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JC. Moreau JC. Moreau 25 octobre 2009 17:54

@ Wesson

Un bref rappel des deux acceptions les plus courantes du mot « état » selon Le Petit Larousse : 1°- « Manière d’être physique ou morale d’une personne » ; 2° - « Situation d’une personne au regard du droit, de la religion ».
Inutile donc de m’en retourner à la distinction entre l’inné et l’acquis pour affirmer que selon les termes de votre discours, « être communiste » est bien un état au sens où il s’agit de la condition d’une personne au regard de certains critères d’opinion, le premier d’entre eux étant « de se réclamer de la pensée communiste ». En résumé, l’ « état de communiste » auquel je fais allusion procède de l’adhésion à la critique du capitalisme et à la ligne politique du Parti.

Or, le poème de Guy Môquet à partir duquel vous entendez démontrer son engagement dans la résistance ne contient rien de plus que les slogans du PCF en vigueur à l’époque, et témoigne au-delà d’un état d’esprit politique propre à cette époque : on pouvait bien s’accommoder de l’occupant si cela permettait d’imposer son modèle politique. Sur ce point, la direction du PCF n’était pas différente durant les « années sombres » de celle des partisans de la France vichyssoise : l’opportunisme politique, la perspective de tirer profit du statu quo prévalait sur la résistance contre l’occupant.

Ensuite, si l’on suit votre argument selon lequel la seule interdiction du PCF octroyait de facto à tous les communistes le statut de « résistants », encore faudrait-il se montrer clair sur ce à quoi ils résistaient... Et expliquer en ce cas comment on pouvait être résistant tout en acceptant la collaboration avec l’occupant, à l’instar d’un Auguste Lecoeur.

Enfin s’agissant de votre formule « si en 39-45 vous vouliez être communiste, alors il fallait être résistant », il faudrait également expliquer pourquoi les tractations Maurice Tréand et Otto Abetz avaient reçu l’aval de Duclos et de Moscou [Source : Roger Bourderon, Mai-Août 40 : de Paris à Moscou, les directions du PCF au jour le jour, Cahiers d’Histoire de l’IRM, n°52-53].

S’agissant de votre comparaison avec l’Iran... Sauf nouvelle de dernière minute, l’Iran n’est pas occupé par une puissance étrangère, et la partie de sa population qui conteste le régime actuel a pour cela des raisons qui lui sont propres (au-delà donc des intérêts que certaines puissances étrangères peuvent avoir à renverser le régime en place). À l’inverse, dans la situation de la France en 39-40, le pays était occupé par une puissance étrangère, et les dirigeants communistes qui se refusaient alors à inciter au soulèvement contre l’occupant tenaient leur ordre d’une autre puissance étrangère, et ce contre l’intérêt même de la population française.

Un dernier mot enfin sur cette idée selon laquelle après le seul fait que le PCF ait été déclaré illégal, tout communiste devenait nécessairement résistant... Considéreriez vous aujourd’hui que, si la France venait à être occupée et qu’un régime de collaboration ressurgisse, les membres de groupuscules interdits tels que le GUD ou la Tribu KA devraient être considérés eux aussi comme des « résistants », du seul fait qu’ils continuent dans un tel contexte à se réclamer des mots d’ordre de ces mouvements ?
 


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