Bonjour,
Votre conclusion résume effectivement bien votre posture : « si nous voulons que la France reste un pays laïque et pensons que cette laïcité qui favorise le développement de l’athéisme est bonne pour nos semblables, à partir du moment où l’on considère que la religion est bien davantage une source de malheur que de bien pour l’homme, nous devons aller dans le sens de lois qui bannissent toutes les formes de manifestation de la puissance coercitive religieuse. » Mais cette posture n’est pas « laïque », ou, plus précisément, puisque la laïcité n’est pas une marque déposée, n’est pas conforme à la « laïcité canal historique », celle exprimée aux Etats Unis par le 1er amendement (le « mur de séparation » entre religion et Etat de Thomas Jefferson) ou par les principes (articles 1 & 2) de la loi du 9 décembre 1905 pour ce qui nous concerne. La laïcité, telle qu’elle est à comprendre dans nos constitutions, est la liberté de conscience (incluant donc la liberté religieuse mais ne s’y limitant pas), y compris la liberté d’expression (sans laquelle l’affirmation de liberté de conscience n’aurait aucun sens ; le 1er amendement fait d’ailleurs explicitement le lien), garantie par l’absolue séparation entre religion et Etat. Votre revendication de lois explicitement antireligieuses (puisque freinant la liberté d’expression religieuse, même l’ordre public n’est objectivement pas menacé) est de toute évidence contraire à la conception historique, que je fais mienne, de la laïcité institutionnelle. Vous préconisez un « Etat athée » et non un « Etat laïque », ce qui n’est pas la même chose, et est selon moi aussi critiquable qu’un Etat théocratique.
Pour résumer, les trois piliers sur lesquels est fondée la laïcité institutionnelle telle que je la défends sont :
-
la liberté de conscience
-
l’égalité de traitement de tous les citoyens
quelles que soient leurs convictions ou leurs options spirituelles
-
la visée de l’intérêt général comme seule raison
d’être de l’Etat.
Les citations que je préfère et qui illustrent bien ce qui nous sépare sont que « les opinions des hommes ne sont pas l’objet du
gouvernement civil, ni de sa compétence » (Jefferson) et que « le gouvernement
n’a pas l’ombre d’un droit de se mêler de religion. Sa plus petite interférence
serait une usurpation flagrante » (Madison).