"Scandaleux sans savoir pourquoi,
(Peut-être que c’était trop beau)
Mais notre couple restait coi
Comme deux bons porte-drapeau,
Coi dans l’orgueil d’être plus libres
Que les plus libres de ce monde,
Sourd aux gros mots de tous calibres,
Inacessible au rire immonde."
Paul Verlaine, La Cravache parisienne, Journal Littéraire, Artistique et Financier, 29 septembre 1888. [Repris dans Parallèlement, 1889].
Tous les progrès pour la laïcité et l’acceptation de l’homosexualité ont été dus à l’éducation et à une argumentation solide et valable. L’éducation par l’argumentation est toujours à recommencer pour les nouvelles générations. Quels progrès depuis la loi Halde et la notion inepte de « propos discriminatoires », sinon l’exaspération bien compréhensible de gens avec lesquels on renonce à discuter, qu’on traite en ennemis à la façon stalinienne, qu’on soumet à une police de la parole. Tout cela pour aller perdre en cassation ... (arrêt Vanneste du 12 novembre 2008)
Les religions sont en général hostiles à l’homosexualité, mais dans une société pluraliste, sauf à revenir sur la liberté religieuse, il n’y a pas d’autre choix que la confrontation et le débat contradictoire. L’exemple des totalitarismes du XXe siècle devrait suffire à nous faire écarter d’utiliser les méthodes de ces totalitarismes.
« Interdire l’expression du racisme, c’est tout simplement militer pour le refoulement, pour le secret, le renfermement et la conspiration. Et à terme, pour plus d’attentats, plus de meurtres. »
Serge July, « La liberté d’expression des racistes », Libération, 24 novembre 1978. On peut en dire tout autant de l’expression de l’homophobie.
« Chacun de nous est libre de critiquer ou d’approuver l’homosexualité, chacun est libre de choisir ou de ne pas choisir tel ou tel comportement sexuel. »
Robert Badinter, Sénat, séance du 5 mai 1982, Journal Officiel [Débats Sénat], p. 1634. [email protected]
« Citizens have the right to complain about discrimination against themselves, but not about dissent, even strongly worded, impolite dissent, from their thoughts. »
Salman Rushdie, « A platform for closed minds », The Guardian, 28 septembre 2002.
Autant il faut réprimer les discriminations effectives (emploi, logement) et les agressions, autant il faut libérer la parole et maintenir une vie intellectuelle qui fait partie de notre identité nationale et qui seule permet le progrès de civilisation.