bien-commun » car, la Culture, elle... n’aura été manifestement d’aucun secours à tous ces intellectuels.

 

 

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Aussi,

 

Il ne faudrait pas qu’au malheur d’une famille - malheur qui aurait dû pour une large part, rester dans la sphère de l’intimité familiale (5) -, ne vienne s’ajouter, au terme d’une exploitation éhontée et de son « développement » à un niveau sans commune mesure avec les enjeux dont ce drame était porteur, un second malheur, plus grand encore, qui lui, se répandra comme un cancer (6) : celui des affres d’une humiliation publique, sans distinction, d’une communauté tout entière au prétexte de lui enseigner, sans nuance, un anti-antisémitisme, passant à la trappe, comme pour mieux enfoncer le clou d’une crucifixion bête et irresponsable, l’anti-sionisme et le caractère plus que conjoncturel de cet anti-sémitisme (sans parler de son contexte social) qui, le plus souvent, exacerbé (encore et toujours l’exacerbation !) ne demande qu’à trouver sa résilience dans un rapprochement qui aurait, à leur endroit, pour ciment : la compréhension et la compassion.

 

5 – Malheur et douleur instrumentalisés ? Par qui ? A quelle fin ? Car, je ne peux pas croire un seul instant que la famille Halimi pense qu’un second procès qui verrait un tel ou une telle condamnée à deux ou cinq années supplémentaires puisse les aider dans leur deuil.

 

6 - Cancer silencieux, certes ! Mais dont l’effet boomerang ne cessera jamais, insidieux, d’empoisonner pour longtemps encore les rapports inter-communautaires ; et même si d’aucuns, forts de leur bêtise et/ou de leur cynisme, pensent pouvoir sans difficulté gérer cette tension supplémentaire ad vitam aeternam sous prétexte qu’il existe des précédents dans une autre région du monde en proie à un chaos méticuleusement et savamment organisé et orchestré ; cette tension que l’on nous promet ici et maintenant, n’en est pas moins intolérable et inacceptable ; et l’on ne se résoudra pas à ce qui nous est présenté comme une nouvelle fatalité.

 

 

*** 

 

 

Il serait temps que les leaders d’opinion de la communauté juive fassent preuve du courage nécessaire, qu’ils se lèvent, se dressent et hurlent : « Assez ! Justice a bien été rendue ! Ca suffit ! » et ce... afin de ne pas laisser le champ libre à des forces qui semblent n’avoir qu’un projet - conscient ou inconscient : éloigner de nous, jour après jour, tout espoir de construction d’une société apaisée, et pourquoi pas, un tant soit peu... authentique et con-fraternelle (à l’occasion).

 

Et puis, la sagesse n’est-elle pas toujours du côté de la lucidité, et la force, pusillanime, du côté de l’intelligence, de la Culture, du talent, et parfois même, sinon souvent, du génie ?

 

Nul ne peut ni n’osera croire que toutes ces qualités aient pu déserter, année après année, subrepticement, et pour son malheur - et le nôtre, par ricoché -, la communauté juive de France. 

 

Ou bien alors…

 

 

 


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