C’est vrai, très beau texte.
« Et ils sciaient les branches sur lesquelles ils étaient assis, tout en se criant leurs expériences l’un à l’autre pour scier plus efficacement. Et ils chutèrent dans les profondeurs. Et ceux qui les regardaient hochèrent la tête et continuèrent à scier vigoureusement. » Bertold Brecht.
Dans son histoire, ce salarié pourrait aussi raconter comme il a applaudi la mise en place de la participation, des primes sur objectifs, accepté que des primes remplacent des augmentations de salaire, défendu les syndicats qui défendaient l’indéfendable jusqu’à perdre toute crédibilité, ou au contraire applaudi à la création des coordinations (Ah les infirmières !) qui ont fait exploser la cohésion sociale, applaudi aussi à la « modernisation » des autres entreprises du moment qu’il n’était pas concerné, râlé contre les grévistes de la SNCF ou autres, ces faignants, sauté sur les prix bas des produits fabriqués par des enfants, voté pour Maastricht, voté pour le PS ou le RPR / UMP, acheté des actions des sociétés privatisées et devenir alors un de ces actionnaires qu’il ne supporten plus maintenant que c’est lui qui doit payer la facture, etc .....
Beau texte sur la lâcheté, la fuite en avant, la décérébration volontaire, l’individualisme, la dépolitisation, le refus de voir plus loin que le bout de son capot, de sa télé, de son téléphone portable... et lorsqu’on se retrouve vraiment dans l’ennui, le refus de ses responsabilités. C’est la faute aux autres, rien qu’aux autres (surtout à ces jeunes crétins de consultants !).
Bref, à l’échelle d’un individu, une magnifique glorification du libéralisme : privatisation des avantages et nationalisation des contraintes.