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Christian Delarue Christian Delarue 20 juillet 2009 19:24

CES HOMMES QUI TENDENT VERS L’EGALITE DE GENRE

On pourrait dire que ces paroles ne sont que des paroles et qu’elles n’ont aucun effet. C’est mal connaître l’influence de la répétition de tels messages sur la jeunesse. Si certains y sont insensibles, d’autres l’adoptent ce qui n’est pas rien en terme de dégradation de l’image de la femme mais en plus passent à l’acte : Donc ils « marietrintignent » eux aussi (1). L’ensemble est à combattre. Sans attendre le passage à l’acte. « Sale pute » est adressé très massivement aux femmes et plus rarement aux hommes et dans ce cas l’insulte n’a pas la même portée de violence pour les raisons que je vais développer plus bas. Le dire à un homme resterait néanmoins une injure sexiste. Il arrive que le terme soit employé dans un autre sens, de femme à femme (2) mais dans l’immense majorité des cas il reste une injure et une injure sexiste. L’équivalent sous forme raciste le mènerait devant les tribunaux. "Sale noir" à un noir en présence d’un antiraciste convaincu signifie plainte pour injure raciste. Par ailleurs il dit :

Autre chose concernant le passage de l’antiracisme à l’antisexisme. Les hommes peuvent vouloir l’égalité de genre à condition d’être sensible à la dureté de la domination masculine sous plusieurs angles. Ici il s’agit de la voir, en altermondialiste mais aussi de façon particulière en homme féministe. Ce dernier point ne signifie pas absence de contradictions. Deux aspects sont alors à souligner brièvement : l’aspect planétaire du sexisme et l’aspect nuisible pour les hommes eux-mêmes.


1) La domination masculine est transnationale et mondiale.

Elle accompagne la marchandisation du monde ainsi que le "retour du religieux" patriarcal le plus barbare. La marchandisation n’est pas que celle des biens et services « ordinaires », c’est aussi la marchandisation des corps de femmes surtout avec le développement de la prostitution et de la pornographie (3 ). La marchandisation, c’est aussi celle de la force de travail salariée qui s’est étendue sur la planète. Les firmes transnationales en croissance d’implantation ont nécessairement apporté avec leurs structures les rapports sociaux de classe capital-travail, rapports sociaux qui sont très défavorables aux travailleuses, beaucoup plus qu’aux travailleurs masculins. C’est un aspect souligné par les féministes altermondialistes (4). Ces dernières sont pourtant divisées sur l’appréciation de cette domination et donc sur les modalités du combat (5) . On retrouve ici les débats sur l’hypersexisme dans certains Etats islamiques qui ne sont pas absents dans les autres pays y compris ceux ou les droits des femmes sont les mieux soutenus. Orelsan est un exemple. Mais le point d’accord entre ces féministes est souvent effacé : il n’y a pas que le clivage campiste du « choc des civilisations » (Occident contre Orient) ou celui de l’impérialisme multiforme du nord pour expliquer la domination dans le monde. A la lutte des nations coalisées s’ajoute la "lutte de genre« , la »guerre des sexes". Là, la domination masculine s’exerce partout, dans le travail et hors travail.

*Dans le travail, les femmes connaissent les formes les plus flexibles et les plus précaires et ce dans quasiment tous les pays de la planète, y compris là ou elles sont le mieux traitées. Les statuts des fonctions publiques des administrations subissent aussi l’influence négative du privé mais ils restent les plus protecteurs des garanties des personnels. Le temps partiel y est en général non imposé mais demandé. La demande est cependant le fait massif des femmes, ce qui signifie une contrainte masquée qui est celle de l’éducation des enfants et de l’entretien domestique. On retrouve la question centrale du féminisme : le partage des tâches domestiques. Il y a là des rapports de force variables allant du mauvais partage au refus catégorique. Avec la crise, cette question devient cruciale car ce sont les femmes qui sont renvoyés massivement au foyer avec la perte d’autonomie financière qui en découle mais aussi, comme souligné, le très défavorable partage des tâches qui outre le fait inégalitaire injuste en soi, les empêchent aussi de sortir seules et pour leurs propres plaisirs.

