L’auteur pointe un élément intéressant du paysage politique français actuel, l’apparente déconnexion entre la popularité de François Bayrou et celle du MoDem.
Contrairement à Pierre JC Allard, je ne pense pas que Mr Bayrou soit éliminé de la course à 2012. D’abord parce que les français apprécient que leurs représentants aient une stature et expérience notable pour le poste de président de la république (on est rarement « brulé » en politique française), ensuite parce que Mr Bayrou sera sans doute le seul à représenter un courant de pensée important (le centre démocratique et pro-européen) à l’élection présidentielle de 2012, et enfin en raison de la déliquescence du PS.
En terme de personne, Mr Bayrou a su imposer son opiniatreté et démontrer sa solidité malgré les vents contraires, et en terme d’espace politique, l’écologie ne sera sans doute pas représentée de façon crédible en 2012, et seul Dominique Strauss Kahn peut affecter son ambition de réunir sur sa candidature la gauche modérée. Les chances de voir Dominique de Villepin ou DSK se présenter me semblent faibles, faute de volonté et de parti. F. Bayrou devrait donc continuer à disposer d’un espace politique important en 2012, et il a prouvé être un candidat avisé.
Le cas du MoDem est effectivement différent, et je rejoint là partiellement l’avis de Pierre JC Allard : ce parti souffre d’un double handicap.
Tout d’abord, en terme purement organisationnel, il n’a pas de personnalité à sa tête : F. Bayrou est incontesté au MoDem, mais ne peut vraiment agir en chef de parti, à la fois parce que ce n’est pas sa tasse de thé, et parce que son ambition de rassemblement dépasse largement celle d’un parti. Il manque donc une personne qui puisse se consacrer à structure ce parti, d’où ses remous constants.
Ensuite parce que son positionnement indépendant lui est très défavorable électoralement parlant. Faute d’alliance claire, ce qui lui serait aussi néfaste, il est contraint à un coup par coup qui brouille son image. Et les scores modestes qu’il a obtenu ont des effets très négatifs sur son nombre d’élus de marque, et donc sur sa crédibilité électorale. C’est sans doute la raison pour laquelle sa stratégie a évoluée vers celle d’un rassemblement anti-UMP de second tour, mais cette stratégie heurte un électorat centriste repoussé par l’idée d’un accord avec un PS plus boulet qu’allié. Et la stratégie gagnante d’Europe Ecologie, qui a su s’ouvrir au delà d’un parti Verts étriqué, lui réduit encore un peu plus l’espace politique dans lequel il pouvait se mouvoir.
Le MoDem est donc condamné à attendre le succès de son chef : victorieux, F. Bayrou pourra transformer le MoDem en grand parti démocrate suivant l’effet classique d’attraction du vainqueur, et ainsi concrétiser la transformation du paysage politique français en 3 groupes majeurs, droite conservatrice, démocrate progressistes, et gauche antilibérale. Défait, et le MoDem devra sans doute se refondre dans l’un des deux groupes majeurs ou vivoter en attendant la fin du Sarkozysme.
A court terme, aux élections régionales, il est donc peu probable que le MoDem dépasse de beaucoup son score de base, autour de 10%. Mais cette limite fera de lui soit un allié incontournable, voire un parti indépendant et visible, soit une force d’appoint limitée.
Pour François Bayrou, l’enjeu en matière de soutiens est important pour 2012.