Ma fille aînée qui vient d’entrer en sixième dans sa petite ville préfecture a eu le choix entre deux options pour sa première langue étrangère. Soit l’anglais, quatre heures par semaine. Soit l’anglais et l’allemand, conjointement, à raison de trois heures par semaines.
Impossible effectivement d’échapper à l’anglais qui constitue un passage obligatoire.
Oui, donc de fait nous sommes dans une situation - et elle est fréquente - où l’anglais est imposé. Cet état de fait est bien connu en particulier du monde enseignant, et j’ai du mal à croire ne serait-ce qu’ils feignent de le découvrir que maintenant.
Car au fond cela peut se comprendre aisément. L’éducation nationale étant tributaire des moyens qu’on lui donne, elle ne peut malheureusement pas offrir le luxe d’une première langue à la carte dans tous les collèges, ne serait-ce que dans un panel restreint. Le minimum en langue vivante est donc offert au travers de l’anglais pour tous. Ca procède d’ailleurs d’une certaine logique, dans la mesure où c’est la plus demandée, y compris par les parents eux-mêmes, et pour cause, puisque l’anglais est devenue langue véhiculaire mondiale.
On imagine le tollé que ce serait si dans un collège, on décidait d’imposer une autre langue en première langue vivante.
Cet effort consenti en faveur de l’anglais ne me choque donc pas dans son principe. De même un éventuel débordement de l’anglais dans les autres matières, en vue d’acquérir un minimum de vocabulaire spécifique, tant que l’enseignement de la dite matière n’en pâtit pas.
Non, finalement la question qui se pose c’est où se situe la limite entre d’une part la démarche légitime de vouloir donner un niveau minimal en anglais en tant qu’ouverture sur le monde, et d’autre part l’acharnement à vouloir absolument faire de nos lycéens des anglophones...
Car le système scolaire peut procurer le moyen de savoir tenir une conversation simple en anglais (ou dans un pseudo anglais) au moyen d’un clavier, d’une plume ou d’un crayon, ou encore déchiffrer un mode d’emploi ou une notice technique, lire un article de journal. Par contre dès qu’on aborde le langage parlé, ça coince. Le magnétophone à cassettes de la prof d’anglais a ses limites. Si on veut aller au delà, tout de suite c’est labo de langue, stage d’immersion, cours avec des natifs... Et ce n’est plus du tout le même investissement.
Je rejoins Krokodilo sur ce point : il est totalement démagogique de laisser entendre aux parents que les bacheliers parleront couramment anglais à la fin de leur cursus. Pas à moins d’un effort insoutenable pour le contribuable, en tout cas. De fait, ceci n’aura pas lieu, sans même parler du contexte budgétaire actuel.
Oh, bien sûr, je ne doute pas que certains établissements sauront procurer à une élite, qu’elle soit définie en termes d’argent ou de talent, un niveau d’anglais totalement acceptable pour tenir un rôle dans la minorité d’emplois où un niveau de bilingue sera nécessaire.
Maintenant, de là à tirer à boulets rouges (sic !) sur l’anglais vecteur de l’impérialisme américain, il y a un monde. L’enseignement de l’anglais est un atout, que le contribuable doit offrir à tous, à un niveau minimal. Tout simplement parce que l’anglais occupe la place qu’il occupe, et pas forcément pour prêter allégeance à l’envahisseur culturel.
Libre ensuite à chacun, dans le cadre de sa scolarité, d’approfondir la langue, ou une autre, ou plus, et de partir à la découverte d’autres cultures. Ca sert à ça aussi, d’apprendre les langues.