*Hors travail, dans les quartiers ou au foyer la domination perdure sous des formes plus ou moins violentes. Opprimer les femmes, c’est les voiler, les enfermer pour cacher leur corps, pour empêcher la relation avec la part variable mais obligatoire et irréductible de séduction (6) C’est aussi plus radicalement encore leur ôter le pouvoir de jouir par la coupe du clitoris. Il y a aussi les mariages forcés et la lapidation (7). A l’hypersexisme se combine le sexisme ordinaire. De façon plus subtile, c’est le formatage par l’éducation - notamment religieuse mais pas seulement - qui les inclinent à une vie repliée sur la famille et les enfants, hors de toutes rencontres libres ou elles veulent comme elles veulent. C’est aussi dans le même temps les violer, les prostituer.

Le paradoxe de la domination masculine est d’une part d’interdire à une majorité de femmes tant au nord qu’au sud les rencontres sexuelles multiples sous la forme libre et d’autre part et dans le même temps d’imposer la forme prostitutionnelle à une minorité d’entre elles. Plus l’interdit sexuel est fort plus le recours prostitutionnel est prégnant. Le paradoxe n’est pas sans explication : les hommes même influencés par les prescriptions religieuses, tiennent à leur liberté sexuelle et à leur plaisir. Il aménage donc avec plus ou moins de facilité la morale dominante pour autoriser cette liberté sexuelle tout en l’interdisant aux femmes. C’est ce décalage qui explique fondamentalement le paradoxe de la domination masculine dans ce champ de la vie relationnelle. Cette articulation systémique entre les deux éléments du paradoxe de la domination et le désir masculin n’est pas communément soulignée. Elle est pourtant source de contradictions fortes qui mènent à l’impasse. L’ impasse est celle de la distanciation généralisée entre hommes et femmes car la violence masculine génère une réponse réactionnelle de type victimaire à défaut de réponse féministe.

2) Cette domination est nuisible pour les hommes.

Mais elle n’est pas perçue spontanément. Quand elle devient tangible par l’expérience relationnelle, ils peuvent alors la changer même si des résistances subsistent. Les féministes disent souvent à raison que ce changement intervient sous la pression. Mais un autre facteur intervient que l’on ne saurait sous-estimer : l’expérience du partage du plaisir charnel réciproque et égalitaire entre individus libres à l’heure ou la divagation sexuelle est relativement autorisée sous réserve des précautions sanitaires élémentaires.

Revenons au paradoxe de la domination masculine et à son implication : La différence entre le l’homme et la femme c’est que cette dernière connaît massivement l’expérience du viol et de la violence. Il arrive que les hommes la connaisse aussi mais c’est exceptionnel. Ce n’est pas pour eux une expérience collective qui structure leur mode d’appréhension du monde comme chez de très nombreuses femmes. Cette expérience-là empêche de bonnes relations entre les hommes et les femmes. Pourtant tous les hommes ne sont pas des salauds. Certains connaissent la joie du partage d’une intimité libre avec des femmes. Cette expérience-là les poussent à remercier leur partenaire et à promouvoir l’égalité et la réciprocité relative qui permet l’épanouissement de tous et toute et donc une partie importante de l’émancipation des contraintes qui pèsent sur les femmes. Cette expérience pousse à l’acceptation du partage des tâches et à la « libre circulation » des femmes dans la sphère relationnelle intime.

Christian Delarue

1) « Mais ferme ta gueule ou tu vas te faire marietrintigner ».

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article744

2) Réponse aux « voilés » : Nous sommes tous et toutes des putes ! concerne les insultes des musulmanes voilées contre les femmes non voilées ou habillées légèrement.

http://bellaciao.org/fr/spip.php?article55483

3) La pornographie ce n’est pas que les photos de femmes nues ou les films « soft » tard le soir (jadis) sur TV6, c’est aussi et surtout une violence quotidienne et répétée à leur encontre.

4) Crise du capitalisme et renforcement de l’oppression des femmes. J.Falquet

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article722

4) Le relativisme culturel face à l’emprise du religieux .
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article728

6) Voile islamique et séduction.

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article298

7) Retour hypersexysme : 5000 femmes lapidées pour l’honneur.

http://bellaciao.org/fr/spip.php?article65122


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